Riolo: "Le Real passe toujours !"

Daniel Riolo - -
Avec le 2-1 de l’aller, le Real était dans une situation idéale au Bernabeu.
L’idée première semble une prise en main du match par le Bayern. Le retour de Lewandowski, la présence d’un vrai 9, c’est l’atout sportif et psy de l’équipe allemande.
Le Bayern commence fort. Le bloc est haut, la volonté de récupérer le ballon vite est là. Zidane a opté pour un original milieu en losange. Isco en 10 derrière Ronaldo et Benzema. Difficile de savoir si c’est ça qui donne cette physionomie au match, si c’est ça qui donne cette nette domination allemande. En tout cas, le Real change vite et revient au 4-3-3. L’emprise reste néanmoins allemande. Comme la semaine dernière, le Bayern domine la première période. Les Allemands font beaucoup de renversements de jeu pour bouger le Real. Alaba et Lahm jouent en ailiers. Le souci, c’est qu’à côté d’eux, Robben et Ribery ne sont plus aussi forts qu’avant. Ribery est hyper dispo, déterminé, bon dans sa première percussion, mais moins dans la zone décisive. Robben, lui, est moins tranchant, son jeu est stéréotypé. Autre souci, Alaba (c’est rare) peine techniquement.
Sans jamais paniquer, le Real cherche à utiliser au mieux le peu de ballons que lui laisse l’adversaire. Et quand on a des joueurs de ce niveau, avec peu, on fait beaucoup. Et à une domination d’ensemble, dans le jeu, du Bayern, le Real répond en se procurant les plus belles occasions.
Le match est d’une grande intensité. La domination du Bayern s’estompe. Le Real est techniquement très à l’aise, mais c’est la confiance et le calme de cette équipe qui m’impressionnent.
Le niveau est tellement élevé, les lignes tellement proches, que ça se joue sur les ballons de récupération, la transition. C’est une sorte de « pavillon témoin » du foot moderne. La recherche de l’espace est vitale. L’autre élément clé, c’est le physique. Jouer à ce rythme, c’est aussi jouer à qui craque le premier !
C’était grand, ça devient immense quand dès la reprise, le Bayern marque. On pouvait craindre une baisse physique des Allemands comme à l’aller, mais c’est le contraire. C’est encore plus pressant. Et c’est toujours côté gauche que le Bayern insiste. Alaba attaque sans arrêt et Carvajal est trop seul. Le positionnement d’Isco pose problème.
Le Real n’arrive pas à défendre et recule de plus en plus sur le terrain. Zidane le voit et sort Benzema pour un milieu qui va travailler. Un changement tactique. Densifier le milieu et attendre le contre opportun, c’est désormais la seule arme du Real. Zidane opte pour un 4-5-1. C’est plutôt un 4-1-4-1 avec Ronaldo seul devant.
Accepte-t-il ainsi de souffrir ? De tenir le résultat ?
Ancelotti, lui, n’a plus le choix. Il doit attaquer. Usé, Ribery laisse sa place à Douglas Costa.
Les changements de Zidane permettent au Real de mieux bloquer les côtés. Ancelotti répond en mettant Müller dans l’axe près de Lewandowski.
Mais on peut faire tous les changements du monde, quand on a Ronaldo, tout est plus simple. Sur une action anodine, un centre pénible, il arrive pour mettre la tête ! C’est incroyable. Totalement dépassé, le Real se sauve ! C’est bon, c’est fini ?
Non, ce match est énorme. Fantastique ! Dans la minute qui suit, Ramos marque un CSC improbable ! 2-1 pour le Bayern ! Ancelotti demande du calme à son groupe. Il faut sortir de la folie ambiante.
Le Bayern continue d’être dans le camp du Real. L’égalité au score est là, mais le Bayern ne veut pas changer son attitude sur le terrain.
Peu avant la fin, Vidal prend un rouge. C’est contestable, mais c’est là. Le Bayern est à 10. Pour la prolongation qui s’annonce, c’est un énorme coup dur.
Ancelotti change ses plans. Maintenant il veut tenir ce 2-1. Lewandowski sort pour Kimmich. C’est tactiquement logique.
Le Real veut désormais aller chercher le but salvateur avant la prolongation. Sur le banc, Ancelotti demande encore du calme et la gestion du temps.
Ce match est fabuleux. Combien de joueurs énormes ? Hummels, Lahm, Alaba, Alonso, Marcelo, Ronaldo, il faudrait tous les citer. Des deux côtés, l’importance des latéraux est à mettre en avant !
Le Real commence la prolongation avec un gros avantage. Que va pouvoir faire le Bayern, usé et à 10, à part défendre et attendre la séance de tirs au but ?
Le début de la prolongation dément cette idée. Le Bayern est réorganisé et n’est pas là pour reculer.
Le match perd forcément en intensité mais gagne en charge émotionnelle. Le Bayern ferait un beau vainqueur moral, mais le foot se fout souvent de ce genre de considérations. Même à 11 contre 10, le Real peine à dominer son sujet. Mais il y a Ronaldo ! Toujours ! Oublié une seconde et but. Enfin oublié, non. Car le défenseur du Bayern ne l’oublie pas. Alaba fait un pas en avant pour le mettre hors-jeu ! Ça passe quand même. Le Bayern n’en peut plus. C’est trop. L’énorme Marcelo place une percée fantastique et sert Ronaldo ! 3-2. Cette fois, c’est terminé. Le Bayern est mort. Le Real s’en sort toujours ! 3-2 puis 4-2.
Forcément, il y a un goût amer. L’arbitrage a été mauvais. Très mauvais. On a vu le Barça contre le PSG, on voit le Real devant le Bayern. C’est beau l’Espagne. Mais bon… Cet immense match méritait un autre arbitrage qu'un vulgaire "sifflet maison".
Plus tôt dans la journée, le PSG est allé remporter un très précieux succès à Metz. Après une très belle première période, le PSG s’est écroulé. Deux buts, une belle maîtrise, un tas d’occasions et beaucoup de suffisance. Paris a manqué de peu de s’effacer de la course au titre. Un coup franc sur la barre dans les arrêts de jeu des Messins, suivi d’un but à la 93e de Matuidi, voilà le résumé des folles dernières minutes. Je ne retire rien des critiques qu’il faut adresser à Paris, mais le PSG s’en est sorti. Quand c’est Monaco qui s’en sort d’un rien contre Angers, puis contre Dijon, c’est formidable. Quand le Real accumule ce genre de scénario contre des « petits » en Liga, c’est bien. Mais quand c’est le PSG, ça frise la honte ? C’est, je crois, un brin injuste. Dans cette fin de championnat, le PSG accumule les victoires et reste impliqué dans la course au titre. Ce but inespéré du bon soldat Matuidi comptera certainement dans cette fin de saison…
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