Un ancien recruteur de Ligue 1 jugé pour viols et agressions sexuelles

Terrain de football - ICON Sport
"C'est une affaire très importante pour le monde du sport, un procès qui peut aussi faire une bonne publicité et donner envie de parler aux victimes d'agressions sexuelles dans le milieu sportif", confie un proche du dossier. C’est une affaire qui a agité plusieurs clubs de football au niveau amateur de la région parisienne. En 2015, la maman d’un jeune joueur de 13 ans pousse la porte de la brigade de protection des mineurs. La mère du sportif confie avoir découvert des conversations entre son fils et un certain Ahmed G., son entraîneur à l'époque, sur le téléphone portable de son enfant. Les discussions sont toutes de nature sexuelles.
Au fil de l’enquête, les policiers retracent la vie de l'accusé et découvrent plusieurs messages adressés à d'autres jeunes garçons. Un même procédé est utilisé pour l'ensemble de ses victimes. L'homme repère ses "proies", se présente comme un recruteur d'un grand centre de formation (ce qui était vrai dans certains cas) et installe rapidement une relation de confiance avec les jeunes joueurs. "Ça pouvait aller d'une soirée Playstation très tard à son domicile jusqu'à des restaurants en tête à tête avec lui", admet un proche des victimes. Au fil des mois, des relations fortes s’installent entre des joueurs et l’entraîneur. L’accusé garde toujours à l’esprit de faire miroiter une carrière professionnelle exceptionnelle aux victimes. Affirmant devant les enquêteurs qu’il ne s’agissait que de "plaisanteries" tout en confirmant au fil des auditions son "attirance pour les jeunes mineurs d'origine africaine."
Qui est l’accusé ?
Ahmed G., 49 ans, sera présent devant la cour d’assises de Paris ce mardi pour des faits "de viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité" sur mineurs de moins de 15 ans et tentatives de "propositions sexuelles par voie électronique" et "corruption de mineurs" sur 13 footballeurs jusqu’en 2018. Neuf joueurs des clubs en Île-de-France sont concernés par des faits de viols ou d'agressions sexuelles.
Dans ce dossier, l'homme a contesté tous les viols mais a reconnu certaines agressions sexuelles. C'est une véritable "emprise" qui est décrite dans cette affaire. Une source proche du dossier dresse le portrait d'un "prédateur" qui a souffert d'une "certaine libération de la parole" dans le milieu sportif. Ahmed G. aurait pu être dans le collimateur de la justice dès 2012, après l’alerte d’un jeune du club de Bussy-Saint-Georges. L'accusé envoyait des textos "très spéciaux" à ce joueur. Mais faute d'éléments, la police judiciaire avait classé l'enquête à l'époque.
Ancien recruteur du FC Nantes
"Par exemple, pour montrer l’emprise sur les joueurs, l'entraîneur demandait toujours à ses victimes d’effacer les échanges des téléphones et surtout de ne rien dire sur leurs relations. Ça pouvait être des caresses et même des pénétrations", affirme une source à RMC. L’homme était bien connu dans le milieu du football pour avoir travaillé en tant que recruteur du FC Nantes et d'autres clubs professionnels français. Il est à l’origine de la détection de William Vainqueur. Des anciens joueurs de Ligue 1 ont même été entendus par les services de la brigade de protection des mineurs de la PJ de Paris au début de l'enquête.
Mis en examen et placé sous contrôle judiciaire en février 2016 avec interdiction de fréquenter des mineurs, Ahmed G. avait repris les entraînements. L'homme avait donc été incarcéré. Remis en liberté après un an de détention, il avait encore une fois repris le métier d'entraîneur dans un club de la région. Il sera donc une deuxième fois interpellé et placé en détention le 9 février 2019. Le procès doit durer deux semaines et devrait normalement se tenir à huis clos.