Nantes, le péril jaune

L'ancien entraîneur toulousain saura-t-il remettre dans le bon sens le club nantais ? - -
Cette saison, Waldemar Kita avait un rêve. Un rêve de grandeur, masqué derrière l’habituel discours de façade, à savoir, une place d’honneur au terme de la saison 2008-2009 de Ligue 1. Vu le recrutement réalisé par le président canari durant l’été (Abdoun, Alonzo, Gravgaard, Klasnic), difficile en effet pour le nouvel homme fort du FCN de se cacher. L’ennui, c’est qu’après quatre journées de championnat, le rêve a pris fin. Ou plus précisément est tombé à l’eau. Nantes est bon dernier de la classe et n’a enregistré qu’un maigre petit point pour le moment. Pis, les recrues supposées amener un plus au club ont déçu. Soit par malchance (Abdoun out deux mois), soit par maladresse (Gravgaard), soit par impuissance (Klasnic), à tel point que même certains artisans de la montée en L1 sont sur la corde raide (Heurtebis, Babovic). Cela fait beaucoup.
L’argent ne fait pas tout
Beaucoup trop ? Délicat de le dire après seulement quatre matches de championnat disputés sur le pré. Mais le parallèle avec un passé récent du côté de la Jonelière est beaucoup trop voyant pour ne pas être évoqué. Il y a deux saisons, Nantes plongeait en L2, plombé par un effectif inégal en terme de qualité et incapable d’afficher un esprit de corps, un discours sportif flou, très flou (n’est-ce pas M. Rudi Roussillon) et, enfin, un recrutement tape-à-l’œil (Wilhelmsson, Saïdou, Boukhari, Barthez, etc…) mais improductif sur le simple plan comptable des résultats. Le parallèle est là, pas besoin d’aller voir plus loin. Et la peur d’un nouveau scénario sombre pour la Maison Jaune est de mise.
Si les Nantais ont finalement réussi à trouver leur perle rare en la personne d’Elie Baup, la venue de l’ancien champion de France (avec Bordeaux en 1999), ne suffira pas à elle seule pour assurer le redressement d’un club en proie au doute, aussi bien qu’en dehors du terrain. Le licenciement de Michel Der Zakarian va laisser des traces, c’est certain. Le discours employé par Kita pour expliquer son geste également. Le président canari ne cesse de le répéter : c’est lui qui paie. Le problème en football, c’est qu’hélas, aligner les euros ne suffit pas toujours. Aujourd’hui, Nantes doit composer avec un effectif au sein duquel « tous les joueurs ne parlent pas anglais » comme l’a rappelé avec soin son président. Le plan de jeu est à revoir, Klasnic s’ennuyant ferme à la pointe de l’attaque jaune et certains esprits canaris ont besoin de changement et de résultats positifs pour retrouver la pleine possession de leurs moyens.
Moins de pouvoirs pour Kita ?
Prendre Baup, un élément qui n’a jamais franchi les portes de la Maison Jaune ni en tant que joueur ni en tant qu'entraîneur, est un choix radical, assumé d'ailleurs par les dirigeants nantais. Leur volonté ? Trancher avec le passé pour mieux rebondir à l’avenir. « Le FC Nantes des Choristes est terminé » comme l’a précisé dans les colonnes de l’Equipe Pascal Praud, le directeur de la communication du FCN. C’est donc une nouvelle ère qui débute du côté de la Jonelière. Oui mais sous quel aspect ? Certains doutes subsistent sur la capacité de Waldemar Kita à ne pas se mêler du sportif. Des doutes exprimés par Laurent Guyot, actuel patron du centre de formation du club et une des solutions internes à un moment envisagée par le staff nantais.
« Plutôt que de rentrer dans un jeu de poker menteur, mieux vaut ne pas rentrer dans le jeu. Si je m'occupe d'une équipe pro, je suis le seul responsable de la composition d'équipe et du travail tactique, physique, technique et psychologique. Je veux être le seul décideur, il n'y a rien d'original là-dedans. Un entraîneur digne de ce nom veut fonctionner comme ça ». Du côté de la Jonelière, tandis que les uns mettent à l’écart les autres (Babovic exclu du groupe professionnel… par ses propres coéquipiers), certains veulent, promis, juré, se racheter une conduite. Selon l’Equipe, Kita serait prêt à réfréner sa nature profonde et à laisser à Baup la pleine gestion du cadre sportif.
« Le président a effectivement dit à Elie : Vous ferez jouer qui vous voulez comme vous voudrez », affirme dans les mêmes pages Pascal Praud. Un vieil adage dit pourtant : « Chassez le naturel, il revient au galop ». En attendant de voir si les bonnes résolutions d’un été seront celles de toute une saison, Nantes se paie une crise majuscule. Si le dernier club à avoir ravi le championnat de France avant l’hégémonie lyonnaise souhaitait rapidement refaire parler de lui, c’est désormais chose faite… bien que ce ne soit pas exactement le retour parmi l’élite que rêvaient ses nombreux supporters. Charge désormais à Elie Baup de sauver un monument à nouveau en péril et déjà dans l’obligation de gagner. Vite. Pour ne pas voir le FCN retourner aussi sec au purgatoire.