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OM – Apruzesse, l’entrée en jeu qui fait débat

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L’OM, qui pouvait reprendre les commandes de la Ligue 1 dimanche à Bordeaux, est tombé de haut. Bien plus que le résultat (1-0), c’est la manière et le scénario qui interpellent, avec en point d’orgue l’entrée en jeu de l’amateur Fabrice Apruzesse.

On joue la 67e minute d’un Bordeaux-OM particulièrement faible en termes de spectacle. Mathieu Valbuena, peu à son aise sur la pelouse très grasse de Chaban-Delmas, se plaint du dos et réclame le changement. Son entraineur Elie Baup, qui était privé pour cette rencontre de Gignac, Rémy et J. Ayew, a déjà utilisé deux minutes auparavant une de ses rares cartouches offensives avec le jeune Billel Omrani (19 ans), entré à la place de Morel. La solution parait évidente. L’ancien coach bordelais doit trancher et logiquement porter son choix sur Florian Raspentino, première recrue estivale de l’OM, et cantonné jusqu’alors à des micro-apparitions sous le maillot olympien.

Que nenni ! Baup prend tout son monde à contre-pied. On joue alors la 73e minute quand « Petit Vélo » sort du terrain, et que le monde du foot, amusé, et les supporters marseillais, incrédules, découvrent le visage du joueur amateur Fabrice Apruzesse (27 ans). Volontaire, généreux, l’ancien avant-centre de Consolat, Aubagne, Saint-Marcel et Endoume ( !), recruté pour épauler les jeunes de l’équipe réserve, se bat avec ses modestes armes sur le front de l’attaque phocéenne, conscient qu’il s’agit là de ses premières mais certainement dernières minutes sur une pelouse de Ligue 1. Mais la vaillance ne remplace pas le talent, et on comprend très vite que l’élite est une marche bien trop haute pour ce joueur bien portant (1,70m pour 75 kg).

Une discordance Baup-Anigo ?

Si l’OM s’était révélé particulièrement inoffensif jusqu’alors, les entrées en jeu de Billel Omrani et Fabrice Apruzesse n’ont (comme on pouvait s’y attendre) guère changé la donne. Mais elles ont eu le mérite de soulever une question : comment un club du standing de l’OM a-t-il pu en arriver à terminer une rencontre décisive face à un rival pour l’Europe avec une doublette offensive évoluant en CFA 2 ? Pourquoi Baup a-t-il préféré un élément inexpérimenté issu du centre de formation et un illustre inconnu, à un jeune joueur que son directeur sportif José Anigo est allé chercher à Nantes cet été et vendait comme un élément prometteur ? Un « pari à la Valbuena » ?

Un double camouflet pour Anigo, donc. Un recrutement remis en cause. Et la pauvreté de la formation marseillaise qui éclate au grand jour. Un goût de déjà-vu, aussi, alors qu’il y a tout juste quelques mois, l’ancien minot était en conflit larvé avec Didier Deschamps qui remettait ouvertement en cause sa politique de recrutement et de formation. Au-delà du conte de fée d’un chauffeur-livreur devenu le temps d’un soir attaquant de l’Olympique de Marseille, l’entrée en jeu de Fabrice Apruzesse a fait plus que jamais ressurgir le cruel manque de profondeur de l’effectif marseillais, que le président Vincent Labrune explique par « un problème conjoncturel lié à la malchance » et les absences de Gignac, Rémy et Jordan Ayew. Un problème qui ne devrait pas s’arranger en janvier lorsque démarrera la CAN, alors que les caisses de l’OM sont, elles, toujours aussi désespérément vides.

Anthony Tallieu