RMC Sport

Nicollin : « La Paillade… c’est ma fille »

-

- - -

Après trente-cinq ans de présidence, animé de la même passion, Loulou n’envisage pas de raccrocher et rêve dès cette saison de soulever la Coupe de France.

Louis Nicollin… Montpellier en L1, cela faisait cinq ans que vous attendiez cela. A force d’attendre, vous n’aviez pas fini par arrêter d’y croire non ?
Ecoutez… après les matches de Lens et de Nîmes, je ne pensais vraiment pas qu’on pourrait le faire. Et puis il y a eu cette finale face à Strasbourg. Ce qui m’a le plus impressionné, c’est de voir 30 000 supporters nous soutenir au stade de la Mosson. D’ordinaire, on fait 30 000 quand Marseille vient et ce sont 30 000 supporters marseillais. Là, il y avait certes des Strasbourgeois mais une forte majorité de Montpelliérains.

Dans quel état d’esprit attaquez-vous cette saison parmi l’élite ?
De façon très décontractée. Le 8 août, ce sera une grande fête avec la réception du PSG. Je pense qu’ils vont en prendre quatre. Oui, je vois bien les Parisiens passer à la trappe chez nous. Je vois déjà Antoine Kombouaré motiver ses joueurs avec mes propos (rires)… je plaisante bien sûr.

Vous rêvez de quel parcours pour vos joueurs la saison prochaine ?
Qu’ils finissent dans les dix premiers. Et qu’ils gagnent une Coupe. La Coupe de France de préférence. Ça fait longtemps qu’elle ne nous a pas souri (la dernière date de 1990, ndlr). C’est fabuleux d’avoir toute une ville, toute une région derrière soi. On en a eu déjà un petit aperçu avec la « finale » face à Strasbourg…

C’est une Ligue 1 probablement plus forte que celle vous aviez connu qui se présente devant vous. Ça ne vous fait pas peur ?
On parle tout le temps de l’Espagne, de l’Angleterre, de l’Italie. Mais parfois, en regardant certains de leurs matches, je me suis fait chier. Moi, je trouve qu’on a un bon championnat de France. Et j’ai vu également de bons matches en L2. Maintenant, je ne suis pas inquiet. Peut-être qu’en jouant Marseille, on perdra encore 5-4 (Marseille-Montpellier saison 1998-99, ndlr). On peut aussi gagner 4-3 cette fois. Le tout, pour nous, sera d’être devant les trois dernières équipes de L1. Mais si on peut être devant dix clubs à la fin de la saison, on ne va pas se gêner.

Vous avez eu des propos très durs envers Rolland Courbis à la fin de la saison. Vous les regrettez aujourd’hui ?
Je ne regrette jamais ce que je dis. Et il n’y a qu’une seule personne : moi. Du moment que vous payez, vous avez le droit de dire ce que vous pensez. Maintenant, je ne suis pas du tout fâché contre lui. On s’est revu la semaine dernière. On s’est salué. Rolland Courbis, je le respecte. Il nous a sauvé d’une descente en National et nous a fait monter en L1. Il a ensuite émis le souhait de partir. J’ai agi en conséquence. Voilà.

René Girard, c’est votre choix, vous l’avez affirmé à plusieurs reprises. Pourquoi avoir jeté son dévolu sur lui ?
Girard, c’est quelqu’un que je suis depuis longtemps, un homme sérieux. C’est aussi un Nîmois et ça doit bien les emmerder que je le leur pique (rires). Il a été entraîneur national. Je sais ce qu’il vaut. Avec lui, ça va être travail, travail, travail. C’est une bonne chose, d’autant que l’effectif pour la saison prochaine sera très jeune.

Laurent Blanc brille sur le banc de Bordeaux. Etes-vous encore en contact avec votre ancien joueur ? Vous attendiez-vous à un tel succès de sa part en tant qu’entraîneur ?
Vous dire que j’ai Laurent Blanc tous les jours au téléphone serait un mensonge. Mais dès qu’on se voit, ce sont des retrouvailles franches et sincères. Lolo sait ce que Montpellier a fait pour lui et le club sait ce qu’il lui doit. Il a fait la promotion de notre centre de formation. Je ne suis pas surpris de sa réussite aujourd’hui. Il y a quelques années de cela, Michel Mézy lui avait proposé d’entraîner le club. Il avait refusé. Pas prêt ou pas motivé par la Ligue 2, je ne sais pas…

Le voir entraîner votre club aujourd’hui, c’est un rêve pour vous ?
Pas du tout. Laurent a choisi sa voie. Et puis quand vous avez entraîné Bordeaux… A moins que Montpellier devienne aussi fort que Bordeaux. Je ne le crois pas mais sait-on jamais.

A l’époque des années 90, Montpellier était réputé pour faire des coups tels que Carlos Valderrama, Paille, Cantona. Est-ce que l’on aura droit à d’autres surprises de ce genre dans le futur ?
Non… et puis les stars aujourd’hui signent dans des clubs stars. Nous, on a nos jeunes. Des cracks, j’en ai au sein de mon centre de formation et il y en a qui arrivent de la Coupe Gambardella. Il y a notamment le petit Cabella (Rémy, ndlr), un Corse qui a vraiment la classe. En tout, il y a quatre-cinq jeunes qui peuvent faire carrière au haut niveau pour moi. C’est pour cela que j’ai demandé à René Girard de les faire bosser. Au lieu de flâner avec les minettes à la plage ou de rester devant la télé, ils vont progresser.

Est-ce que Montpellier, comme lors de ses précédentes années en L1, sera obligé de vendre ces jeunes joueurs pour continuer à se développer ?
Si on a des garçons intelligents entourés d’agents compétents, on peut envisager de les conserver au club. Vous savez, de nos jours, les jeunes bien conseillés restent volontiers plus longtemps au sein de leur club formateur. Ils s’y aguerrissent avant de franchir un nouveau palier. Les Blanc, les frères Passi, les Bagayoko, ils ont attendus avant de nous quitter. Après, il faut bien qu’ils partent un jour… Mais quitte à ce qu’ils le fassent, je préfère que ce soit à l’étranger. Comme ça, ils ne joueront pas contre nous…

Trente-cinq ans à la tête du Montpellier Foot, ça use un peu président non ? Vous avez laissé le flambeau à votre fils mais on vous sent encore très actif dans ce club Vous n’avez jamais songé à partir.
Impossible. Impensable. C’est vrai que mon fils (Laurent, ndlr) a la passion du foot lui aussi. Mais il doit encore faire ses preuves. Peut-être qu’il continuera quand j’arrêterais… J’ai deux fils vous savez et une fille… La Paillade, le club de Montpellier. J’y tiens. De toute façon, je n’arrêterais que quand je serais dans un cercueil en bois. Et j’espère que cela arrivera le plus tard possible.

Louis Nicollin, vous êtes réputé pour vos grosses sorties parfois volcaniques. Vous comptez vous assagir un jour ou pas du tout ?
Oh non. Et puis vous aurez remarqué que ça fuse moins vite, non ? De toute façon, maintenant, il faut faire gaffe à ce que l’on dit. C’est incroyable ça. Pour quelques mots mal interprétés, on peut finir en prison alors…

La rédaction - Alix Dulac