Hongrie, football et nostalgie

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Un air de néant. Voilà comment résumer la situation actuelle du football hongrois. Après avoir fait rêver le monde du ballon rond dans les années 1950, le pays a connu une languissante dégringolade. Dont il ne s’est jamais relevé. « Le championnat ne vaut plus grand-chose aujourd’hui. Il n’y a pas de moyens financiers et aucun système de formation. Il y a des carences à tous les niveaux », explique Loïc Trégoures, journaliste au Courrier des Balkans.
47e nation au classement FIFA, la Hongrie reste associée à une autre époque. Celle des Ferenc Puskas, Sandor Kocsis et autres Laszlo Kubala. Une génération dorée, défaite en finale de la Coupe du Monde 1954 par l’Allemagne après avoir mené 2-0. Une équipe de génie qui s’était permis d’aller battre l’Angleterre dans son antre de Wembley un an plus tôt. Une première dans l’Histoire du football. « Les Hongrois restent avec ce souvenir. Pour eux, le football s’arrête là. », assure Trégoures.
Une nostalgie d’autant plus tenace que l’épopée magyare a connu un arrêt brutal et douloureux avec le début de l’occupation soviétique. « En 1956, l'Armée Rouge est entrée à Budapest et tous les joueurs sont partis. A commencer par Puskas. Ceux qui sont restés ont été placés sous étroite surveillance. Tout a volé en éclats. On a tué cette génération magique », relate Trégoures. Malgré quelques fulgurances, comme la médaille d’or aux Jeux Olympiques de 1964 ou le sacre de Ferencvaros lors de la Coupe des coupes 1965, le football hongrois a commencer à péricliter au fur et à mesure des années. Avant de sombrer en même temps que la chute du Bloc de l’Est. « Du temps du communisme, c’est l’Etat qui finançait les clubs en Europe de l’Est. Lors de la chute du bloc, beaucoup d’équipes sont retrouvés sans ressource du jour au lendemain. Certains clubs ont pu compter sur de généreux donateurs, parfois mafieux, alors que d’autres n’ont pu compter sur personne. C’est le cas de la Hongrie. »
Sans financement crédible, le pays a vu son football touché le fond. Au point qu’aujourd’hui encore les jeunes s’identifient à Ferenc Puskas, ce héros d’un autre siècle décédé en 2006. « Ils n’ont personne d’autre. Puskas est la seule référence, affirme Trégoures. Ca a été le meilleur joueur du monde à son époque. C’est quelque chose d’énorme pour un petit pays comme la Hongrie. »
Un petit pays qui est tout de même parvenu à hisser un de ses clubs en Ligue des Champions cette saison. Debrecen, une bourgade provinciale qui a pris l’habitude de surclasser les équipes de la capitale ces dernières années. Ce soir, ils reçoivent l’Olympique Lyonnais. Une rencontre à priori abordable pour les septuples champions de France. « Il n'y a pas photo entre les deux équipes. Si Debrecen évoluait en Ligue 1, ils lutteraient avec Grenoble pour le maintien ! Les Lyonnais ont tout de même intérêt à faire la différence assez rapidement pour ne pas douter. Ils vont tomber sur des joueurs qui ont faim et qui font la fierté du pays en ce moment », expose Trégoures. La modeste enceinte de Debrecen n’étant pas homologuée, la rencontre se déroulera ce soir à Budapest. Devant les 42 000 spectateurs du stade…Puskas. Evidemment.
Le palmarès du club de Debrecen
Champion de Hongrie : 2005, 2006, 2007, 2009
Coupe de Hongrie : 1999, 2001, 2008