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Rennes, un leader en formation

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Si les Bretons dominent un RC Lens aux abois ce samedi (19h) en ouverture de la 25e journée de L1, ils prendront provisoirement la tête du championnat. Une réussite due avant tout à l’excellent travail du centre de formation, le meilleur de France à l’heure actuelle. Reportage.

Quand votre progéniture va ferrailler le mercredi après-midi dans la boue lors des challenges interdépartementaux de football, dites-vous qu’il y a peut-être un œil du Stade rennais anonymement installé derrière les barrières. Avec un maillage digne des meilleures agences de renseignements, le club breton guette les futures pépites du foot français aux six coins de l’Hexagone. « Nous avons entre une et sept personnes par région pour voir les matches les mercredis, week-ends, vacances. Le recrutement, c’est 70% de notre réussite », détaille Patrick Rampillon, directeur depuis 22 ans du meilleur centre de formation national, palmarès de la LFP à l’appui. Chaque année, trois à sept jeunes issus de la pouponnière paraphent leur premier contrat pro, soit 50% de réussite. « Tu vois l’équipe première, il y a quatre ou cinq joueurs formés au club. Tout le banc vient du centre. Tu es jeune, tu vois ça, tu signes tout de suite », s’enthousiasme le défenseur Kévin Théophile-Catherine, l’un des exemples de cette formation réussie avec 20 titularisations cette saison.

Dimitri Foulquier, 17 ans, est quant à lui à l’âge où l’avenir pro se dessine. Quand il a posé ses premiers crampons au centre, il côtoyait Brahimi ou M’Vila. Ils sont des tauliers chez les grands, il aspire à les rejoindre : « Tous les matins, quand on ouvre la fenêtre, on voit le stade. Ça nous permet d’apercevoir l’objectif au cas où on l’oublie… ». Créé en 1977, le centre a vu passer Sylvain Wiltord, Jimmy Briand ou encore Yoann Gourcuff. « Je trouve que le Stade rennais n’est pas assez respecté par rapport à ce qu’il apporte au foot français », regrette Frédéric Antonetti. L’entraîneur corse entretient la belle machine, puisqu’il a déjà lancé neuf jeunes dans le grand bain de la L1 cette saison.

Rampillon : « Autant de talent pour les cinq années qui viennent »

Doté d’un budget de 3,7 millions d’euros (8% du budget du club), le centre compte 26 internes. Tout est gratuit et les jeunes possèdent un encadrement top-niveau avec notamment huit entraîneurs, sans oublier un préparateur mental et un psychologue. « Il faut construire le jeune pour aider le footballeur à réussir. Ce sont des effectifs réduits. Cette année, nous avons treize jeunes qui passent le bac » poursuit Rampillon, avec des résultats qui sont supérieurs à la moyenne nationale. « Intégrer un centre de formation, c’est une vraie chance de réussite par rapport au système classique », abonde Jean-François Bigot, directeur de la partie pédagogique.

Les recruteurs sont très attentifs à l’état d’esprit des jeunes, à leur éducation et leur capacité à vivre en collectivité. Même si le pur talent footballistique reste la valeur cardinale. « Sur les jeunes qui arrivent, dans l’état d’esprit et la valeur footballistique, je pense qu’on a autant de talent pour les cinq années qui viennent que lors de celles qui viennent de passer », conclut Rampillon en souriant. Supplantant l’ex-rival nantais en la matière, Rennes est bel et bien devenu un leader en formation. Avant de faire main basse sur la L1 ? 

M.M. avec Pierre-Yves Leroux à Rennes