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Abidal : "Pourquoi pas devenir assistant coach ?"

Eric Abidal

Eric Abidal - AFP

EXCLU RMC SPORT. De passage à Paris pour visiter l’hôpital Necker et rendre visite à des enfants malades, Eric Abidal, victime d’un cancer du foie entre 2011 et 2013, a accepté l’invitation de Luis Fernandez et de RMC. Dans Luis Attaque, l’ancien défenseur des Bleus a donc balayé la large actualité footballistique du moment. Et évoqué ses projets de reconversion.

Eric, on imagine que cette association vous tient à cœur…

Après ce que j’ai vécu, c’était la meilleure manière pour moi d’aider les familles. C’est un chemin que je connais parfaitement, je connais leurs nécessités. Je crois que c’était une logique toute simple. J’ai toujours été généreux, toujours voulu aider à ma manière, et le fait d’avoir vécu cette maladie, ça donnait encore plus de réconfort à mon choix.

Il n’y a pas très longtemps, vous étiez sur la liste de Joan Laporta pour vous présenter avec lui à la présidence du Barça : êtes-vous déçu d’avoir perdu ?

On est toujours déçu, oui, par rapport au candidat… Maintenant, il faut savoir que Joan m’avait offert un poste qui était très intéressant (directeur sportif du club, ndlr). C’est vrai que pendant la campagne électorale j’ai eu des moments avec lui à partager, notamment sur les futures recrues, ça m’avait vraiment plu. Maintenant, le Barça reste le Barça, c’est un club certainement différent des autres puisque ce sont les socios qui votent pour le Président. Et voilà, le choix restera toujours un choix des socios, et pas comme dans un club français où le Président restera toujours le Président.

Revenir au Barça trotte-t-il dans un coin de votre tête ?

Non. Maintenant, beaucoup de choses se sont dites, beaucoup de choses sont sorties et n’étaient pas vraies. Le Barça m’a apporté énormément dans ma carrière, j’y ai connu de grands moments. Je connais la maison, et ce serait un plaisir de pouvoir y travailler. Mais comme je l’ai dit il y a très peu de temps, si j’ai arrêté ma carrière, ce n’était pas pour rentrer dans le club mais pour me mettre à fond dans ma fondation, qui représente aujourd’hui 80% de mon temps.

Et un poste de directeur sportif dans un club français ?

Les portes sont ouvertes. Il faut simplement que je sois sollicité. Moi, je ne frappe pas aux portes, les choses se font tout naturellement. J’ai eu la chance de jouer dans plusieurs clubs en France et à l’étranger, la chance de jouer avec des grands qui m’ont permis de gagner des trophées. Alors je connais un peu les ficelles des clubs. J’ai pris la décision de passer le Master of International Trainers (MIT) avec l’UEFA à partir d’octobre, ça va me permettre aussi de me mettre à fond dans un monde que je connais déjà.

Eric Abidal en tant qu’entraîneur, on peut y songer ?

Assistant, pourquoi pas. Coach numéro 1, non. Il faut avoir envie de le faire. J’ai toujours eu un bon contact dans le vestiaire, que ce soit avec les anciens ou les plus jeunes mais maintenant, je me vois pas donner des « ordres » à un groupe, mais simplement faire le relais au niveau d’un staff. Ca c’est un rôle qui m’irait bien.

La Ligue des champions va redémarrer : le Barça peut-il réaliser le doublé ?

Je l’espère ! Ils restent favoris de cette grande compétition. Certes, ils avaient l’occasion de gagner les 6 titres, et malheureusement ils s’en sont arrêtés à 5 (défaite en Supercoupe d’Espagne face à l’Athlétic Bilbao), mais il faut savoir qu’à partir de janvier, de nouveaux joueurs vont pouvoir intégrer l’équipe (Arda Turan, Aleix Vidal) et jouer des matches officiels. Ca rendra sûrement l’équipe encore plus compétitive.

Avec les arrivées de Trapp, Di Maria voire Stambouli, le PSG peut-il aller au bout de la Coupe d’Europe cette année ?

Avec mon expérience, je sais que moins il y a de changements dans un club, mieux ça marche. Il n’y en a pas eu énormément au PSG, ils ont fait un beau recrutement, on a vu tout le talent de Di Maria contre Monaco, même si on le connaissait déjà. Paris a des objectifs, bien sûr gagner le championnat et des trophées nationaux, et surtout la Champions League. Le PSG reste cette saison encore un des grands favoris pour soulever la Coupe d’Europe. Après, on sait très bien que dans cette compétition, ça se joue sur des détails, surtout après avoir passé le 1er tour. On a certainement encore moins droit à l’erreur sur les matches aller-retour, il faut savoir faire deux matches parfaits. Je sais que Paris en est capable, encore plus avec les recrues qui sont arrivées cette saison.

Joueur, vous avez été dirigé par Michel lors de votre passage à l’Olympiakos. A-t-il les qualités pour réussir à l’Olympique de Marseille ?

L’Olympiakos reste un club moins huppé que l’OM, mais avec certainement les mêmes objectifs, même si c’était sûrement plus facile à gérer en Grèce où il a eu de bons résultats. Maintenant, on connait l’exigence des supporters marseillais. Je crois qu’il l’a ressenti en gagnant son premier match à domicile et en enchaînant par une défaite. J’ai eu son adjoint par SMS, il est très content de ce challenge, il sait que c’est un club important où les résultats sont très importants. Pour eux, c’est ce qui est excitant dans ce métier : mettre un groupe au top de sa forme pour répéter les bonnes performances.

Son projet de jeu vous séduit-il ?

J’ai écouté ce que Steve Mandanda avait dit après le départ de Bielsa, il disait que les entraînements avaient évolué, qu’il y avait plus de jeu. C’est la mentalité espagnole, mais il ne faut pas passer du tout ou tout, il faut garder de l’ancien et rajouter un peu de nouveau. Mais je suis sûr qu’avec les joueurs qu’il a, il peut monter une grosse équipe. Les joueurs doivent adhérer au coach, et le coach à la manière de jouer en France.

La France a battu le Portugal et la Serbie, avez-vous eu l’occasion de regarder ces matchs ?

Pas celui contre le Portugal, mais j’ai pu regarder la rencontre contre la Serbie. Après, c’est sûr que quand on a un Blaise Matuidi au top de sa forme et une équipe de France solidaire comme on la voit ce moment, on peut être confiant pour l’Euro. Cependant, il faut rester vigilant, ça reste des matches amicaux, sans pression, et de joueurs sans pression joueront beaucoup mieux. Les fautes de résultats ne seront pas pénalisées, mais ça prouve au moins que cette équipe est performante et qu’elle est capable de gagner contre des grandes nations du football.

Parmi cette équipe de France, Karim Benzema est un peu sous le feu des critiques pour son manque d’efficacité…

Karim, je le connais très bien. Il a été critiqué à son arrivée à Madrid, on a dit que ça allait être compliqué pour lui mais il a prouvé à tout le monde qu’il avait les qualités pour jouer dans cette équipe et qu’il était un très grand buteur. Pour moi, il fait partie des grands à ce poste-là, et les grands joueurs, il ne faut jamais les enterrer. Il a beaucoup de poids sur les épaules car il reste un joueur très important pour les Bleus. Mais il ne faut pas perdre de vue que les Bleus sont un collectif. Si ce n’est pas l’attaquant qui marque ça peut être un Matuidi ou un Griezmann au top de sa forme. Karim reste un compétiteur qui veut gagner des trophées. Ca passe par le travail et la remise en question, et sur ces deux points je me fais pas de souci le concernant.

Demain, nous recevons Didier Deschamps dans Luis Attaque : avez-vous une question à lui poser ?

Je ne suis plus joueur de foot, mais pourrait-il m’appeler pour me faire participer à un beach soccer ? Je sais qu’il le pratique, et j’aimerais toucher à cette manière de jouer qui est si différente. Autrement, je voudrais lui demander s’il est capable, même si c’est peut-être trop tôt pour le savoir, de sélectionner un joueur surprise pour l’Euro, et si oui, lequel peut-il avoir en tête ?

la rédaction avec Luis Attaque