Le fiasco de Chelsea, le triomphe du Real de Zidane... Qu'ont fait les tenants du titre de la Ligue des champions la saison suivante?

En bonne position aux côtés du célèbre "l'important c'est les trois points" et du fameux "on prend les matchs les uns après les autres" trône un autre pilier de la langue de bois footballistique que tout suiveur du ballon rond a nécessairement entendu à de (trop) nombreuses reprises: "le plus dur n'est pas d'arriver au sommet mais de s'y maintenir". Un proverbe qui ne manquera pas de fleurir sur le bout des lèvres parisiennes devant lesquelles seront tendus des micros, maintenant qu'ils ont enfin réalisé leur rêve en remportant leur toute première Ligue des champions.
Pourtant, reconnaissons-le: si l'adage semble des plus convenus, il n'en est pas moins très vrai. Entre l'inévitable décompression post-titre, les conséquences de la fatigue accumulée tout au long d'une saison très (trop?) chargée et l'apparition d'une jolie cible dans le dos, parfaitement placée dans le viseur d'adversaires séduits par l'idée d'accrocher le scalp du champion à leur tableau de chasse, les raisons de l'échec sont nombreuses.
Le Real de Zidane, un ovni
Alors, que nous apprend l'histoire de cette compétition? Cette coupe aux grandes oreilles, si difficile à conquérir, est-elle encore plus compliquée à conserver? Si l'on revisite les 32 parcours des tenants du titre de la compétition depuis que celle-ci porte le nom de Ligue des champions, la réponse est un très net "oui".
En effet, une seule équipe a réussi à conserver son titre en C1 depuis 1993: le Real Madrid de Zinédine Zidane, qui s'est même offert le luxe de remporter cette Ligue des champions trois fois d'affillée (2016, 2017, 2018). Un authentique exploit qui risque bien de rester orphelin pour de nombreuses années.
Car pour le reste, les parcours des tenants du titre se sont plus souvent interrompus devant des supporters portant une petite laine de début de printemps que face à un parterre de fans en short et t-shirt sous le soleil de mai.
Dans le détail, plus de la moitié des tenants du titre n'ont pas passé le stade des quarts de finale (18 sur 32). Des quarts de finale en forme de destination finale de prédilection pour les champions en titre, avec 10 tenants éliminés à ce stade, dont 4 des 5 derniers.
Retrouver les frissons d'une finale européenne dès la saison suivante semble donc très compliqué pour les clubs titrés. Si l'on met de côté l'exceptionnel triplé du Real Madrid de Zidane, la dernière équipe à s'être qualifiée pour deux finales d'affilée est Manchester United, titré en 2008 et battu en finale par le Barça en 2009.
Pour certains en revanche, l'aventure peut même se transformer en cauchemar. Sans citer le destin de l'OM, titré en 1993 mais exclu de toutes compétitions européennes la saison suivante à cause de l'affaire VA-OM, on pensera à l'effroyable "saison d'après" de Chelsea en 2012-2013 qui, loin de confirmer le premier titre de son histoire en Ligue des champions, s'est vu montrer la porte en sortant dès les poules (3e derrière la Juve et le Shakthar Donetsk). Mais puisque les champions sont éternels, les Blues offriront à leurs supporters le plus magnifique des rebonds en remportant quelques mois plus tard la Ligue Europa dans laquelle ils avaient été reversés.
Le Bayern et City au sommet
Et si l'on se plonge dans le détail des résultats, on constate de grandes disparités entre les niveau de performance des tenants du titre. Avec chacun 8 victoires, un nul et une défaite, le Bayern Munich 2020-2021 et Manchester City 2023-2024 sont les deux équipes ayant affiché la plus belle moyenne de points (2,5 points par match). Deux parcours achevés, toutefois, dès les quarts de finale. Une preuve de plus qu'il ne s'agit pas tant de gagner de septembre à mai, mais de serrer le jeu aux moments importants, comme l'ont prouvé les Parisiens la saison dernière.
Les 5 meilleures moyennes de points des tenants du titre de la Ligue des champions
- Bayern 2020-2021, 2,50 pts/match
- Manchester City 2023-2024, 2,50 pts/match
- Juventus 1996-1997, 2,36 pts/match
- Real Madrid 2016-2017, 2,31 pts/match
- Barça 2015-2016, 2,30 pts par match
De l'autre côté du spectre, on peut constater que des résultats en dents de scie ne sont pas synonymes de fiasco assuré. On notera ainsi que le Real Madrid 2002-2003 aura réussi à se hisser jusqu'au stade des demi-finales, malgré un parcours poussif lors des phases de poules (un double match nul contre l'AEK Athènes, deux autres contre le Lokomotiv Moscou et sur la pelouse de Genk et une défaite à domicile face à la Roma). Autre évidence: Liverpool semble avoir beaucoup de mal à défendre ses titres, puisque les deux campagnes européennes des Reds suivant des années de titre en Ligue des champions émergent dans les cinq pires moyennes des tenants.
Les 5 pires moyennes de points des tenants du titre de la Ligue des champions
- FC Porto 2004-2005, 1,13 pt/match
- Inter Milan 2010-2011, 1,30 pt/match
- Liverpool 2005-2006, 1,50 pt/match
- Liverpool 2019-2020, 1,63 pt/match
- Real Madrid 2002-2003, 1,63 pt/match
Où le PSG se situera-t-il à la fin de la saison? Tout dépendra de la capacité des Parisiens à se remettre en selle malgré les blessures qui plombent ce début de saison. Mais ils vous le diront certainement: "il faudra prendre les matchs les uns après les autres". Et ça commence ce mercredi, face à l'Atalanta.