Morientes : « Recruter des stars ne fait pas tout »

Comme avec Monaco en 2004, l'attaquant espagnol retrouve le Real Madrid, dont il a porté le maillot pendant huit ans. - -
Fernando, sincèrement, une victoire de l’OM à Santiago Bernabeu est impossible, non ?
Non, dans le football, rien n’est impossible. Ce sera très difficile, c’est certain. Mais le Real Madrid a aussi ses points faibles. Je crois qu’on peut aussi leur faire mal même si, incontestablement, les joueurs du Real ont un niveau technique difficilement surmontable. Si l’on parvient à contenir leur jeu offensif, il y aura ensuite des lacunes à exploiter. On doit surtout tenir les 15 ou 20 premières minutes, pendant lesquelles la pression sera forte, comme toujours lorsque le Real joue devant son public.
Qu’attendez-vous de cette rencontre, pour votre équipe, et à titre individuel ?
J'aimerais que l'OM montre une belle image du football français au public espagnol. En Espagne, on pense toujours que les championnats anglais, italiens et espagnols sont au dessus. Quand un club français fait un bon match en Espagne, c'est l'occasion de marquer les esprits des supporters espagnols. A titre personnel, c’est sûr que mettre un but au Santiago Bernabeu serait vraiment un moment spécial pour moi…
C’est au Real Madrid que vous avez passé vos meilleures années de footballeur ?
Oui, sans aucun doute. C’est dans ce club que j’ai grandi comme joueur et comme être humain, tout simplement… D’ailleurs, la plupart de mes titres les plus importants, je les ai eus avec ce maillot. Donc je suis très fier de ces 8 années sous le maillot blanc du Real. Je reste d’ailleurs en contact avec plusieurs joueurs. Il n’en reste pas beaucoup de mon époque à Madrid mais, de temps en temps, j’appelle Iker (Casillas, NDLR), Guti, Raul…
Chaque année, on promet le banc de touche à Raul, et finalement il joue, il marque. Raul est-il éternel ?
(Rires) Non, personne n’est éternel dans le football. Mais il est vrai que Raul a ce petit quelque-chose que les autres n’ont pas. Il a un charisme impressionnant dans le vestiaire et dans le « Madridismo ». Mais, évidemment, l’âge ne pardonne pas et un jour il devra céder sa place… Pour lui, le Real représente plus qu’une équipe, c’est un sentiment. Dans le football on dit souvent que les joueurs doivent se battre pour l’emblème de leur équipe. C’est plus facile pour un homme comme Raul, qui a joué toute sa vie dans le même club.
Et Benzema, va-t-il réussir au Real Madrid ?
Je pense, oui. Mais il aura besoin de temps. Ce n'est jamais facile de s'adapter à un club comme le Réal Madrid. Benzema est encore un jeune joueur, un attaquant de grande classe, certes, mais il ne peut pas tout casser d'entrée. A Madrid, la difficulté est qu'il faut prouver ses qualités... sans trop tarder, car dès que les choses se passent mal, ils peuvent être tentés d'acheter un autre attaquant.
Les 94 millions d’euros dépensés par Florentino Pérez pour Cristiano Ronaldo ne vous ont pas choqués ?
Si, bien sûr. C’est fou, c’est une somme d’argent impressionnante pour un joueur de football. Mais j’ai toujours dit que dans le monde du foot, la seule chose qui génère de la joie chez les supporters, ce sont les grands joueurs. Un club a beau recruté un grand directeur général, un grand responsable des relations publiques, quelqu’un qui s’occupe du merchandising… mais il n’y a qu’un grand joueur qui donnera du plaisir aux gens. Le Real avait besoin de ça cette saison, après les 3 titres obtenus par l’adversaire N°1, le Barça. Et je suppose que si le Real a investi autant d’argent, c’est en espérant que cela sera rentable, grâce aux recettes, à la publicité, aux droits télé, à la vente de maillots, etc.
Le Real de cette saison peut-il être le meilleur Real de tous les temps ?
C’est impossible à dire maintenant. Il est vraiment difficile de faire jouer ensemble autant de grands joueurs. Je fais partie de ceux qui pensent qu’une équipe compacte prime avant le niveau individuel des joueurs. Recruter des stars ne fait pas tout. Barcelone a fait une saison exceptionnelle avec des joueurs formés au club…
Et vous, Fernando, comment vous sentez-vous ?
Vous espériez plus de temps de jeu… Ma priorité est déjà de me sentir bien physiquement. Tant que ce n’est pas le cas, mieux vaut ne pas jouer ou très peu… Cela viendra avec le temps et si je retrouve mon niveau rapidement, tant mieux. Si l’attente est longue, cela peut m’amener à douter, mais je reste déterminé à marquer de nombreux buts pour l’OM. Heureusement, Didier Deschamps me connaît parfaitement. Mais il n’en reste pas moins très exigeant. S’il ne me trouve pas bon, il ne va pas me faire jouer. C’est logique.
Comment se passe votre adaptation à la vie marseillaise ?
J’ai quitté il y a peu l’hôtel pour aller vivre dans une maison avec ma famille. C’est important d’avoir son chez soi. Je commence à m’adapter à la ville, à la langue… J’ai dégusté de bons plats français, mais à la maison, on continue à manger des repas espagnols ! J’ai vécu trois ans à Valencia et je suis devenu un passionné de la paella. Mais je dois aussi manger léger. Si je mange un plat de « garbanzo » (pois chiches, plat typique espagnol) avant l’entrainement, je risque de mourir !