Niang, l’ancien magasinier devenu serial buteur

- - -
« Si Niang avait joué avec nous… » L’entraîneur de Nancy, Pablo Correa, n’a pas besoin d’en dire plus. En football, les plus beaux compliments se trouvent souvent dans le discours de l’adversaire déçu. Difficile de dire autre chose après le triplé retentissant inscrit par le Sénégalais dimanche soir. Le premier de sa carrière en L1. La totale. D’abord la tête. Puis le pied gauche. Et enfin le droit. « Ces trois buts sont aussi le fruit des superbes passes de mes partenaires. La victoire de l’OM n’est pas seulement due à mes performances… » Il est comme ça Mamadou Niang. Jamais à tirer la couverture vers lui. Même lorsque ses statistiques disent le contraire : il est aujourd’hui le meilleur buteur de L1.
« Il marque énormément de buts en comparaison avec le nombre de matches qu’il dispute, appuie Didier Deschamps. C’est une valeur forte de l’équipe. Il a toujours été très efficace depuis quatre ou cinq saisons. » En 2009-10, Niang, c’est ça : 14 buts en 20 matches de L1. Dix-sept toutes compétitions confondues (2 en Coupes d’Europe, 1 en Coupe de la Ligue). Six lors de ses quatre derniers matches avec l’OM. Deux passes décisives. Et la quasi-assurance, à chaque fois qu’il ouvre le score, d’assurer le succès des siens. Sur les 11 matches de championnat durant lesquels " Mamad’ " a trouvé le chemin des filets, l’OM n’a perdu que deux fois et concédé un nul. Vous avez dit indispensable ?
Magasinier dans un supermarché
A 30 ans, l’international sénégalais est au sommet de son art. Qu’il est loin le temps où son manque de réalisme devant le but faisait rire la moitié du Vélodrome, et grimacer l’autre. Les années-galère dans son quartier havrais de Caucriauville, d’où sont également sortis son pote Diawara et Vikash Dhorasoo, le renvoi du centre de formation du Havre pour une histoire de vol, les réveils tôt le matin quand il était magasinier dans un supermarché, les débuts douloureux de footballeur à Troyes, les passages à Metz et à Strasbourg… autant d’étapes fondatrices pour ce joueur au parcours atypique et au caractère bien trempé.
La gamberge, le doute, Mamadou Niang a appris à les relativiser. Comme un hypothétique statut de meilleur buteur de L1 dont il truste le classement aujourd’hui. « Je ne me fixe pas d’objectif personnel. » Même s’il râle beaucoup sur le terrain, il ne se "prend pas la tête". Justement. En bon capitaine, c’est précisément le message qu’il souhaite passer à ses camarades. « On arrête de calculer. On fera les comptes en fin de saison. Le titre, c’est une pression inutile que l’on se met sur les épaules. » Aborder les matches les uns après les autres. Avec sérieux. Tout en restant relax et sans s’embraser devant la moindre brindille… Voilà une idée à creuser pour un OM sensible à la moindre rafale.