PSG-Chelsea : quatre mois après, le supporter agressé se sent lâché

Souleymane S. a le sentiment que les Anglais veulent étouffer l'affaire. - AFP
Le 17 février dernier, Souleymane S., un Franco-Mauritanien de 33 ans, se faisait agresser dans le métro parisien par des supporters anglais de Chelsea en marge du huitième de finale aller entre le PSG et le club londonien. Le passager de couleur noir, qui rentrait du travail, s’était fait refouler du métro à la station Richelieu-Drouot à coups de cris racistes. "Nous sommes racistes, nous sommes racistes et c'est notre façon d'être !" avaient alors entonné ces pseudos-supporters de Chelsea.
Enregistrée sur smartphone et rapidement diffusée sur les réseaux sociaux, la vidéo de la scène prise sur le vif avait choqué l’opinion publique, en France comme outre-Manche. Dans la foulée, Souleymane avait porté plainte et le parquet avait ouvert une enquête.
Souleymane : « Je pense que les Anglais veulent étouffer l’affaire »
Quatre mois sont passés et rien n’a bougé. Souleymane S. a reçu RMC sport chez lui, à Goussainville, pour faire le point sur sa situation.
« Pour le moment, il n’y a rien, explique-t-il. Du côté anglais, j’ai reçu un mail le 15 mai pour me dire que je serai convoqué le 15 juillet pour monter un dossier. Mais jeudi matin (le 11 juin), j’ai appelé la police anglaise pour savoir où en était la procédure, ils m’ont répondu que ma convocation avec mon avocat a été annulée. Je pense qu’ils veulent étouffer l’affaire. Mon avocat est abasourdi, comme moi. »
Médicaments, peur et psychologue
L’annulation de cette convocation est un nouveau coup dur pour Souleymane. Le jeune homme, père de famille, est en arrêt maladie depuis l’agression et sous l’emprise de médicaments.
« J’ai été bouleversé par cette agression et depuis quatre mois, rien n’a été fait. C’est ce qui me fait mal aujourd’hui poursuit Souleymane S. qui voit régulièrement un psychologue. Ma vie ne dépend que des médicaments. Je suis traumatisé et je me retrouve prisonnier chez moi alors que ceux qui m’ont agressé sont dehors et n’ont pas été jugés. Encore aujourd’hui, quand je prends le métro, je suis reconnu et je suis le fameux noir qui a porté plainte. J’ai encore des supporters de Chelsea qui m’insultent. Ça fait peur, mais je veux lutter. »
Silence radio du côté de l’Elysée
Souleymane veut que ses agresseurs soient jugés. « C’est peut-être ce qui me permettra de passer à autre chose, même si la cicatrice sera toujours là. Je veux qu’il se passe quelque chose. J’ai l’impression qu’il y a du laisser-aller. »
A l’époque de son agression, Souleymane S. avait été soutenu personnellement par le président de la République, François Hollande. Mais depuis, même du côté français, il n’a plus de nouvelle. « Je sais que son emploi du temps est chargé, mais qu’il sache qu’un père de famille est en prison chez lui. » A ce jour, l’enquête semble donc au point mort.