Montpellier: A la Paillade, les années passent mais l’esprit reste

174 jours après, Montpellier va retrouver la Ligue 1. Un déplacement à Rennes, là ou Montpellier avait terminé la saison dernière par un naufrage (5-0). Montpellier attaque cette nouvelle saison, la 12e consécutive en Ligue 1, avec l’ambition de jouer les troubles fêtes. Un recrutement intelligent (Mavididi et Omlin) et une recette vieille comme la Paillade : la confiance aux anciens.
Crée en 1974 par Louis Nicollin, Montpellier a toujours eu l’image d’un club un peu à part, un club familial comme on en voit peu en Ligue1. Un club incarné par un homme, Louis Nicollin. Avec un fonctionnement bien à lui. Entre deux personnes à compétence égale, le MHSC a toujours privilégié un ancien de la maison. Initié par Loulou, cette politique est poursuivie avec réussite par Laurent Nicollin.
De nouvelles têtes vont arpenter dans quelques jours les travées de Grammont. John Utaka et Henri Bedimo rejoignent la longue liste des anciens au club. Les deux champions de France 2012 viennent d’intégrer le centre de formation. Et les chiffres ne mentent pas. Ils sont 26 anciens joueurs ou joueuses du MHSC à occuper aujourd’hui un poste à la Paillade (liste en bas de l’article). L’un des chiffres les plus élevées à travers tous les championnats européens. Que ce soit dans l’équipe professionnelle, dans l’encadrement, à la formation au recrutement ou dans l’administratif. Et pour Laurent Nicollin, ce fonctionnement est naturel. "Le but c’est de rendre à ceux qui nous ont servi sur le terrain. Quand il y a de la compétence, que les gens ont joué chez nous et qu’ils ont été de bons ambassadeurs, il n’y a pas de raison de ne pas joindre l’utile à l’agréable C’est toujours plus intéressant que nos jeunes actuelles soient encadrés par des anciens qui ont joué au club."
Le digne héritier
C’est Louis Nicollin qui a lancé cette idée presque dès la création du club. Loulou aimait être entouré de ses proches. Il a fondé le club avec son ami Bernard Gasset (papa de Jean-Louis, formé à Montpellier) et a toujours eu des anciens joueurs près de lui. Michel Mezy, précurseur en tant que joueur qui intègre le staff, se souvient: "Pour transmettre aux équipes de jeunes, pour transmettre aux équipes dirigeantes, nous avons décidé qu'il fallait mettre les anciens joueurs qui avaient été assez performants avec le club. L'idée était de perpétuer à partir des équipes de jeunes jusqu’à l’équipe pro une certaine identité et surtout une certaine façon de faire." Laurent Nicollin a été bercé par ce fonctionnement. Quand il était pupille au club, c’est Jean-Louis Gasset qui l’entraînait. Et si aujourd’hui, il se démarque dans la manière de présider le club au quotidien, il s’est inscrit dans la continuité concernant les anciens: "il est le digne héritier, c’est une continuité remarquable. Je crois que c’est un état d’esprit. L’état d’esprit soufflera toujours. Je pense que chacun s’entoure des gens qu’il souhaite puis après il a des vieux comme moi qui sont sages", confie Michel Mezy. Mezy, aujourd’hui conseiller spécial du président, incarne cet héritage. C’est dans son bureau, qui surplombe le terrain d’entraînement, que se déroule les réunions de travail pour préparer l’avenir du club. Au tour du doyen, Nicollin, Der Zakarian, Delaye et Carotti qui loue le travail de Mezy: "On est chapeauté par Michel qui nous vu grandir et nous a vu jouer. Il nous surveille, il nous guide."
Une garde rapprochée
Loulou a toujours fonctionné en binôme avec Mezy. Un duo parfois volcanique. Laurent Nicollin lui a constitué un petit groupe de travail avec des joueurs dont il était proche. Bruno Carotti, Philippe Delaye et Jean-Christophe Rouvière sont de la même génération que Laurent. Le président leur a laissé le temps de trouver leur place. Aucun des trois ne voulaient retourner sur le terrain. Ils ont donc appris un nouveau métier, passés des diplômes et montrés surtout leur compétence. Carotti a structuré le groupe professionnel. Rouvière s’est dans un premier temps occupé de la Mosson et a mis en place des moyens pour essayer de remplir le stade. Son poste a évolué avec le temps. Il s’occupe maintenant du développement. Car avant d’être des proches, ce sont des personnes compétentes. Le club ne promet rien aux anciens. Il faut faire sa place et ses preuves. Laurent Nicollin tient à le rappeler: "Si on estime que la personne n’est pas compétente et n’apporte pas le plus qu’elle doit apporter, on part sur quelqu’un d’autre. Je suis gentil, j’aime les gens mais il faut un minimum de compétences et travailler à côté. Ce n’est pas parce que tu es un ancien de la Paillade que c’est un blanc-seing et que tu seras à vie au club." Et quand les anciens ne sont pas salariés, le club ne les oublie pas pour autant. En ce moment, Geoffrey Jourdren et Henri Bedimo (tous les deux champions de France) sont à Grammont (le centre d’entraînement de Montpellier). Ils sont en train de passer leur formation pour passer leurs diplômes d’entraîneurs. Le club leur a donc ouvert les portes. Avant d’intégrer le centre, Henri Bedimo avait demandé l’aide du club pour monter son académie au Cameroun. L’Academy foot de Douala a ainsi vu le jour en 2018 et le MHSC en est le partenaire. D’ailleurs Claude-Michel Eboumbou Dikopo, issu de l’académie, joue avec la réserve de Montpellier.
La récompense des résultats
Depuis le retour de Michel Der Zakarian en 2017, Montpellier a systématiquement fini dans les 10 premiers. Une performance par rapport au budget du club. Il travaille main dans la main avec Bruno Carotti. Les deux hommes ont joué ensemble sous le maillot de Montpellier. Ils se connaissent parfaitement et identifient rapidement les besoins de chacun. Depuis le retour de Der Zak, le recrutement est une parfaite réussite. Les rapports entre eux sont simplifiés: "on se connaît car on a passé de nombreuses années ensemble. Quand ça va un peu moins bien, ça évite certains conflits parfois inutiles. On se dit plus facilement les choses et on va à l’essentiel pour le club. Ça facilite les choses", détaille Bruno Carotti. Tous les anciens tirent dans le même sens, le club avant tout. "Les pros sont la locomotive et nous on est là pour mettre le charbon, schématise Jean-Christophe Rouvière. On est là pour les rendre les plus performants. Ce sont des choses qui sont naturelles pour nous, qu’on a dans notre ADN. On a vraiment cette objectif commun : c’est d’aller le plus haut possible ensemble." Et depuis quelques saisons, la Paillade titille l’Europe. Avec l’arrivée de Mavididi et Omlin, la prolongation des cadres et la volonté de créer un stade, Montpellier devient un prétendant légitime à une qualification. Mais même si ce n’est pas encore pour cette année, Laurent Nicollin ne changera pas sa méthode: "Tant que je serais président ou qu’un Nicollin est la tête du club, ça sera notre fonctionnement." On connaît d’ailleurs déjà les suivants qui vont intégrer le club. Souleymane Camara, qui vient de mettre un terme à sa carrière, et Vitorino Hilton, qui refait encore une fois une dernière saison, pourront s’ils le souhaitent intégrer le centre de formation pour faire leurs armes.
Les anciens dans le club.
Michel Mezy : conseiller du président
Robert Nouzaret : responsable cellule recrutement du centre de formation. Il vient de prendre sa retraite
Michel Der Zakarian : entraîneur
Pascal Baills : entraîneur adjoint
Franck Rizzetto : entraîneur adjoint
Bruno Carotti : directeur sportif
Philippe Delaye : Coordinateur sportif
Jean-Christophe Rouvière : directeur développement
Bruno Martini : directeur adjoint du centre de formation
Frédéric Mendy : entraîneur des féminines
Dominique Deplagne : entraîneur des gardiennes
Nenad Dzodic : superviseur
Wilbert Suvrijn : superviseur pour le centre de formation
Stéphane Blondeau : superviseur pour le centre de formation
Serge Delmas : superviseur pour le centre de formation
Stéphane D’Angelo : superviseur pour le centre de formation
Romain Pitau : entraîneur National 2
Frédéric Garny : entraîneur U19
Michel Rodriguez : entraîneur U17
John Utaka : spécifique attaquant au centre de formation
Kader Ferhaoui : entraîneur U19 féminine
Patrick Chauvry : responsable vie quotidienne du centre de formation
Henri Bedimo et Geoffrey Jourdren en formation au centre
Hoda Laalami-Lattaf : Equipements
Elodie Ramos : Accueil, secrétariat
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