RMC Sport

Sverkos, l’art de la renaissance

-

- - -

Depuis le mercato, Sochaux s’est trouvé un buteur providentiel en la personne du Tchèque. Un attaquant atypique, tant pour son parcours sinueux que dans sa façon de vivre le football.

Werner Licka connaît bien le phénomène Vaclav Sverkos pour l’avoir vu éclore. « La première fois que je l’ai vu, il devait avoir quinze ou seize ans, raconte l’actuel directeur sportif du Banik Ostrava, où a été formé l’attaquant sochalien. Il était tout mince mais a fait un énorme travail physique pour progresser et exprimer tout son génie. » Un travail dont le FCSM tire de sacrés bénéfices depuis que l’international tchèque de 25 ans a posé ses valises dans le Doubs. Débarqué sur la pointe des pieds et le genou enflammé, il affole désormais les compteurs. Cinq buts en neuf rencontres et une sortie de zone rouge inespérée avant la trêve.

L’équilibre reste précaire mais Francis Gillot respire mieux depuis que Sverkos complète sa palette offensive. D’autant que le talent du Tchèque s’accompagne de belles qualités humaines, précieuses en temps de troubles. Amoureux fou du jeu, souriant et volontiers chambreur, le natif de Trinec a pourtant épousé une trajectoire chaotique pendant quatre ans. Parti tenter sa chance en Allemagne en 2003, le jeune Vaclav (19 ans) inscrit 25 buts en deux saisons sous le maillot du Borussia Münchengladbach et devient le chouchou des supporters. Mais la fausse couche de sa compagne en 2005 interrompt le compte de fées. Le moral en ruines, il traîne sa peine entre Berlin et « Gladbach ». Et après un court passage à l'Austria Vienne, décide de partir se reconstruire dans le cocon d’Ostrava.

Dans un championnat sur mesure, il reprend gout au football et termine meilleur buteur (16 buts). Le sélectionneur tchèque Karel Brückner lui tend alors la main et l’emmène à l’Euro 2008, à la surprise générale. Condamné au banc par le système à une pointe qui fait la part belle à Jan Koller, Sverkos profite de ses 36 minutes en ouverture contre la Suisse pour inscrire le premier but de la compétition. Fou de joie, il embrasse son bras où un tatouage rend hommage à Maxim, le fils qu’il n’a pas eu. Mais pour lui, c’est une renaissance. « Si on m'avait dit ça voici un an, je ne l'aurais tout simplement pas cru », assure-t-il alors.

Requinqué, Sverkos retente sa chance à l’étranger cet hiver. Et la mayonnaise reprend. Il redevient ce joueur qui avait humilié à lui tout seul les Pays-Bas lors des qualifications à l’Euro 2004 des -21 ans. « On avait gagné 3-0 et il avait été élu joueur du match, se remémore Licka. En face, il y avait pourtant Sneijder, Van Persie, Robben… » Des joueurs qui évoluent aujourd’hui dans les plus grands clubs européens. Là où leur bourreau de l’époque pourrait bientôt essayer de les rejoindre.

La rédaction - Sylvain Coullon