"L’effet de surprise est total": pied fermé-premier poteau, on a décortiqué la "spéciale" de Kylian Mbappé

Pour Kylian Mbappé, l'action part d’une fixation précédée d’une accélération côté gauche, et se conclut souvent par une frappe soudaine que le Français exécute en refermant son pied droit au tout dernier moment pour placer le ballon près du premier poteau. Le gardien est battu, la plupart du temps sans même avoir eu le temps de plonger. La botte secrète du capitaine des Bleus.

La marque des grands
Enfin, plus si secrète, tant il l’a utilisée pour martyriser nombre d’adversaires (Real Madrid, Leipzig, Bayern Munich…) ces dernières années. Si bien que "la spéciale Mbappé" a imprégné le cerveau des défenseurs, désormais rongés par la peur et le doute quand ils voient l'attaquant du PSG s'avancer côté gauche. La marque des grands, pour Andy Delort.
"Tous les grands joueurs ont des spéciales comme ça", souligne à raison l'international algérien pour RMC Sport.
Il l’aime, il l’adore, mais ses adversaires la détestent, surtout quand ils sont livrés à eux-mêmes, telles des proies pour le prodige de Bondy, qui instaure un jeu psychologique avec le gardien et les défenseurs. Un bras de fer mental dont il sait qu’il sortira gagnant la plupart du temps.

Dernière victime en date sur la scène européenne? L’AC Milan et son défenseur anglais Fikayo Tomori, que Kylian Mbappé a fait danser sur l’ouverture du score parisienne au Parc des Princes, le 25 octobre, après un excellent travail du jeune Warren Zaïre-Emery. Un geste qui a fait basculer la soirée dans le bon sens pour le PSG. Ses adversaires ont beau être avertis du danger, quand Kylian Mbappé est lancé à pleine vitesse dans son duel, ses intentions restent très difficiles à lire.
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Mbappé, le maître des horloges
Car s’il n’est pas un grand dribbleur comme Neymar, la palette de Mbappé est suffisamment large dans son registre de percussion pour lui permettre maintenir le mystère jusqu’au dernier moment. "Il a un coup de rein extraordinaire, ses changements d’appuis sont vraiment au-dessus de la moyenne. Quand le défenseur le voit arriver, il se dit qu’il peut aller à gauche ou à droite, et Kylian joue de ça. C’est la distance de dribble au moment où il fait le dribble qui lui permet aussi d’avoir la notion du temps", témoigne Andy Delort.

Contre l’AC Milan, la fréquence d'appui qui précède le passement de jambes laisse à penser que le Français va s’orienter vers l’extérieur pour croiser du gauche. Mais comme souvent, Kylian Mbappé voit tout avant tout le monde, et semble remarquer que son vis-à-vis, sur le reculoir, est complètement esseulé à l’entrée de la surface, abandonné à son triste sort. Un autre joueur milanais pourrait couvrir l’intervention de son coéquipier qui fait face à Mbappé, en prenant une position qui permettrait de limiter cette possibilité d’enrouler dans la lucarne opposée, afin de faciliter le travail de Mike Maignan. Mais l’aide en question n’arrivera jamais.
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"C’est là que Mbappé est très fort, parce qu’il voit très vite, qu’il a une prise d’information exceptionnelle", s’émerveille l’ancien entraîneur des gardiens de Chelsea, Christophe Lollichon.
"Il a aussi une prise de décision et une vitesse d’exécution qui sont tout aussi exceptionnelles, ça fait trois choses exceptionnelles, ce qui rend l’équation compliquée." Pour Mike Maignan, elle est rapidement devenue insoluble. Tomori l'a bien aidé à couvrir le premier poteau dans un premier temps, avant d'ouvrir une fenêtre de tir à Mbappé en se jetant sur son crochet pour le contrer, mais le gardien n’a pas été en mesure lui non plus d’influencer Mbappé en lui donnant une fausse piste.
Comment le contrer?
La position centrale qu’il a adoptée pour protéger ses deux côtés lui a porté préjudice, selon Christophe Lollichon: "Mbappé sait où il est, il a déjà vu où était le gardien, il a pris une information périphérique pour savoir où était le défenseur placé dans l’axe. A partir de là, il est capable de faire très très vite, et c’est très très difficile à lire pour le gardien." Mike Maignan anticipe d’ailleurs une frappe enroulée avec des petits pas d’ajustements sur sa gauche, mais à peine a-t-il esquissé son mouvement que le ballon a déjà quitté le pied droit de Mbappé, direction le premier poteau.

"Son geste est magnifique, savoure encore Andy Delort. Il a une mobilité de la cheville qui est assez impressionnante. Il arrive toujours derrière son crochet à orienter son corps en donnant l’impression qu’il va tirer côté ouvert, et au dernier moment, il ferme." C’est l’affaire de millièmes de secondes. "Quand Maignan fait cet appui sur sa gauche, il agit comme s’il pensait que Mbappé pouvait l’enrouler, et au dernier moment, l’autre ferme son pied", analyse Christophe Lollichon.
"L’effet de surprise est total. Vous êtes mort. Maignan ne peut plus pousser sur ses jambes. C’est fini."

Que faire dans ce cas? "Il faut essayer de réduire, essayer de le mettre dans le trouble, de le gêner, estime Christophe Lollichon. Pour ce faire, je ne vois qu'une seule solution. Outre le fait d’avoir travaillé avec ses propres défenseurs, il faut fermer un peu plus le côté droit pour lui donner envie de la mettre à l’opposé. Il est capable de le faire, mais si un joueur occupe cet espace, ça va être un peu plus compliqué." Le match retour à San Siro ce mardi permettra de savoir si les Rossoneri ont retenu la leçon.