Riolo : "L’intensité c’est bien, le jeu c’est encore mieux…"

- - -
…De l’intensité certes, mais aucun fil conducteur dans le jeu des deux équipes. C’est d’ailleurs la grande tendance du moment, l’intensité. On aime ça, ça fait du spectacle, on ne s’ennuie pas. On déteste s’ennuyer. Après les tartes d’ennuie qu’on se coltine en L1, voir des maillots colorés bouger dans la télé, ça fait plaisir.
C’est souvent ce qu’on souligne quand on parle de la Premier League, l’intensité. C’est riche en actions et souvent en émotions. Pourtant, je trouve que le niveau de ce championnat baisse. Et à travers ce derby, on pouvait toucher le problème. On voit des équipes avec des additions d’individualités mais peu de projet collectif. A Man Utd, derrière la grosse machine, Ferguson tenait plus que tout à cette idée. Il savait évidemment que le succès passe par là. On a tapé sur son successeur Moyes, mais il ne pouvait pas, en peu de temps, reprendre un tel club et réussir. En matière de projet, de construction, van Gaal s’y connaît. Le choix de l’homme est bon. Mais même en ayant dépensé beaucoup d’argent sur le marché des transferts, on voit bien qu’il faut du temps.
Dans la maison d’en face, ça gagne mais franchement, je ne me souviens pas avoir été emballé par un match de City. Pourtant, il n’y a pratiquement que des bons voire très bons joueurs. Mais quand ça marche, c’est que les individualités prennent le dessus. Touré avant, Aguero aujourd’hui…Man City, c’est un peu du foot de jeu vidéo. Pas du foot à 11, mais plutôt du 1+1+1+1+1+1+1+… La plupart des joueurs sont interchangeables avec ceux du banc.
Même en mettant un paquet d’oseille dans une équipe, c’est toujours le projet collectif qui domine. L’Atletico de Madrid et le BVB l’ont montré ces deux dernières années en Ligue des champions. L’idée de l’aventure humaine reste forte.
Et les gros clubs ne s’y trompent pas. Le Bayern et sa gestion toujours parfaite, c’est un club au sens propre du terme. C’est aussi un jeu bien mis en place par Guardiola.
Le Real a souvent eu tendance à verser dans l’addition de vedettes, au 1+1+1+1… J’ai cru que cet été, dans la folie de la Decima, la folie allait de nouveau s’emparer du club. La superposition de joueurs, ça a quand même écarté le Real du gratin européen pendant plusieurs années après le titre de 2002. Voir arriver James, après Bale m’a inquiété. Mais avec un coach aussi fin et savant qu’Ancelotti, le projet collectif reste au-dessus. L’entente du duo Benzema/Ronaldo en est un symbole. Pas besoin d’un groupe méga élargi comme le prétend une idée trop répandue. Il y a beaucoup de vedettes, de stars, mais la hiérarchie est claire, nette. Titulaires, remplaçants, on sait qui est qui.
Le projet collectif, c’est ce que veut mettre en place Bielsa à l’OM. On en a souvent parlé. Et pour l’instant ça marche. Au PSG, les débuts de QSI avaient été quasi parfaits. Aucune fausse note. Mais depuis le départ du duo Leonardo/Ancelotti, on n’y comprend plus rien. Le recrutement, la hiérarchie, la vie du groupe… tout est flou. L’aventure humaine est entretenue par un président qui « check » les joueurs et qui va manger chez eux. L’entraîneur est isolé et n’a plus que son adjoint pour parler foot. Les joueurs, eux, pensent surtout à améliorer leurs performances individuelles, à soigner des soucis physiques ou psy. Pourtant en LDC, contre le Barça, ils avaient mis une sacrée intensité. Ils « s’étaient bougés ». Mais en 1+1+1+1+1… ça marche, ça peut marcher, mais c’est souvent de l’esbroufe. De la poudre aux yeux. On dit que sans Ibra, le PSG n’est rien. Pourtant ce soir-là, il n’était pas sur le terrain.
L’individualité, c’est un « plus ». Rarement un « moins ». Sauf s’il n’y pas d’idée collective…