Thauvin, conspué mais pas timoré

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On passera sur les noms d’oiseaux. Sur les propositions à venir faire joujou avec son postérieur – reprises pour Dimitri Payet, autre ancien Lillois – et les insultes criées de vive voix à chaque touche de balle. A Lille, sur cette pelouse qu’il n’aura jamais foulée avec le maillot du LOSC sur les épaules, Florian Thauvin s’attendait à être conspué, vilipendé, chambré à chaque raté, harcelé, rappelé au bon souvenir de son bras de fer médiatique estival. Il l’a été. Rien d’étonnant. Mais on a connu pire. Suite aux incidents de lundi soir, où une poignée de supporters lillois avait réservé un comité d’accueil « musclé » au garçon à l’arrivée à l’aéroport de Lille-Lesquin, certains s’attendaient au pire.
Au matin, à l’issue de la traditionnelle balade d’avant-match, la sécurité du club avait même décidé, par prévention, de le ramener à l’hôtel sans passer par la case séance de dédicaces avec quelques supporters phocéens. Mais le pire n’a pas eu lieu. Alors, oui, les spectateurs nordistes ne l’ont pas raté. De son entrée pour l’échauffement à sa sortie, remplacé par Jordan Ayew (90e), la même intensité dans l’acharnement à laquelle Thauvin répondait d’un sourire mi-narquois, mi-confiant. Mais rien qui ne dépasse la limite. A croire que le communiqué des dirigeants du LOSC appelant « au calme » avait porté ses fruits pour éviter de franchir les bornes de la bêtise crasse. « Je pense que ça n’a pas été si terrible que ça pour lui, constate René Girard, l’entraîneur lillois. Dans d'autres coins, ça aurait été plus terrible ! »
Baup : « Florian est resté dans son match »
Au-delà des tribunes, il y avait aussi le carré vert. Où les joueurs lillois, premiers à rabâcher toute la semaine leur volonté de « ne pas se focaliser sur Thauvin », n’ont pas hésité à jouer physique pour ne pas le laisser développer son jeu. Premier ballon ? Une faute de Souaré. Et Girard, malin, d’en profiter pour faire comprendre à l’arbitre qu’il espérait ne pas le voir siffler chaque contact sur l’ancien Bastiais. Le reste sera du même acabit et les interventions sur Thauvin plus appuyées que celles sur ses petits camarades phocéens. De bonne guerre, va-t-on dire. Sur le pré, on attendait surtout la réaction du garçon. Voir comment il allait gérer la chose. A 20 ans, on a beau avoir du tempérament, difficile de faire face à la bronca haineuse de près de 50 000 personnes 90 minutes durant et de garder son meilleur niveau.
Bilan ? On a connu un meilleur Thauvin. Plus efficace, plus tranchant, plus convaincant. Impliqué dans huit des douze dernières réalisations marseillaises, buteur lors de ses quatre dernières apparitions, Thauvin n’aura pas su se montrer décisif. Mais il a assumé, pas timoré. Bonne volonté en bandoulière, il a essayé, provoqué, donné quelques bons ballons. Montré du caractère, quoi. Et buté, comme tous ses camarades, sur un Enyeama invincible. « Florian est resté tout le temps dans son match, il n'a montré aucun geste qui m'a fait penser le contraire, estime Elie Baup, l’entraîneur marseillais. Il est resté dans son rôle d'équipier. » Avec une moue teintée de dépit au moment du but du LOSC. Conspué ou pas, l’important, c’est le collectif. Et les trois points, bien sûr. Lille peut confirmer.
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Thauvin : « J’ai reçu pas mal de coups »
A l’issue de la défaite de Marseille à Lille (1-0), Florian Thauvin a évoqué sur son retour dans le Nord et l’accueil réservé par les joueurs du LOSC. « J’ai reçu pas mal de coups, des semelles, mais je m’y attendais, j’étais prêt. Ça fait partie du jeu, j’accepte totalement. J’ai quand même pu faire mon match, j’étais concentré donc ça ne m’a pas posé de soucis particuliers », a ainsi confié le jeune attaquant phocéen.