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Un pasteur breton, un couillon et Platoche

Granddi Ngoyi

Granddi Ngoyi - -

Actuel cinquième de Ligue 1, le promu breton, qui se déplace à Bordeaux ce samedi (19h), s’appuie sur un groupe solidaire pour déjouer les pronostics et assurer au plus tôt son maintien. Reportage tout au bout du pays des binious.

Lui c’est le pasteur. Le guide. Oscar Ewolo veille à la bonne ambiance qui règne à Brest. Comme lorsque le capitaine chambre son gardien de but Steeve Elana. « Il veut être maire de Brest, il donne ses maillots à tout le monde pour qu’on vote pour lui plus tard. Votez pour lui », lâche-t-il hilare devant son portier. Meneur un jour, homme d’église le lendemain, le capitaine brestois est un des symboles de la réussite brestoise depuis le début de saison. « Quand Ewolo jouait à Lorient, il s’est battu contre un supporter brestois, se souvient Pakito, président des ultras brestois depuis sept ans. Il faisait partie des joueurs mal vus. Mais depuis, ils ont fait la paix et c’est aujourd’hui son supporter numéro 1. »

C’est en effet une des recettes de la réussite brestoise : l’ambiance. « On est des supers potes, on s’entend vachement bien. Quand on s’entend bien on fait un meilleur travail », explique le milieu de terrain. « N’importe qui peut prendre la parole. La porte est ouverte pour faire avancer le groupe », reprend en écho Elana. Il n’est d’ailleurs pas rare que ce groupe, aux portes du national il y a deux ans, parte déjeuner en centre-ville. « Un club sérieux qui ne se prend pas au sérieux. » Telle pourrait être la devise du groupe d’Alex Dupont qui organise tous les mercredis sa Coupe du couillon. Un concours de pénalty dont le perdant est élu couillon de la semaine.

« Ici, on est populaire, familial et chauvin »

Mais Brest, c’est aussi cette forte identité régionale liée à ses caractéristiques géographiques, sociales et historiques. Le club n’avait plus joué en première division depuis vingt ans. « Le fanatisme se transmet de génération en génération. Aujourd’hui, les gens se rendent compte de la souffrance connue par leurs parents », témoigne Elana. Le stade Francis-Le Blé est d’ailleurs le plus chaud de Bretagne. « Brest est une ville ouvrière. Si on va à Brest, c’est qu’on n’a pas le choix », explique Christophe Leininger, patron du café « rouge et blanc » et président des Hermines 29. « Tous les ingrédients sont là pour en faire un club atypique. On préfère un joueur qui mouille le maillot à quelqu’un qui a des capacités et qui n’en branle pas une », continue Pakito.

« Populaire, familial et chauvin », voilà comment ce supporter définit son club. « La mauvaise foi est obligatoire. » Ce qui n’empêche pas la bonne humeur de régner. Comme lorsqu’on égrène les surnoms des joueurs de l’effectif. « Bernard Lama » pour Steeve Elana, « Carles Puyol » -en raison de la coiffure - pour Paul Baysse, « Platoche » pour Bruno Grougi ou encore « mobylette » pour Benoît Lesoimier. Mais la plus belle histoire, c’est Isabelle Pont qui la raconte. Patronne du bar « le penalty » situé en face du stade, elle se souvient du jour où le président Michel Guyot avait offert une bouteille de champagne à boire en cas d’accession. « Le jour de la montée, il est venu comme il l’avait promis. C’était magnifique ! »

Pierrick Taisne avec Pierre-Yves Leroux à Brest