Pagis : « Je ressens le foot d'une certaine manière »

L'attaquant du Stade Rennais cultive son profil de joueur différent - -
Mickaël Pagis, avec ce hat-trick, avez-vous le sentiment que le public rennais, souvent critique envers vous, vous a enfin compris ?
C’est difficile… Quand on marque trois buts dans un même match, on ne peut qu’avoir les applaudissements d’un stade. Maintenant, même si j’ai marqué trois, ce n’est pas un aboutissement pour moi. A chaque match, j’essaie d’apporter ce que je sais faire. Parfois, ça ne réussit pas, les gens sont déçus et le montrent. Quand ça rigole, ils le montrent également.
Vous vous sentez l’âme d’un artiste ?
Moi, je ressens le football d’une manière, comme d’autres le ressentent différemment. Sur le deuxième but, là où Olivier Thomert place le ballon, il ne peut que le placer là. Et ça, il faut le sentir.
Vous êtes un fan d’Eric Cantona…
Oui, c’est vrai. D’ici à faire ce qu’il a fait, je pense que je ne le ferais jamais. Mais bon.
Votre performance est d’autant plus louable que vous réalisez des prouesses à l’âge de 35 ans…
Quand j’ai signé à Rennes, c’est un peu la question que les dirigeants se sont posés. A savoir si j’allais être en mesure, à mon âge, de faire des saisons intéressantes. La saison dernière a été longue à se dessiner. Cette saison, on vit des bons moments et on arrive à être présent sur la longueur.
Vous vous êtes fixé des objectifs pour cet exercice 2008-2009 ? Comptez-vous continuer encore une année, deux années...
Non, je ne me suis pas fixé d’objectifs. Ce qu’il faut savoir quand même, c’est qu’avec les années, on y pense forcément. Physiquement, on met plus de temps à récupérer. Enchaîner les matches devient compliqué également. Je pense pouvoir jouer encore une année au plus haut niveau, cette année, plus une année supplémentaire.
Votre entente avec Jérôme Leroy fait des étincelles.
Oui, on s’entend bien. Et on s’amuse sur le terrain. Ce n’est pas que c’est facile entre nous. Jérôme a également un style bien à lui. Il est le meilleur passeur actuel du championnat et il l’est chaque saison. Il apporte beaucoup de mouvement et de mobilité au jeu. Dans une équipe, c’est bien d’avoir des joueurs comme ça aussi. Cela amène du spectacle et de l’efficacité.
Tel que c’est parti, vous comptez finir votre carrière au sein du Stade Rennais ?
Je pense que là, en l’occurrence, l’important, c’est de faire une bonne saison. Quand on arrive comme ça en fin de carrière, on ne cherche pas à voir trop loin. Il faut que je fasse une bonne saison, que je sois plus performant encore, plus régulier. Si, en fin de saison, je me sens encore les jambes et la tête pour continuer, je pense que es dirigeants rennais ne sont pas aveugles non plus. Si j’estime pouvoir encore apporter quelque chose, ils me proposeront peut-être quelque chose.
On vous a senti amer après votre départ de l’Olympique de Marseille… La déception perdure toujours aujourd’hui ?
C’est la difficulté qui vous permet de vous remettre en cause. Je suis parti à Rennes, je suis reparti de l’avant cela a été difficile, je me suis reconstruit. Sur le coup, il y a eu de la déception de quitter Marseille comme cela. Maintenant, si on vit avec les souvenirs… Je pense avoir fait une saison et demie pas assez suffisante. J’aurais pu faire plus. Ça devait être mon destin. Je devais probablement quitter la page Marseille et me plonger dans un nouveau challenge. J’aurais bien aimé que l’aventure marseillaise dure beaucoup plus longtemps. Je garde un bon souvenir de l’OM et je suis fier d’en avoir porté les couleurs.