Pape Diouf : « Le football français est raciste »

Pape Diouf - -
Pape Diouf, que pensez-vous des révélations faites ce jeudi par Mediapart ?
J’ai pris connaissance de ce débat qui est, à mon sens, un faux débat. La vérité est simple. Le football français est à l’image de sa société. Il est raciste et il exclut. Quand on voit que des joueurs noirs dotés d’une grande capacité de suggestion prétendent un jour embrasser la carrière d’entraîneur, on n’en veut pas. Et qu’on ne vienne pas me citer les exemples de Jean Tigana et d’Antoine Kombouaré pour contredire mes propos.
Vous ne semblez pas du tout étonné par les révélations de Médiapart ?
Non, pas du tout. Je ne dis pas qu’elles sont vraies mais, en tout cas, elles reflètent totalement la réalité de l’heure et du moment. Il a fallu l’émergence d’une équipe comme l’Espagne pour voir certains oser susurrer cette idée. Mais je renvoie ces gens-là, qui pensent que cette équipe est technique et forte parce qu’elle est composée de joueurs blancs de petit gabarit, au Brésil de 1970 avec Pelé, Carlos Alberto, Jorginho... l’équipe collectivement la plus forte de l’histoire du football. Et puis il ne faut pas oublier les conditions de vie.
Que pensez-vous de Jean Tigana, qui a refusé de s’exprimer sur le sujet et qui a juste affirmé « faire partie de la famille du football français » ?
Il a le droit de ne pas s’exprimer. Je fais aussi partie de la famille du football français. Mais cela n’empêche pas de dire ce que l’on pense et ce que l’on ressent. Ce qui apparaît comme une formidable information aujourd’hui n’en est pas une.
Quelles seront, selon vous, les suites de cette affaire ?
Il y aura démenti sur démenti. Voyez-vous un seul responsable fédéral dire que les choses-là se sont vraiment passées ? Jamais de la vie. On sait ce qui va se passer et on finira par dire que ce n’était que des choses inventées. A moins que ceux qui ont réalisé cette enquête montrent des preuves tangibles de ce qu’ils avancent. En tout cas, je n’ai pas attendu cet article pour me faire une idée de la question.
Du temps où vous étiez président de l’OM, ce genre de choses s’était-il produit ?
Ecoutez… On ne me l’aurait certainement pas montré. On aurait fait preuve, je pense, d’un peu plus de finesse.