Deschamps : « Il y aura besoin de folie »

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Vous avez déjà accompli un exploit contre le Real quand vous étiez entraîneur de Monaco (l’ASM avait éliminé le Real en quart de finale de la Ligue des Champions (2-4, 3-1) en 2004, ndlr). Cette expérience peut-elle vous servir ?
Le contexte est différent. A l’époque, c’était en match aller-retour. On avait perdu 4-2 à l’aller, avant de l’emporter 3-1 au retour. Le Real Madrid était peut-être venu un peu démobilisé. Peu importe si on a une chance sur un million ou un milliard, on a toujours une chance. Ma priorité, c’est avant tout de gagner le match. On a en face de nous une équipe presque déjà qualifié. Ca peut paraître présomptueux de dire qu’on va gagner 3 à 0. Mais qu’on puisse y penser et faire en sorte d’y arriver, pourquoi pas. Il faut avant tout marquer un but de plus que l’adversaire pour gagner ce match.
L’absence de Kàkà peut-elle avoir un impact sur le jeu du Real ?
Ce serait encore mieux s’il n’y avait ni Cristiano Ronaldo, ni Higuain. Kàkà est évidemment un très grand joueur et le Real, comme n’importe quelle équipe, est meilleur quand son effectif est au complet. Mais il y a suffisamment de joueurs internationaux dans cet effectif pour qu’il n’y ait pas de perte de qualité. Les Madrilènes n’ont eu aucun problème à remporter leur dernier match de championnat sans lui.
Allez-vous essayer d’installer de la folie dans votre composition d’équipe, ou attendre de voir ce qui se passe du côté de Zürich (Marseille doit gagner 3-0 pour se qualifier, sauf si Milan ne gagne pas à Zürich ; dans ce cas, une victoire suffit aux Marseillais, NDLR) ?
L’objectif numéro un, c’est de gagner le match pour ne pas avoir de regret au cas où Milan ne l’emportait pas. Mettre de la folie ? Je ne sais pas. Je n’en ai pas dans mon placard de toute façon. Peu importe les joueurs. La Ligue des Champions demande quelque chose de plus. Ce n’est pas forcément en mettant cinq attaquants que je suis sûr de battre le Real Madrid. Il faudra bien défendre et leur laisser peu d’espace, comme on a été capable de le faire à l’aller pendant 45 minutes. On ne remporte pas un match en voulant à tout prix marquer des buts. Mais il faudra aussi leur créer des problèmes, trouver un juste milieu. Il y aura besoin de folie. J’espère qu’il y en aura aussi dans le stade à travers notre public. Il faudra que certains joueurs se surpassent et sortent de leur fonction.
Pensez-vous qu’il existe un écart immense entre Marseille et le Real ?
Par son histoire, le Real Madrid est un club avec des moyens économiques nettement supérieurs à ceux de l’OM. Au moment de rentrer dans la compétition, le Real pense déjà à la finale et à la victoire, alors que nous, on n’a seulement un œil sur les huitièmes de finale. Sur un match, tout est possible. A nous de faire en sorte que ces différences n’existent plus sur le terrain.
Que pensez-vous du mauvais geste de Cristiano Ronaldo, expulsé ce week-end contre Almeria ?
Cristiano Ronaldo est un grand joueur, mais il reste un humain. Il a eu un geste qui peut arriver à tout le monde. C’est un exemple pour les jeunes. Je pense que son club et son entraîneur sauront le défendre comme il se doit, comme je l’ai fait moi-même dans certaines situations.
Craignez-vous toujours autant Raul ?
Raul sera toujours Raul. Il joue un peu moins ces derniers temps. Mais on connait ses qualités et son excellent comportement sur le terrain. Il travaille vraiment pour l’équipe. Il n’a pas l’habitude de rater les face-à-face. Il ne faudra pas lui en donner l’opportunité. Il a la force de l’âge, mais chez lui, ce n’est pas au détriment de la qualité.
Vous avez demandé à Diawara de ne pas hésiter à intervenir, comme il l’avait fait en taclant Cristiano Ronaldo au match aller. Cela ne frise-t-il pas la provocation ?
Pour un journaliste, peut-être, mais pour un entraîneur, certainement pas. Sur l’action du match aller, Diawara fait le geste de défenseur qu’il faut. Il y va avec la détermination nécessaire. La situation est sans doute un peu plus gênante pour Cristiano Ronaldo, puisqu’il se blesse sur l’action et qu’il est éloigné des terrains pendant deux mois. Mais il s’agit d’un contact physique comme il y en a beaucoup au cours d’une rencontre. On n’est jamais à l’abri de prendre un coup. Il n’y a pas que la méchanceté. Ce qui compte, c’est l’intention. Je peux vous assurer que Diawara n’a jamais eu l’intention de faire mal à Ronaldo.