Riolo : "Thauvin-Payet, et après ?"

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Marcelo Bielsa peut se tromper. Et son analyse de l’altercation verbale entre Thauvin et Payet n’est pas forcément juste. Selon lui quand en plein match, Thauvin s’adresse à Payet en le traitant de « fils de pute » ou de « sale pute » (les versions divergent), ce n’est pas grave, juste la preuve d’une implication des joueurs dans la recherche de la performance collective. Ça n’engage que moi, mais je n’y crois pas. Pourquoi ?
Depuis le début de la saison, l’OM est en surperformance. Bielsa a récupéré un groupe meurtri par la triste saison dernière, un groupe revanchard. Une base de travail intéressante. Les changements au club ont placé le groupe face à ses responsabilités. Un devoir professionnel. Une situation parfaite pour un coach qui demande beaucoup à son groupe. En gros, l’exigence de Bielsa a trouvé à qui parler. Et pour un coach qui n’aime pas gérer ce qui peut polluer le terrain, qui ne veut voir que le terrain, il valait mieux prendre l’OM à ce moment-là.
Plus de six mois après, l’OM a progressé, l’OM plaît à nouveau à ses supporters. Bielsa a donné une leçon de foot comme on en a peu vu en L1. Mieux, le podium est jouable. Enfin, que ce soit clair, Bielsa est, doit-on le rappeler, le seul coach de L1 connu à l’étranger. Mais le souci est ailleurs. Il est dans l’équilibre fragile d’un groupe globalement faible qu’un coach est parvenu à sublimer. Il est, tout d’abord, faible techniquement. Faible également au niveau de l’encadrement. Qui sont les leaders de cette équipe ? Si on compare avec la période Deschamps, il y avait Lucho, Heinze, Diawara, Cheyrou, Cissé, … Au niveau mental et caractère, une autre dimension.
Bielsa tire le maximum d’un groupe qui est en chute mentalement. Le collectif répond moins et le vestiaire fragile se délite. Imbula, Payet, Thauvin, Mendy (je ne peux pas tous les citer)… des joueurs qui n’ont rien fait mais qui se voient beaucoup trop beaux. C’est la génération de joueurs à qui il ne faut pas « manquer de respect ». Les ‘’Tu me parles pas comme ça toi !’’ Gignac, qui cherche à souder le vestiaire, s’était lui aussi heurté aux marques d’affection de Thauvin. Tout s’est arrangé entre eux. Avec Payet, ça sera plus difficile. Partout où il est passé, ça s’est mal passé.
Bielsa ne connaît pas le « Joueur français » et son particularisme, la bonne mentalité racaille. Ce n’est pas une généralité, mais à l’OM, on a de vrais bons échantillons. C’est quand les résultats sont moins bons que la force d’un groupe se révèle. Le classement dessine un podium. L’OM a largement les moyens de rester bien placé. Le mérite en reviendra à Bielsa, qui a remis tout le monde au travail.
Mais le club doit déjà penser à la saison prochaine. J’avais dit dès que le président Labrune avait commencé à parler de projet Dortmund basé sur des joueurs français, que cette idée n’aboutirait à rien. Bielsa est peut-être en train d’offrir une parenthèse à l’OM. Elle ne durera, à mes yeux, pas plus d’une saison.