Rama Yade : « Sur le DIC, rien n’est encore fait »

La secrétaire d’Etat aux Sports estime la suppression du droit à l'image collective n'est pas inévitable. - -
Que vous inspire le débat actuel sur la suppression du droit à l’image collective ?
Je comprends l’émotion du monde sportif. En même temps, les députés ont voté la suppression du DIC. Il ne faut pas mépriser leur vote. Mais le texte doit encore passer devant le Sénat. Le débat reste ouvert.
Pensez-vous qu’il puisse y avoir un revirement devant le Sénat ?
Les sénateurs en décideront. Ils sont libres de leur vote. En attendant, le monde sportif défend le sport français. C’est tout à fait compréhensible. Mais sur le DIC, rien n’est encore fait. On n’en est qu’à la mi-temps. Pour l’instant, il y a 1-0, le match n’est pas joué. Attendons de voir jusqu’au bout. J’espère qu’on arrivera à trouver un compromis.
Sur ce dossier, vous êtes en désaccord avec votre ministre de tutelle Roselyne Bachelot…
Ce n’est pas exactement cela. Moi, je suis ministre des Sports, donc je défends le monde du sport, voilà tout.
Initialement, le DIC devait être supprimé en 2012. Finalement, il pourrait disparaitre dès 2010. Comment expliquez-vous ce retournement de situation ?
Certains députés ont estimé que les joueurs de football gagnaient trop d’argent. Donc ils veulent supprimer le DIC. L’ennui c’est que le DIC ne concerne pas que le football. Cela concerne aussi le handball, le basket et le rugby. Le problème du rugby est important car beaucoup de clubs sont au bord du dépôt de bilan. Par ailleurs, le DIC a permis de conserver des joueurs comme Gourcuff ou Chabal dans les championnats français. La concurrence des autres clubs européens est très forte. A mon avis, DIC ou pas, nous devons travailler à la compétitivité du sport français au niveau européen. C’est ce que j’ai commencé à faire avec Michel Platini et certains de mes homologues européens. On doit éviter que certaines équipes n’achètent des joueurs grâce à leur capacité d’endettement, alors que dans le même temps nous avons un contrôle de gestion beaucoup plus strict qui ne nous le permet pas. Le cœur du problème est là.
Vers un « Congrès national d’associations de supporteurs »
Avec le recul, regrettez-vous d’avoir pris la défense de la Ligue de football professionnel suite au report du match OM-PSG ?
Je n’ai pris la défense de personne. J’ai simplement expliqué que la décision de la Ligue s’est faite sur la base de recommandations d’experts médicaux. Mais grippe A ou pas, les fauteurs de trouble sont ceux qui ont décidé de mettre à sac la ville de Marseille. Il ne faut quand même pas déplacer les responsabilités premières. Un match OM-PSG est toujours à forte tension. Mais rien ne peut justifier qu’on se soit retrouvé avec une ville dans cet état. Cela a choqué tout le monde, moi la première. Mon rôle n’est pas de désigner des boucs-émissaires. Je suis là pour trouver des solutions afin d’éviter que ce genre de choses ne se reproduisent pas. C’est ce qu’on est en train de faire. J’ai demandé à Frédéric Thiriez de mettre en place un plan d’action afin qu’il puisse prendre des décisions qui concilient à la fois santé publique et ordre public lorsque plusieurs cas de grippe A sont avérés dans une équipe.
Cette saison, les incidents se multiplient en Ligue 1…
C’est vrai, ces incidents durent depuis plusieurs semaines. Pour y faire face, nous avons décidé de créer un plan anti-hooligans. Ensuite pour ce qui est du volet préventif, j’ai décidé de créer une cellule sur les violences au sein du ministère des Sports et de lancer un congrès national des associations de supporteurs. On mettra en place cette grande réunion en janvier. Elle nous permettra d’avoir un dialogue entre pouvoirs publics et supporteurs. Je parle des vrais supporteurs, pas des hooligans. Avec eux, on ne peut pas dialoguer. Ils ne viennent pas au stade parce qu’ils aiment le foot. Ils ne veulent que semer le trouble donc ils ne peuvent entendre que le langage de la répression. Mais la majorité des supporteurs n’est pas concernée par ces agissements. Il faut donc les traiter en personnes responsables, les respecter et leur dire qu’ils ont des droits mais aussi des devoirs.
Jean-Claude Dassier, le président de l’OM, a déclaré il y a quelques semaines : « Je ne serai pas un président à la libanaise, ni à l’africaine ». Ces propos vous ont-ils choqué ?
Avant toute chose, j’ai tenu à appeler Pape Diouf et Jean-Claude Dassier pour savoir ce qu’il se passait. D’un côté, j’ai trouvé un homme blessé par ces propos. De l’autre, Dassier a reconnu qu’il avait été maladroit. Ce n’était pas dit pour faire mal. Il s’en est excusé. L’incident est clos. J’avais dit que les présidents de clubs se devaient d’être exemplaires. Maintenant, on ne va pas continuer à s’acharner sur lui. Faute avouée est à moitié pardonnée.
Domenech ? « Quelqu’un que je trouve agréable, sympathique »
Serez-vous présente à Croke Park le 14 novembre pour assister au match Irlande-France ?
Oui, bien sûr. Il y a pas mal de suspense. On stresse un petit peu mais moi j’ai confiance. Je comprends que les gens soient inquiets. Tout le monde a envie que l’équipe de France se qualifie pour la Coupe du monde. C’est normal. Mais j’ai bon espoir car les derniers matches ont été très bons. Les joueurs ont retrouvé de l’agressivité, de l’allant.
Que pensez-vous de Raymond Domenech ?
Il est critiqué parce que l’attente est très forte. Le football est populaire donc on désigne vite un bouc émissaire. C’est quelqu’un que je trouve agréable, sympathique. Il prend les coups à la place de ses joueurs. Il supporte beaucoup. Je n’ai pas envie de lui jeter la pierre. Souvenez-vous d’Aimé Jacquet. Il a subi le même sort pendant cinq ans et finalement il nous a fait gagner la Coupe du monde.
Parlez-vous souvent football avec Nicolas Sarkozy ?
Le président de la République est un véritable passionné de football. Je n’ai jamais autant parlé avec lui que depuis que je suis au ministère des Sports (rires)… Il connait tout. Il est parfaitement au courant de l’actualité sportive dans son ensemble.