OM-PSG : le bilan catastrophique de Bielsa face aux « gros »

Après la défaite du match aller (2-0), Marcelo Bielsa va vivre pour la deuxième fois depuis son arrivée à l’OM le choc contre le PSG, ce dimanche au Vélodrome (21h). Un gros test pour l’Argentin, dont le bilan face aux « gros » n’est pas bon depuis qu’il est à Marseille et qui était déjà défavorable face aux géants d’Espagne lors de son passage à l’Athletic Bilbao (2011-2013).

Un bilan comptable catastrophique…

Lors de ses deux saisons passées à Bilbao (2011-2013), Marcelo Bielsa n’a jamais remporté la moindre rencontre de Liga face au Real Madrid ou au FC Barcelone. Et si l’Argentin a réussi à emmener le club basque en finale de la Coupe du Roi et de la Ligue Europa lors de sa première saison, il a perdu les deux, là encore contre des clubs espagnols (le Barça et l’Atlético Madrid). Sur ces dix matchs, la tendance est très nette et le bilan très défavorable : huit défaites, deux matchs nuls, trente-deux buts encaissés et seulement sept marqués (voir en bas de l’article).

Depuis son arrivée à la tête de l’OM, la tendance ne s’est pas inversée. Face aux équipes qui accompagnent Marseille dans le Top 4, Bielsa n’a toujours pas connu la victoire... et ses joueurs n’ont pas marqué le moindre but ! Lors de la phase aller, son équipe s’est inclinée à Lyon (1-0), à Paris (2-0) et à Monaco (1-0). La phase retour n’a pas beaucoup mieux commencé, avec un seul point pris à domicile face à l’OL (0-0). Pourtant, à chaque fois ou presque les Marseillais avaient fait le jeu et méritaient mieux que ce qu’ils ont obtenu.

… mais à nuancer

Avec un effectif bien inférieur en qualité en et quantité aux autres grands d’Espagne, Bielsa n’a donc jamais réussi à faire tomber un « gros ». Rien d’infâmant, surtout que le Barça et le Real tournaient ces saisons-là à une moyenne de trois buts par match. De plus, son Athletic Bilbao a brillé sur la scène européenne grâce à quelques exploits retentissants. En 8e de finale aller de la Ligue Europa, les Basques vont s’imposer à Old Trafford (3-2) et éliminent finalement MU après un succès au retour (2-1). Même chose en quarts de finale, face à Schalke 04, avec une victoire en Allemagne (4-2) et un nul au retour (2-2).

Le succès à Manchester est d’ailleurs qualifié de « match le plus spectaculaire et le plus abouti de l’histoire de l’Athletic Bilbao », selon de nombreux journalistes qui suivent le club basque. Il résume aussi à lui seul l’état d’esprit de Bielsa lorsqu’un gros match se présente. Un joueur de l’époque se rappelle des mots de l’Argentin avant la rencontre : « Messieurs, nous sommes arrivés jusqu’ici, le théâtre le plus beau pour disputer un match de football. Que personne n’ait peur de perdre. Mais que tout le monde joue comme il sait jouer. Si vous gagnez, vous serez des héros. Allez "muchachos", sortez sur le terrain. Et profitez ! »

Une philosophie « suicidaire » ?

Quand les plus optimistes soulignent la manière dont Bielsa fait jouer ses équipes, d’autres relèvent ses difficultés à contrer les grosses cylindrées. Il faut dire que cador ou pas en face, Bielsa ne change pas d’un iota sa philosophie de jeu, portée vers l’attaque et basée sur un pressing haut et la possession du ballon. C’est d’ailleurs peut-être ici que se trouve la limite de la fameuse « méthode Bielsa ». Oscar Scalona, ami d’enfance de Bielsa, interrogé dans So Foot, explique : « A chaque match contre les grandes équipes, j’ai eu le même sentiment. Je souffrais, je priais pour que Marcelo renonce l’espace d’une soirée à ses principes. Que ses joueurs balancent de longs ballons pour faire sauter la pression adverse. Mais non, ses équipes restaient à son image : géniales, merveilleuses, authentiques, mais incapables de changer. La rigidité et l’exigence de Marcelo finissent par le trahir. Et poussent ses équipes au suicide. »

Le sujet est d’ailleurs sensible. Il a même été source de tensions du côté de Bilbao, quand un journaliste basque, Diego Gonzalez, s’était permis de faire remarquer à Bielsa que le nombre de buts encaissés dans les grands matchs devenait problématique. « C’était en conférence de presse, la veille de la finale de Ligue Europa, raconte ce journaliste de la Cadena Ser, joint par RMC Sport. L’Athlétic venait de perdre 3-0 à San Mamés contre le Barça et Bilbao était vraiment sur une série impressionnante de buts encaissés. Bielsa s’est énervé. On a eu un échange viril pendant cinq ou six minutes, en pleine conférence de presse. Il me disait, les yeux dans les yeux : "Il faut préparer ses questions avant de les poser. Vous ne savez pas que le Real et le Barça tournent à une moyenne de trois buts par match ?! Le journaliste doit arriver à une conférence de presse en ayant préparé des statistiques, des vrais chiffres." Je lui ai répondu que Bilbao avait aussi pris beaucoup de buts contre Saragosse ou Valence… Mais le ton est resté cordial. » Le lendemain, Bielsa et Bilbao s’inclinaient… 3-0 en finale. Et un an plus tard, en pleine conférence de presse, Bielsa se retournera gentiment vers le journaliste pour lui dire qu’en fait, « ce jour-là, il avait eu raison ».

Le bilan de Bielsa face au Barça, au Real et à l’Atlético et depuis son arrivée à l'OM

2011-2012

Athletic Bilbao - Barcelone : 2-2 (6 novembre 2011)
Buteurs : Herrera et Llorente (Bilbao) / Fabregas et Messi (Barça)

Sous une pluie diluvienne, qui n’empêchera pas « El Loco » de rester debout (et trempé) toute la rencontre, l’Athletic Bilbao et le Barça disputent un match ultra-spectaculaire, que Guardiola définira comme un « hommage au football ». Meilleure équipe affrontée par le Barça, qui a gagné toutes ses rencontres depuis le début de la saison, Bilbao lutte jusqu’au bout. L’Athletic mène 2-1 quand Messi égalise à la dernière minute.

Real Madrid - Athletic Bilbao : 4-1 (22 janvier 2012)
Buteurs : Llorente (Bilbao) / Marcelo, Cristiano (x2), Callejón (Real)

Le Real de Mourinho vient de se faire éliminer par le Barça en Coupe du Roi. L’Athlétic commence de manière spectaculaire puisque Llorente ouvre le score, mais les hommes de Bielsa vont craquer. Marcelo égalise, Cristiano Ronaldo marque deux penalties et Callejón inscrit le dernier but du Real.

Barcelone - Athletic Bilbao : 2-0 (31 mars 2012)
Buteurs : Iniesta et Messi (penalty)

Bielsa commence à mettre de côté le championnat. Bilbao vient de gagner en Allemagne, contre Schalke 04 (4-2), et rentre de ce quart de finale aller de Ligue Europa le vendredi à 5h du matin. Bielsa met les remplaçants et son équipe perd.

Athletic Bilbao - Real Madrid : 0-3 (2 mai 2012)
Buteurs : Higuain, Özil, Cristiano Ronaldo

Bielsa et ses joueurs ont plus la tête à la finale de la Ligue Europa (qui sera perdue) et l’entraîneur argentin fait tourner environ la moitié de son équipe. Le Real est au contraire « à bloc » car une victoire lui assure le titre de champion.

Atlético Madrid - Athletic Bilbao : 3-0 (Finale de Ligue Europa, 9 mai 2012)
Buteurs : Falcao (x2), Diego

Le match se joue à Bucarest. Bilbao commet de nombreuses erreurs défensives et perd sa première finale. Les « Colchoneros » gèrent parfaitement le match face à des Basques trop naïfs et visiblement désorganisés. En cette fin de saison, l’Athletic Bilbao affiche une fatigue physique certaine.

Barcelone - Athletic Bilbao : 3-0 (Finale de Coupe du Roi, 24 mai 2012)
Buteurs : Pedro (x2), Messi

Menés 3-0 au bout de 24 minutes de jeu, les Basques n’en peuvent plus. Les Catalans « auraient pu mettre huit buts sans problème », racontent tous les observateurs. Il se murmure même que Guardiola, proche de Bielsa, aurait demandé à ses joueurs de baisser un peu le rythme car la finale était gagnée. Le public basque chantera toute la fin du match : « Bielsa quedate, Bielsa quedate ! » (« Bielsa reste, Bielsa reste ! »).

2012-2013

Real Madrid - Athletic Bilbao : 5-1 (17 novembre 2012)
Buteurs : Aurtenetxe (csc), Ramos, Benzema, Özil, Khedira (Real) / Gomez (Bilbao)

Le Real mène 3-0 à la demi-heure de jeu, même si Cristiano Ronaldo reste muet. Le match de Madrid est spectaculaire, notamment grâce à Karim Benzema, auteur d’un but et d’une passe décisive.

Barcelone - Athletic Bilbao : 5-1 (1er décembre 2012)
Buteurs : Messi (x2), Piqué, Adriano, Fabregas (Barça) / Gomez (Bilbao)

L’Athletic est mené 3-0 à la pause. Les Catalans réalisent une démonstration collective et enchaînent une 13e victoire… en 14 rencontres.

Athletic Bilbao - Real Madrid : 0-3 (14 avril 2013)
Buteurs : Cristiano Ronaldo (x2), Higuain

Cristiano ouvre le score dès la 2e minute. Le Portugais sera d’ailleurs inarrêtable ce soir-là et marquera un nouveau but. L’Athletic Bilbao de Bielsa, en deux saisons, aura donc à chaque fois perdu sur un score fleuve contre les Madrilènes.

Athletic Bilbao - Barcelone : 2-2 (27 avril 2013)
Buteurs : Susaeta et Herrera (Bilbao) / Messi et Alexis Sanchez (Barça)

Herrera égalise à la dernière minute pour les Basques. Un peu le même scénario, mais en sens inverse, que le premier match de l’Athlétic Bilbao de Bielsa contre le Barcelone de Guardiola la saison précédente.

2014-2015

Lyon-Marseille : 1-0 (26 octobre 2014)
Buteur : Gourcuff

Sans un grand Anthony Lopes dans les buts, l’OM aurait certainement ramené trois points de son déplacement à Gerland et signé une 9e victoire d’affilée. Mais ils n’en obtiennent même pas un, craquant sur un exploit individuel de Yoann Gourcuff en 2nde mi-temps.

PSG-Marseille : 2-0 (9 novembre 2014)
Buteurs : Lucas et Cavani

Pour son premier choc face au PSG, Bielsa ne change rien à sa philosophie de jeu. Cela a failli payer car l’OM réalise un énorme début de match et Gignac trouve même le poteau. Mais les Parisiens finiront pas calmer les ardeurs olympiennes et signer un succès finalement logique.

Monaco-Marseille : 1-0 (14 décembre 2014)
Buteur : B.Silva (67e)

Comme contre Paris, l’OM attaque son match le pied au plancher. Mais il paiera son manque de réalisme en 2nde période, sur un but de Bernardo Silva.

Marseille-Lyon : 0-0 (15 mars 2015)

L’OM repart forcément très frustré de cette rencontre qu’il a largement dominée et pendant laquelle il a multiplié les occasions. Entre le poteau trouvé par Gignac et un but refusé à Ocampos (qui déclenchera leur colère), les Marseillais ont gagné « aux points ». Mais pas au tableau d’affichage…

la rédaction avec Florent Germain, à Marseille