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C’est l’ « Espagnole’s League » !

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Avec cinq clubs sur huit en demi-finales des deux coupes européennes qui débutent ce mardi, l’Espagne impose sa suprématie sur le Vieux Continent. Comment expliquer ce phénomène ? Décryptage auprès des acteurs du foot espagnol.

Essayez d’imaginer, enfin si vous y parvenez, Montpellier, le PSG, Lille, mais aussi Bordeaux et Evian-TG disputer, à partir de ce mardi, les demi-finales de la Ligue des champions et de la Ligue Europa. Très difficile. A leurs places respectives dans le championnat espagnol, le Real Madrid (1er), le Barça (2e), Valence (3e), l’Athletic Bilbao (8e) et l’Atletico Madrid (9e) seront, eux, bel et bien présents à ce prestigieux rendez-vous européen. Réunir cinq équipes d’un même pays sur huit à ce stade de la compétition n’est pas un mince exploit. L’Espagne l’a fait !

« C’est logique, en Liga, on pratique le meilleur football du monde, explique l’Argentin Jorge Valdano, ex-joueur, entraîneur et directeur général du Real Madrid. Au niveau de la technique individuelle moyenne des joueurs, d’autres championnats peuvent rivaliser. Mais au niveau collectif, le championnat espagnol est largement devant tous les autres. Ici, on respecte la balle, on va de l’avant. » A l’image de la sélection ibérique qui truste, elle aussi, tous les titres internationaux, les équipes espagnoles misent tout sur le beau jeu. Et l’attaque. Une philosophie qu’a découverte l’ancien Toulousain Jérémy Mathieu, aujourd’hui à Valence. « Quand dans d’autres pays, les entraîneurs placent deux ou trois milieux défensifs costauds devant la défense, en Espagne, ils privilégient des joueurs qui savent jouer au ballon, explique le gaucher. Les clubs espagnols gagnent en Europe car ils jouent pour gagner. C’est une question de culture. D’attitude. »

Valadano : « Les clubs espagnols ont perdu leurs complexes »

S’il est aussi inconcevable de faire l’impasse sur une rencontre européenne, même de Ligue Europa (à bons entendeurs…), Jorge Valdano ajoute que « les clubs espagnols ont perdu beaucoup de leurs complexes. Ils n’ont plus peur d’aller en Angleterre ou en Allemagne, souligne-t-il. Ils sont sûrs d’eux. Remercions aussi la presse et les supporters qui exigent des résultats mais surtout du spectacle. »

Difficile, enfin, de ne pas mentionner l’excellente politique de formation des écuries espagnoles : « Tous les clubs accordent aujourd’hui une place énorme à l’éducation des jeunes joueurs et « produisent » des footballeurs de très bons niveau, remarque Manuel Sanchis, ancien défenseur du Real Madrid. On met plus en valeur les Espagnols et on ne fait venir un joueur étranger que si c’est réellement nécessaire. Notre politique en matière de formation se voit aussi dans les succès des sélections nationales. Par exemple : les - 21 ans et les - 19 ans sont champions d’Europe en titre. » Iniesta, Xavi et consorts n’ont donc pas trop de soucis à se faire. La relève est assurée.

Aurélien Brossier