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Battiston : « On est passé si près… »

Le défenseur bordelais a joué la demi-finale de Coupe des Champions en 1985 face à la Juventus de son ami Platini. Une confrontation qui lui laisse encore bien des regrets.

Patrick Battiston, quel souvenir gardez-vous de votre double confrontation en demi-finales de la Coupe des Champions en 1986 (0-3, 2-0) ?
Pour tous les observateurs, la Juventus, c’était la grosse équipe avec dans ses rangs le meilleur joueur du monde avec Michel Platini, de nombreux champions du monde et un des meilleurs joueurs européens avec Boniek. C’était l’épouvantail ! A l’aller, on s’était fait piéger par l’ambiance et le contexte.

Au retour, vous êtes à deux doigts de réaliser un exploit extraordinaire.
Nous avons reçu des marques de sympathie, du courrier. Nous avons été poussés par toute une région. La ville s’est mise aux couleurs du club avec un stade plein. Nous avons abordé le match avec beaucoup de détermination et quand je marque le deuxième but, ça a créé un électrochoc.

Après votre superbe but, on imagine facilement des Girondins euphorique…
Ça a réveillé le stade et donné du courage et de la volonté au groupe. Ça a également mis le doute dans l’esprit des Italiens. On a vu des garçons s’interrogeant du regard. C’était une ambiance de folie avec, sur le terrain, des tentatives de tous les côtés. On est passé si près...

En tout cas, grâce à cette prestation, vous êtes au moins parvenu à faire taire les critiques…
Nous avions été blessés par les commentaires. « La Juve c’est autre chose », « des petits poussins dans la basse-cour »… Après l’aller, les médias ne nous avaient pas épargnés. C’était sévère, mais sans doute mérité.

Avez-vous le sentiment qu’on assiste à un resserrement des valeurs entre Bordelais et Turinois par rapport à votre époque ?
La Ligue des champions de l’année dernière doit servir aux Girondins. Notamment la défaite à Chelsea (4-0). On connaît maintenant le contexte. Avec ce vécu et après avoir connu les ambiances européennes, les Bordelais savent qu’ils n’hypothèqueront pas leur qualification avec une défaite. Ils se lancent désormais dans un mini-championnat. Il faut donc aborder ce match avec une certaine forme confiance.

Les jeunes Bordelais sont-ils venus vous parler de votre épopée ?
Non, car le passé reste le passé. Ce qui est important, c’est de savoir s’en servir. Et puis ce n’était pas pareil, il s’agissait d’une confrontation aller-retour. C’est pour cela qu’il faut être sûr de soi, solide et solidaire. Il ne faut pas trop idéaliser l’adversaire. Même s’il s’agit d’une équipe composée de nombreux internationaux, il faut redouter la Juventus, mais ne pas la craindre.

La rédaction