Malouda : « A Barcelone, c’était Fort-Alamo ! »

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Florent, 24h après l’exploit, comment analysez-vous la qualification de Chelsea pour la finale de la Ligue des Champions ?
Ce n’était pas une mince affaire. Malgré ce qui se dit sur les joueurs de Barcelone, ils sont quand même au sommet de leur art. On les a joués comme il y a trois ans, en essayant de limiter au maximum les espaces. Il faut être très concentré défensivement. Si on laisse un espace, ils l’exploitent. Il faut très au point physiquement. Malgré ce que l’on dit, notamment au match aller, ils ont eu beaucoup d’occasions en plus de la possession…
Quelles sont les différences avec la demi-finale perdue contre le Barça en 2009 ?
On a l’impression que les choses ont tourné en notre faveur. C’est une belle revanche par rapport à 2009. Ce qui fait la différence, c’est justement cette réussite et le facteur confiance. Si on les avait joués il y a trois semaines avec un Messi en feu, ça n’aurait pas été la même chose. C’est une bonne revanche par rapport à 2009. Se qualifier chez eux en marquant dans les dernières secondes, ça avait une saveur particulière.
Comment aviez-vous décidé d’aborder ce match ?
Quand on joue le Barça, on n’a pas vraiment le choix. J’ai vu l’Inter jouer défensivement, le Real Madrid aussi. Les meilleures équipes au monde souffrent. Les Brésiliens de Santos ont pris une valise (4-0 en finale du mondial des clubs 2011, ndlr). On ne va pas donner une leçon de football au Barça au niveau de la possession. Mais sur l’efficacité et avec d’autres valeurs, on peut passer. Ça aurait été une grosse erreur que de vouloir jouer comme eux.
« Ce qui compte, c’est le titre »
Chelsea confirme son statut de « bête noire » de Lionel Messi…
C’est étrange. Il n’y a pas d’explication rationnelle. Il a eu un penalty, il a tiré sur le poteau… Il est dangereux en permanence. Même s’il n’y a pas de système anti-Messi, chaque personne qui est dans sa zone fait attention à ne pas se faire ridiculiser.
Que s’est-il-dit à la mi-temps, alors qu’il fallait tenir encore 45 minutes à 10 contre 11 après l’expulsion de Terry (37e) ?
A la mi-temps, je faisais des longueurs sur le terrain, j’avais envie de jouer. Je n’ai pas tout entendu. Le super but de Ramires (45+1) nous met dans une position où même à dix il faut s’accrocher. A 2-0 à la mi-temps en étant à 10, on aurait eu l’obligation d’aller marquer ce but, alors que là c’était Fort-Alamo. On pouvait tenir en se disant qu’on était à 45 minutes d’un exploit. C’était héroïque. C’est ce qu’on s’était dit entre les deux matches. On s’était préparé à souffrir, on a souffert jusqu’au bout.
Et à la fin du match ?
Il y avait de la joie, un sentiment de revanche par rapport à 2009. Mais en même temps, on se dit qu’on a été en finale en 2008, on sait d’où on vient. Le but, c’est de préparer la finale. On est content, on savoure, on revient de loin, mais on veut gagner. Ce qui compte, c’est le titre.
Vous êtes qualifiés pour la finale de la Cup, de la Ligue des champions et encore en course pour la 4e place en championnat. Est-ce une saison exceptionnelle ?
Les titres vont décider si la saison est exceptionnelle. Si on fait des finales et qu’on n’en gagne aucune, il aura de la déception. Il y a eu des turbulences cette année. On a changé d’entraineur. Mais à l’arrivée, on est un grand club et on est présent pour remporter des titres. En championnat, même si on est largué depuis longtemps, on essaie de se qualifier au moins pour le tour préliminaire de la Ligue des champions. Ça va être chaud ! Ce n’est pas une année tranquille.
« J’ai envie de jouer la finale »
A titre personnel, comment acceptez-vous votre statut actuel de remplaçant ?
Je n’accepterai jamais d’être remplaçant, sinon c’est la préretraite… J’ai mes arguments quand j’entre sur le terrain. Je ne suis pas quelqu’un qui polémique. La situation, je la connaissais en début de saison. Chaque match que j’arrive à faire est une victoire personnelle. Les choses changent très vite. L’an dernier j’étais meilleur buteur du club, cette année je me retrouve remplaçant avec un temps de jeu limité. Sur la durée, c’est un club où il faut être et où j’ai réussi à m’imposer.
Pensez-vous à une place de titulaire en finale, avec tous les suspendus dont va devoir se passer Chelsea (Terry, Ramires, Ivanovic, Meireles) ?
Tout est possible ici. Je suis prêt, je suis compétitif. J’ai envie de jouer. L’entraineur va décider. Maintenant, cette année, j’ai vécu un ou deux quarts de finale en tribune, une demie sur le banc… C’est la première saison comme ça pour moi. Je m’attends à tout. Des finales j’en ai jouées, j’en ai perdues aux penalties…
Serez-vous toujours un Blues la saison prochaine avec Didier Drogba ?
Didier, je ne sais pas. Il est en fin de contrat. Avec ce qu’il fait en ce moment, il aura l’embarras du choix. Il est là depuis huit ans. Je ne sais pas ce qu’il a décidé. Moi, il me reste un an, je pense aller au bout de mon contrat, comme ça je pourrais aussi décider de mon avenir sans que le club pose des conditions. Il n’y a qu’à regarder, même Nico (Anelka, ndlr) est allé au bout de son contrat. Quand je vois ce que je vis en ce moment, c’est quand même positif, je suis venu pour jouer des matches comme ça.
« Je serais déçu de ne pas aller à l’Euro »
Un retour en France est-il envisageable ?
Tout est possible, mais ce n’est pas quelque chose que je planifie. L’an prochain, j’aurai vraiment la possibilité de choisir. J’ai envie de rester à très haut niveau. J’ai envie de découvrir d’autres pays, notamment le Brésil. Je veux rester encore un peu en Europe, jouer la Ligue des champions. Je pense très fort à 2014 (année de la Coupe du monde au Brésil, ndlr) donc il faut que je sois à très bon niveau.
Le PSG pourrait-il être une option ?
Je connais bien l’entraineur (rires). On en a déjà parlé ensemble. La réponse va rester entre nous… Carlo Ancelotti (ancien entraîneur de Chelsea) est quelqu’un que j’apprécie beaucoup, je ne sais pas si c’est quelque chose de possible. Mais honnêtement, on ne l’a pas envisagé.
Un dernier mot sur vos chances de participer à l’Euro 2012…
J’ai toujours montré mon implication et mon attachement à l’équipe de France, malgré des débats que j’ai toujours connus pendant ma carrière internationale. Je serais déçu de ne pas y aller. Je me suis préparé, j’ai participé à la qualification. Seul Laurent Blanc a les réponses. Tous les joueurs qui ont participé à la qualification se préparent. Pour moi, la stabilité était le meilleur gage pour bien préparer l’Euro. Je ne vis pas avec la peur de ne pas y aller. Je suis prêt.