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Riolo : "Quel football la France souhaite-t-elle ?"

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Le foot français va mal et ce n’est pas qu’une histoire d’argent…

A la une de la dernière lettre de l’UCPF, Jean-Pierre Louvel sourit. Ça n’a pourtant pas dû lui arriver souvent depuis l’été dernier. En six mois, le président du Havre, également président de l’UCPF, patron des patrons du foot français, s’est fait retourner cent fois dans la farine par le marchand de tapis Maillol. Avouez que ça ne fait pas très sérieux. Le boss qui tourne en bourrique autour d’un farfelu qui lui promet le rachat de son club. Il fallait vraiment qu’il veuille le vendre, son HAC, pour écouter et croire autant un tel bonimenteur.

Louvel est donc toujours patron du HAC. Et à la une de la lettre de l’UCPF de janvier, il nous parle du décrochage de notre foot. C’est le sujet du moment. Un moment dont on a oublié le début et dont on ne voit pas la fin. J’exagère. Le début, Louvel le dit, c’est Bosman. Le Diable. L’arrêt Bosman date de 1995, mais vingt ans après, le foot français ne s’en est pas remis. Vingt ans que notre foot attend une réaction face au "tsunami" de 1995. Vingt après, l’excuse tient toujours. On s’y accroche toujours et encore.

Pendant qu’on avale ces salades périmées, on regarde les matches. Et en ce mois de janvier, on a frôlé l’indigestion. Qui a pu échapper à la gerbe, la nausée, devant la nullité de notre foot ?

Pourtant, depuis des années, ça bosse, ça cogite dans les milieux autorisés. Des rapports à la pelle : Eric Besson, David Douillet, Jean Glavany… Le premier, girouette de la politique, a introduit Maillol au Havre. Le deuxième, inoubliable ministre des Sports, a découvert tard la forme d’un ballon de foot. Et le troisième est un député, ex-ministre, ex-un tas de trucs. Le rugby, il connaît un peu, le foot, à quoi bon… Bref, force est de constater qu’on a mis de la compétence en matière footballistique pour nous tirer d’affaire. Je passe sur la mission "Foot Pro 2012" du président Thiriez, les 101 propositions de L’Equipe et les divers Livres Blancs. 

"Le fautif, c'est Bosman, voyons..."

Tout ça pour arriver à cette lettre de l’UCPF et au sourire de Louvel : le fautif, c’est Bosman, voyons ! Bon, après, il y a les impôts, les charges en tout genre, la chouinerie mille fois entendue... Heureusement, le journal L’Equipe nous a aidés cette semaine à y voir plus clair. On s’emmerde en regardant notre L1 parce que nos gardiens sont trop forts et que c’est à cause d’eux qu’on ne voit pas de buts ! Et ça doit être à cause de ça que les entraîneurs ne mettent pas d’attaquants sur le terrain, qu’ils élaborent des stratégies défensives, pour ne pas se présenter devant le gardien adverse. A quoi bon, il arrête tout...

Il y a des semaines où entre les matches qu’on voit, et les commentaires qu’on entend, on se demande si notre foot ne se foutrait pas un peu de notre gueule. Mais je dois exagérer. Toujours dans cette lettre de l’UCPF, tout n’est pas noir. Une bonne nouvelle nous attend page 7. Philippe Diallo, le "Gustavo Fring" du foot français, nous apprend que la taxe sur les spectacles vient d’être supprimée ! Dix ans qu’on se battait pour ça ! C’est 8 à 12% de la billetterie qui était impactée mine de rien. Quand on sait la place du poste billetterie dans le budget d’un club, on relativise un brin la portée de cette bonne nouvelle, mais un sou est un sou… Qui sait, avec cette petite économie, les clubs vont peut-être faire gaffe à leur pelouse. Non je déconne Gus, c’est pas le sujet.

Sinon, la billetterie moins taxée, c’est bien, mais il va falloir aussi penser à ne pas vider les stades. Histoire de profiter de la bonne nouvelle. Autre bonne nouvelle, les télés, ça tient. Presque 700 millions par an pour un tel championnat, c’est énorme ! C’est dit en page 4 de la lettre de l’UCPF. Un bémol cependant, il paraît qu’on est distancés par nos concurrents. Et là, stupeur... Je découvre toujours dans cette page 4, que la Liga, la PL et la Série A sont nos concurrents. Moi, je pensais qu’on rivalisait avec Suède, Danemark, Ukraine, Grèce, Azerbaïdjan, Chypre… Les pays contre qui on ne gagne pas en Coupe d’Europe ! Sinon, derrière nous, en matière de droits TV, il y a l’Allemagne. Des miséreux. Ça doit chouiner deux fois plus fort là-bas ! 

J’ai refermé cette lettre de l’UCPF presque rassuré. OK, on est nul, mais on tient le coupable : Bosman. Diallo nous invite à poursuivre le combat des taxes, ça c’est bien aussi. Louvel, débarrassé de Maillol, est maintenant uniquement tourné vers l’avenir de notre foot, parfait. Bon certes, l’Equipe de ce vendredi nous dit à quel point les présidents des clubs de L1 ne veulent plus de leur club. L1 à vendre, c’est le titre et ça fout les jetons ! On s’en tire bien, le journal aurait pu nous expliquer à quel point ces clubs sont gérés à l’envers.

Restons donc optimistes. Dans la prochaine lettre de l’UCPF, on fera peut-être un dossier sur la formation de nos joueurs, de nos entraîneurs. On parlera peut-être de terrain (pas des pelouses pourries, c’est secondaire) et de ce qu’il s’y passe. De pourquoi des clubs avec 50 millions de budget affichent un niveau de jeu proche de ce qu’on voit en CFA. Des salaires trop importants donnés à des joueurs médiocres… Commencer par bien utiliser l'argent à dispo plutôt que de pleurer sur celui qu'on n'a pas ou plus, ca serait pas une idee ? Tout ça viendra plus tard. Quand on aura résolu le problème Bosman.

Ah j’oubliais, à la Une de cette lettre de l’UCPF de janvier, il y a une question : « Quel football la France souhaite-t-elle ? » En attendant une réponse fruit du travail de nos institutions, de nos décideurs, si juste, en attendant, Louvel, Thiriez and co pouvaient ne pas se foutre de nos gueules aussi ouvertement, ça serait déjà pas mal… Merci.