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Strasbourg: passé sous pavillon BlueCo, le Racing est en phase de reconquête

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Plus d’un an après l’arrivée du consortium BlueCo à la tête du club, le Racing semble avoir trouvé un fonctionnement, et commence à faire tourner le vent. Malgré la défiance régulièrement affichée par les ultras du club et avant le déplacement à Paris ce samedi (21h), de nombreux supporters ont envie de croire à ce projet qui se veut ambitieux.

C’est un peu comme mettre une paire de lunettes quand on voit flou. Le Racing 2024-2025, c’est une vision nette, avec de belles couleurs, de la lumière, loin de la bouillie offerte la saison dernière, la première de l’ère BlueCo avec des profils contestés comme celui de l’attaquant Emanuel Emegha, qui a cristallisé toutes les critiques du projet sur son dos. Le club a fait venir, en pleine préparation estivale un jeune coach anglais, inconnu du grand public, Liam Rosenior. "Pour moi c’est un futur Pep Guardiola", analyse Bernard, dirigeant d’un club de foot amateur à Strasbourg. "Quand tu vois ce qu’il arrive à faire en même pas trois mois, il y a un style, une patte. Le Racing a l’image d’un club plaisant dans un championnat plutôt morne."

Et c’est peut-être là que la bascule se fait. Attaque prolifique, joie de vivre, discours séduisant du coach, les supporters ont envie de se laisser porter mais ils n’ont pas enlevé le frein à main pour autant. "La nouvelle philosophie de jeu correspond mieux à ces jeunes joueurs qui sont insouciants", note Didier, qui fréquente la Meinau depuis plus de 10 ans. "Si on arrive à stabiliser l’effectif, on pourra jouer la première partie de tableau régulièrement, alors qu’on serait entre la 13e et la 18e place sans ça…"

Un changement de staff qui a fait du bien

Maxime a aussi aimé le "changement de staff à l’intersaison." "On prend largement plus de plaisir, le jeu est offensif. Après, il y a une division au sein des supporters, mais les joueurs n’y sont pour rien ! Au début, je n’étais pas pour, mais BlueCo est sans doute ce qu’il fallait au club pour franchir un palier et atteindre l’Europe à court ou moyen terme." D’autres continuent de suivre, mais avec un goût amer en bouche, comme Nicolas, qui regrette l’époque où Marc Keller était le seul maître à bord. "C’était plus pertinent et réfléchi. Je suis même surpris que ça fonctionne actuellement, mais à long terme ça me fait peur de ne pas savoir qui gère, et que des mecs mettent des millions sans trop réfléchir. Là, j’ai l’impression d’être un PSG pauvre du milieu de tableau. Si les mecs se retirent, ça va vite faire N3… Après, je ne suis pas extrémiste, je ne dis pas "BlueCo Out" comme les Ultras Boys 90, je ne dis pas non à la multipropriété, mais je me méfie."

Cette méfiance est manifestement généralisée. D’un côté, on a envie d’y croire, mais l’actualité joue aussi son rôle. Alors que le groupe 777 Partners s’effondre et laisse des clubs comme le Standard de Liège, le Hertha Berlin, le Vasco de Gama ou le Red Star dans la peur du dépôt de bilan, la crainte d’un nouveau coup dur hante les nuits pourtant belles des supporters.

Nanasi, le vrai marqueur du projet

Sebastian Nanasi, acheté 11 millions d'euros en provenance de Malmö cet été (Sékou Mara a été la recrue la plus chère du mercato estival avec 12 millions d'euros déboursés), fait déjà parler de lui. Cheveux mi-longs, blond, élégant, raffiné, il séduit tout le monde et fait oublier les coulisses à lui seul, ou presque. Le problème, pour Bernard, c’est "qu’on ne sait pas si cet hiver, il sera encore là. Si tu gardes plus d’un an un joueur comme ça, alors ça peut être intéressant, dans le cas contraire, on aura compris que BlueCo est uniquement là pour le trading." Didier, "amoureux de Nanasi", voit aussi dans ce dossier un possible tournant. "Il y a du spectacle. Je ne demande qu’à voir dans la durée. Si BlueCo décide de ne pas brader toute l’équipe tous les étés, on arrivera à faire quelque chose, mais je connais trop cette politique de trading."

Alors BlueCo est-il là pour développer le Racing Club de Strasbourg, en faire une étape vers Chelsea, ou une simple pépinière de talents qui auront des résultats ou non sans que ça influe sur les décisions ? Liam Rosenior, lui, est convaincu de sa mission, celle d’ "amener les joueurs à un niveau Ligue des Champions", disait-il récemment. Ce jeudi, il ajoutait : "Je suis différent, et c’est pour ça que je suis là. Pas meilleur, pas pire qu’un autre. Mais quand je me promène dans la rue, les gens me disent qu’ils sont fiers de l’équipe, de ce qu’elle montre sur le terrain."

Ce qui est clair, c’est que cette petite bande montre de la bonne humeur, et qu’elle semble prendre du plaisir à jouer ensemble. De l’agressivité, du jeu, des sourires. Et si le Racing, malgré les doutes encore bien présents, était la surprise de la saison? Et des saisons à venir?

Sébastien Ruffet