Saint-Etienne : "Je ne veux pas vivre une descente avant la fin de ma carrière", espère Boudebouz

Comment va le groupe ? Quel est l'état d'esprit avec cette dynamique (3 victoires, un nul) ?
Ça va beaucoup mieux, même si, quand on était dans les périodes très difficiles, le groupe ne lâchait pas. Avec des victoires et des résultats positifs, c'est toujours plus facile, tout le monde vit mieux.
Comment expliquer ce rebond ?
On ne va pas avoir de la malchance toute la saison. On fait en sorte que les choses se tournent. On s'est réfugiés dans le travail, dans les choses concrètes du foot, on a laissé tout ce qui pouvait se dire à côté. On s'est réfugiés dans ce qui était le plus important pour nous, ce qui pouvait nous aider pour nous en sortir, et on voit que c'est le bon chemin à avoir.
Quels ingrédients fallait-il mettre en place pour relancer la machine ?
Si tu regardes par rapport à la phase aller, tu perds des matchs souvent sur des petits détails. Quand on dit qu'on travaille, c'est justement sur ces petits détails, c'est pas forcément être plus acharnés, c'est être plus concentrés à des moments très importants du match. Il y a aussi l'apport des recrues, qui font du bien, qui arrivent avec beaucoup de fraîcheur et de qualité. Ce qui met directement de la concurrence dans le groupe et ce qui permet à tout le monde de progresser. Quand tu sens ta place menacée sur le terrain, tu fais plus. Tu as aussi l'arrivée du staff, du coach et de Baptiste (Hamid, préparateur physique venu avec Dupraz, ndlr), qui amènent autre chose. Le groupe est très réceptif au discours du coach.
Le coach dit à la presse qu'il vous "admire". On sent également qu'il vous protège, comme après Bergerac où il dit prendre l'entière responsabilité de cette défaite (0-1, en 8e de finale de Coupe de France)... C'est ce qui ressort aussi dans le vestiaire ?
Il faut dire une chose : de tout ce que j'ai pu vivre dans ce métier avec les coachs, je pense que c'est le coach le plus transparent qu'il y a entre le groupe et les journalistes. Ce qu'il nous dit, il vous le dit. Il ne se cache pas, il assume les responsabilités. C'est bien de se sentir protéger par son coach. À nous aussi, il nous dit qu'il nous admire. Tu sais qu'il t'aime, en dehors du métier qu'on fait. Il y a beaucoup de médias, de réseaux sociaux, qui se permettent de dire des choses sur les joueurs. Mais lui est là, il te protège de tout ça. "Oublie ça, moi je suis là, on sait le métier qu'on fait qui est difficile. Je vous aime, je veux qu'on fasse comme ça". Et le message est très bien passé, il y a les résultats positifs. Dans les moments difficiles dans les matchs, tu penses à son discours, à tout ce qu'il te dit en dehors et t'as envie de faire plus.
Le coach parle aux médias beaucoup d'affect, de relationnel. Romain Hamouma disait, lui, en avoir besoin ces dernières semaines. C'est votre cas également ?
Je fais partie de ces joueurs qui ont besoin de se sentir aimés pour être très performants. Ça fait du bien. Avec tout ce qu'il passe dans le monde du football, les gens ont tendance à oublier que les joueurs ont un cœur et qu'ils ont besoin de ça. "Les gens galèrent, vous gagnez bien votre vie"... Oui, mais il n'y pas que ça. On est chacun éprouvés à notre façon, on est des footballeurs, on a des périodes difficiles aussi. On a besoin de se sentir en confort et d'être aimés pour être performants. 80% (des joueurs) dans un groupe ont besoin de ça. Et aujourd'hui, certains coachs l'oublient et ne veulent que la performance et l'esprit travail. Ça peut faire défaut dans un groupe.
Lui (Dupraz, ndlr), c'est ce qu'il nous amène. Aujourd'hui, ça marche. Et sincèrement, j'espère qu'on va le faire, qu'on va se maintenir pour le club, pour tous ces gens qui viennent au stade, pour ce coach qui nous donne l'amour, et pour les salariés du club. Ça ferait mal... À cause de nous, beaucoup de gens vont perdre leur travail si on ne se maintient pas. Et je ne veux pas faire partie de ça !
Le coach est persuadé que l'ASSE va se maintenir. Est-ce que cette certitude transpire sur le groupe ?
Il arrive à un moment où, dans un groupe, c'est un manque de confiance. Il a analysé les qualités du groupe en regardant les matchs avant d'arriver. Il a bien vu qu'il y avait de la qualité et qu'il était capable de maintenir ce groupe. Quand il le dit, il est convaincu. Il ne nous le dit pas pour qu'on prenne confiance. Il a envie, il a confiance en lui, et il a surtout confiance en nous.
"Le public te fait gagner 7 à 10 points sur une saison"
Autre changement ces dernières semaines : le retour de la ferveur dans le Chaudron, notamment dimanche face à Strasbourg (2-2), plus de 28.000 spectateurs à Geoffroy-Guichard (2e meilleure affluence de la saison), les kops pleins... C'est déterminant pour réussir ?
Le public, je ne sais pas s'il s'en rend compte, mais pour nous, c'est un appui de malade sur un terrain ! Le public te fait gagner 7 à 10 points sur une saison. Et ça, il faut en être convaincu. Le prochain match à domicile, c'est contre un concurrent direct (réception de Metz, dimanche 6 mars, ndlr), il faut que le stade soit plein. Même si, par nos performances, certains ont moins envie de venir... il faut que le Chaudron brûle, qu'on prenne des points et qu'on se maintienne. C'est une force incroyable pour les joueurs dans une situation comme celle-ci, on a besoin de ça.
C'est un appel que vous lancez avant Metz ?
Je le fais en toute honnêteté. On a vraiment besoin du stade plein, des kops pleins, de tout le monde, pour pouvoir se maintenir puisque ce sont les matchs, comme on dit, à 6 points.
Avec le mercato cet hiver (7 recrues), puis les retours de la CAN (Khazri et Bouanga notamment), une émulation s'est créée dans le groupe ?
Quand t'as des recrues de qualité qui arrivent, ça permet à tout le monde de hausser son niveau et de faire plus. Ça aide toute l'équipe, et chaque joueur individuellement. Par rapport à cela, j'aimerai féliciter les personnes qui ont travaillé là-dessus et qui ont vu les manques qu'on avait.
Cette reconstruction de l'équipe ressemble à une fusée à plusieurs étages, entre l'arrivée d'un nouveau coach, un mercato très animé et une communion retrouvée avec le public...
Au vu de la situation lors de la première partie de saison, tout le monde s'est dit que le club était vraiment en danger. Chaque personne a fait le nécessaire pour que le club se maintienne. Que ce soit dans le public, même si, on le sait, c'est énervant quand tu vois ton équipe perdre... Que ce soit nous, aussi, les joueurs. Chaque personne a travaillé plus. Parce que Saint-Étienne ne peut pas aller en Ligue 2. On se le dit, on se le répète. Ce club doit rester dans l'élite.
Au-delà de le dire, il faut arriver à le prouver. Vous dîtes justement que les joueurs en ont mis un peu plus ces dernières semaines, dans la tête, dans les jambes...
Tout va ensemble. Il y a eu l'arrivée des recrues, où tu te motives encore plus pour garder ta place. Tu te dis aussi que le club est en difficulté, c'est à ce moment-là que je dois faire plus. On a tous aussi un intérêt individuel. Si on descend, ce n'est bon pour personne. On est un grand club. Ce club a une histoire. On est entourés de beaucoup de jeunes, il faut faire passer ce message. Certains ne savent pas forcément ce que ça veut dire une descente. J'ai eu la chance, à chaque fois que j'ai joué le maintien, de me maintenir, et je n'ai pas envie que ça arrive avant de finir ma carrière. C'est un club emblématique. On a la chance d'être dans ce club-là. Quand t'es formé ou que tu joues à Saint-Etienne, c'est une chance. Il faut se le dire. Le public est magnifique. On doit le faire pour ce club.
Est-ce que vous sentez que ce discours imprime auprès des plus jeunes ?
Je pense que tout le monde l'a intégré. En dehors de nous, les anciens, qui faisons passer certains messages, il y a le coach qui le répète au quotidien. Et quand tous les jours, on vient te dire que "t'es beau, t'es beau, t'es beau", tu vas forcément y croire. Tout le monde prend conscience des choses.
Avec cette série, l'ASSE est sortie de la zone de relégation. Mais le chemin est encore long...
Il nous manque 5 à 6 victoires pour se maintenir. Ce qui est totalement faisable. On a un match, entre guillemets, bonus à Paris, parce que c'est le PSG. Et après, tu as des confrontations directes qu'il va falloir gagner, des matchs à l'extérieur où on est capables de faire le travail. Quand on avait que 12 points, on se disait que telle équipe devait perdre... Maintenant, on a remis les compteurs, on est à peu près tous à égalité. C'est ce qu'on va faire qui va faire en sorte que l'équipe se maintienne.