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Valbuena : poids plume, taille patron

Mathieu Valbuena

Mathieu Valbuena - -

De Langon à Marseille, du bénévolat en CFA2 à l’équipe de France, la route ne fut pas toujours simple pour le « Petit vélo » marseillais. Itinéraire d’un enfant pas toujours gâté par le monde du football.

Trop petit, fragile, immature, incapable de percer. Après 10 ans passés à écumer toutes les catégories de jeunes des Girondins de Bordeaux, Mathieu Valbuena est renvoyé du centre de formation à quelques mois de passer pro. Nous sommes fin 2003 et lui, l’enfant de la banlieue bordelaise, doit faire ses valises... Il ne sera pas professionnel aux Girondins.

Cette épreuve est une vraie claque. Une « gifle » comme aime le dire Valbuena. Mais cette désillusion cruelle devient le point de départ. La source de motivation qui fait avancer Valbuena. Quand il en parle, il lâche, sans colère : « On aurait pu être plus patient avec moi, parce que je me suis développé plus tard que les autres. Il y a peut-être des personnes qui n’ont pas cru en moi à Bordeaux mais je n’ai aucune rancune et je me dis toujours que ça m’a servi. Il poursuit, je pense qu’une bonne claque comme ça m’a permis de voir tout le travail que j’avais encore à faire pour arriver à ce niveau-là. »

Le travail. Un mot qui revient, encore et toujours dans la bouche de l’attaquant phocéen. Une valeur cardinale transmise par son entraineur de papa, Carlos, à qui il rend hommage : « Quand tu es jeune et que tu prends une gifle comme mon éviction de Bordeaux… c’est mon père qui m’a ramassé à la petite cuillère. Et c’est lui qui a su me forger un mental de fer et surtout cette notion de travail, d’abnégation de détermination. »

Redoubler d’effort pour faire oublier sa taille

Car son point fort ne sera jamais physique. 1m67 sous la toise, 58kilos sur la balance. C’est ailleurs que Matthieu va faire la différence. A commencer par un énorme mental. Récupéré de justesse en CFA2 à Langon où il joue bénévolement, repéré par Libourne où il doit gagner sa place, recruté par l’OM où il ne joue pas pendant presque 2 ans… Parcours atypique mais acharné. Ses parents confient leur fierté, avec quelques mots simples : « il a gagné tout ça en travaillant, en se battant », dit son père. Sa mère confirme « sa réussite n’appartient qu’à lui parce que c’est lui que se l’ai gagné tout seul, à force de volonté. »

L’autre moyen de faire la différence ? Croire en ses capacités en dépit de sa taille. Une taille qui l’a forcé à prouver qu’il méritait sa place, peut-être plus que les autres. « Quand on est petit on n’est pas regardé de la même façon. Il ajoute, moi-même, quelque fois, je me suis demandé si ça pouvait être en adéquation avec le haut niveau. Ça n’est pas facile dans un monde où il y a beaucoup de grands costauds et physiques. Ça n’était pas une partie gagnée. »

Un homme apaisé

Aujourd’hui, le joueur de l’OM est un joueur neuf. Oublié les doutes, oublié sa taille, fini le joueur fantasque et irrégulier qu’il était. Il l’explique, serein « ça se passe bien au football, dans ma vie tout va bien, dans ma famille aussi. Je peux compter sur des amis, j’ai un équilibre familial très important. Et ça se ressent sur le terrain. Au tout début j’étais un peu foufou. Mais j’ai acquis de l’expérience et je pense que j’ai muri dans tous les sens du terme. Je suis un homme heureux. »

Et si finalement, les épreuves qu’aura dû surmonter Mathieu Valbuena tout au long de sa carrière ne lui auront jamais fait prendre le moindre centimètre, elles l’auront, définitivement, fait grandir.