Thiriez : « Vous n’avez pas fini d’entendre parler de nous »

Le président de la Ligue de football professionnel s'oppose farouchement à une suppression du DIC et explique, point par point, pourquoi - -
Frédéric Thiriez, quel est le but de cette manifestation réunissant tous les sports professionnels ?
Nous sommes là pour défendre une mesure votée il y a plusieurs années dans le but d’essayer de redresser un peu, je dis bien un peu, la compétitivité du sport professionnel français. Le DIC avait été voté fin 2004, confirmé fin 2008 et se retrouve désormais remis en cause par un mouvement incontrôlable où la désinformation n’a d’égal que la démagogie. Comme l’a dit Pierre-Yves Revol, que de bêtises avons-nous entendu à ce propos ! Je dirais que certains, là c’est l’avocat qui parle, se sont rendus coupables de délits d’escroquerie intellectuelle aggravée.
Qu’entendez-vous par « escroquerie intellectuelle » ?
Je vais en citer trois. Un, le DIC est une niche fiscale. Deux, sa suppression permet à l’Etat de faire des économies et trois c’est une mesure qui est inefficace. Alors, ça n’est évidemment pas une niche fiscale. Ce n’est pas fiscal car ça ne concerne pas les impôts des joueurs. Cela concerne le montant des charges sociales patronales. Ce n’est pas une niche car c’est exactement le même régime d’allégements de charges dont bénéficient les artistes-interprètes. Curieusement, on va supprimer le droit à l’image des sportifs mais je n’ai entendu personne remettre en cause le droit à l’image des artistes-interprètes. Premier mensonge. Ensuite, le DIC a permis à nos clubs de foot, de hand, de rugby, d’augmenter un peu le salaire de leurs joueurs pour être compétitifs en Europe. Or, quand les salaires augmentent, les impôts des joueurs augmentent également. Le DIC a rapporté deux fois plus aux finances publiques qu’il ne lui en a coûtées. Si nous le supprimons, cela entraînera une baisse des recettes fiscales de l’Etat. Rendez-vous l’année prochaine si malheureusement cette mesure est confirmée. Il y aura une baisse de la masse imposable et donc une baisse des recettes de l’Etat.
Concrètement, en quoi le DIC est-il véritablement efficace ?
OK, Karim Benzema est parti au Real Madrid. On n’empêchera jamais un joueur de ce calibre de partir dans un club où on lui proposera un salaire cinq fois supérieur à ce qu’il gagnerait en France. Mais j’ai une liste de joueurs qui ne joueraient pas en Ligue 1 s’il n’y avait pas le DIC. Gourcuff, Lisandro Lopez, Heinze, Chamakh, Toulalan, Ben Arfa, Coupet, Niang, Cavenaghi, Mavuba, Gomis et j’en ai d’autres. Cet argument-là est idiot. Est-ce que c’est parce qu’il y a encore des chômeurs, qu’il faut supprimer les Assedic ? Est-ce que c’est parce qu’un Benzema est parti qu’il faut supprimer les modérations de charges sociales ? Où est la logique… Quand un malade n’est pas encore guéri, il faut donc cesser le traitement alors. Nous nous battrons avec nos moyens, notre influence, notre force de conviction. C’est le mouvement sportif tout entier qui se bat. Cette semaine ce sont les Ligues. Les clubs vont se manifester, les joueurs, qui pensent la même chose que nous également, les Fédérations, qui nous soutiennent, réagiront aussi. Vous n’avez pas fini d’entendre parler de nous.