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Taxe à 75% : la théorie de la « catastrophe »

Clément Grenier

Clément Grenier - -

Matignon l’a confirmé ce mardi, les clubs de football seront bien concernés par la taxe à 75% pour les salaires de plus d’un million d’euros. Une décision qui fait grand bruit et qui, selon l’agent de joueurs Frédéric Guerra, aura pour conséquence une chute vertigineuse du niveau de la Ligue 1.

Vers un championnat de niveau Ligue 2 ?

Frédéric Guerra, qui gère notamment les intérêts de Balmont, Grenier, Gonalons et Umtiti, n’hésite pas à parler de « catastrophe pour le football ». La raison est double : la taxe rend la Ligue 1 - qui n’était déjà pas au mieux à ce niveau - moins concurrentielle en termes de salaires. Pire, elle devrait inciter les clubs à pousser vers la sortie leurs meilleurs éléments. « On va devenir la réserve de l’Europe. Globalement, on est à peu près certain de perdre la plupart de nos joueurs français. En ce moment même, j’ai trois négociations en cours sur des joueurs très importants. Ce ne sont pas des joueurs gourmands, ils ont envie de rester en France et ils se disent qu’ils sont trop jeunes pour partir à l’étranger. Or, les salaires qu’ils perçoivent actuellement dépassent ce taux d’imposition. Donc il n’y a plus de négociation possible. Les clubs ne se battront même pas pour les conserver à cette base, car ils seront désormais handicapés deux fois, par le salaire qu’ils doivent verser, plus par la taxe. Avant, certains clubs pouvaient encore être concurrentiels en termes de salaires, mais c’est fini. Les joueurs vont partir. Les jeunes ne partiront plus à l’étranger pour découvrir. Ils partiront par obligation. Parce que leurs employeurs ne sauront pas comment faire pour les garder. On va se contenter de matches de niveau Ligue 2, National. C’est une vraie perte pour la culture foot en France. »

L’exemple Florent Balmont

Pour illustrer l’impact de cette taxe à 75% qui reposerait sur les entreprises, l’agent s’appuie sur le cas Balmont. Joueur de Ligue 1 par excellence, qui pourrait prendre part à l’exode. Pas par choix, mais bien par « loi ». « Le portrait-robot du joueur qui va partir à l’étranger, c’est un joueur qui est en équipe de France, jeune ou moins jeune, un joueur qui se plaisait en France. Florent Balmont a fait toute sa carrière en France. Est-ce que demain, alors qu’il lui reste deux années de contrat à Lille, il sera encore motivé pour rester ? Je pense que oui. Mais est-ce que le club de Lille aura envie de conserver un joueur qui, arrivant dans les dernières années de sa carrière, gagne des sommes qui dépassent ce que préconise la loi ? Je ne suis pas certain que le LOSC va vouloir garder un joueur comme ça. Des Florent Balmont, aujourd’hui, le championnat de France en a plein. Quand on les voit jouer, c’est un régal. Ils tirent le championnat vers le haut, mais ça ne suffira plus. »

La formation à la française… pour les autres

Si Guerra utilise l’exemple de Balmont pour décrypter les conséquences de la loi, il n’oublie pas que les plus jeunes seront aussi directement concernés. « Même un joueur de 17 ans pourra être amené à partir. C’est un assèchement de la Ligue 1. C’est aussi une remise en cause de tout le travail préparatoire qui a été fait dans les centres de formation. Il ne faut pas oublier que la France est dans les premiers au monde. Lyon est deuxième en Europe derrière Barcelone. Les présidents diront qu’il faut former, former, former… On vendra ce qui est vraiment très bon parce qu’on ne pourra pas payer. Et on jouera avec les moyens parce qu’ils ne mériteront pas de gagner des sommes importantes et ne rentreront pas dans le cadre de la loi. »

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A.T. avec Edward Jay