Pierre Samsonoff: "On a l'impression d'une fédé qui est distante du football de base"

Pour quelle raison avez-vous décidé de vous porter candidat à la Fédération française de football?
Alors d'abord, ce n’est pas moi qui me porte candidat, c'est une équipe qui me porte candidat. Et c'est une équipe qui travaille depuis quelques mois maintenant ensemble qui est constituée de représentants du foot amateur notamment, mais aussi du foot pro. Et qui fait le constat d'une part que la Fédération a besoin de bouger, a besoin de changer un certain nombre de ses modes de fonctionnement. Et puis que d'autre part, il faut que le débat démocratique vive, il y a une élection qui se présente. C'est la première fois que les clubs voteront lors de cette élection. Et on a besoin d'une fédé qui échange vraiment sur ce que sont ces problématiques. Donc comme on a des propositions à porter qui ne sont pas aujourd'hui mises au débat, l'idée c'est effectivement de constituer une liste.
Vous vous êtes retrouvé à la tête de la liste par défaut, parce que vous n'avez pas trouvé quelqu'un qui soit plus représentatif? Ou votre fonction par le passé de directeur général de la Ligue Amateur vous rend légitime?
Je suis représentatif à ce titre-là. Je le suis aussi parce que comme plein de gens qui sont engagés dans le foot, je suis bénévole dans un club qui est l'US Saint-Malo. Je suis chef d'entreprise par ailleurs. Et que c'est la vie finalement de plein de dirigeants du football aujourd'hui. Donc de ce football-là, effectivement je suis représentatif. Pour le reste, effectivement on aurait pu rêver d'une candidature plus médiatique ou ayant un impact plus fort auprès du grand public. Cela étant, aujourd'hui c'est moi qui fédère le plus les gens qui se sont réunis dans le groupe de réflexion dont je parlais. Et donc c'est comme ça que les choses se présentent et on portera la candidature, mais surtout l'équipe parce que c'est sur la notion d'équipe qu'on va insister.
Vous pouvez nous donner quelques noms? Ou elle n’est pas encore définitive?
L'équipe, est en train de se constituer. On a réfléchi ensemble avec beaucoup de gens qui ont envie de poursuivre dans une initiative politique qui est la constitution d’une liste, et puis d'autres qui se contentent de participer à une réflexion. Donc l'équipe est encore en construction. On y travaille à 4 aujourd'hui avec 3 présidents de district qui sont avec moi, qui sont Jérôme Boscari (District 82), Marco Sentein (District 31) et Christophe Caillet (District 89). Ceux sont les hommes de base de la construction de cette démarche. Et l'équipe va s'affiner dans les trois semaines qui nous restent avant le dépôt de la liste (10 novembre). Parce qu’elle a aussi vocation à s'ouvrir par rapport à la démarche qu'on a constituée jusqu'ici et qu'on est certain qu'il y a beaucoup de gens qui vont venir nous rejoindre justement pour représenter tous les footballs sur cette liste. Le football pro, avec qui on a d'excellents contacts, les ligues, les districts, les clubs amateurs. Pour la première fois, les clubs de district, les plus petits clubs vont voter. Il faut que ce football-là soit représenté aussi par des hommes et par des femmes qui savent véritablement ce qui se passe sur le terrain. Donc c'est une équipe qui représente tous les footballs et toutes les composantes du football qu'on va essayer de constituer dans les semaines qui viennent.
C'est quoi l’idée de cette candidature?
Alors la candidature, elle n’est contre personne. Elle est pour un certain nombre de principes et de valeurs. On a l'impression d'une fédé qui est distante du football de base, qui est distante de ses clubs. Il y a d'ailleurs un certain nombre d'éléments dans la manière dont la gouvernance a évolué, qui nous laisse à penser que ça continuera si on laisse les choses en l'état. L'idée, c'est que ceux qui font le football soient pleinement représentés à la fédé et pleinement représentés pour concevoir l'action fédérale qui nous apparaît comme étant un peu déconnectée de la réalité de ce que vivent ces personnes engagées. L'idée, c'est d'avoir des gens qui sont en responsabilité sur le terrain. Qui prennent l'initiative d'un certain nombre de propositions, en rupture avec des choix qui ont été faits sur la mandature actuelle. Pour apporter un autre éclairage sur ce que doit être l'action fédérale demain.
Si vous y allez, c'est pour bien évidemment essayer de gagner, de battre Philippe Diallo et son équipe. C'est la volonté de montrer que le football amateur peut "reprendre le pouvoir"?
Ce n'est pas une question de pouvoir, c'est une question de sens de l'action. Et effectivement il y a plein de champs du foot amateur aujourd'hui qui sont dans la gouvernance fédérale et on ne peut pas dire que les ligues et les districts ne soient pas du tout représentés. Ce serait mentir. En revanche, il y a beaucoup de gens qui considèrent, y compris dans ceux qui sont dans la gouvernance fédérale et qui pour certains d'entre eux nous rejoindront, que quand on arrive au boulevard de Grenelle (siège de la FFF à Paris) la manière de penser change et qu'on se coupe un peu de ce qu'on vit dans son club, dans sa Ligue, dans son district. Et donc effectivement, c'est remettre des vraies idées de transparence dans la gouvernance, des vraies idées d'ancrage de l'action dans le terrain, au cœur du fonctionnement fédéral. Ça passe par beaucoup d'actions, ça passe par une évolution de la gouvernance, ça passe par des textes tout simple. Et puis porter des valeurs, des valeurs de solidarité, de partage qu'on doit incarner dans la démarche qu'on mettra en place.
Quel sera votre positionnement vis-à-vis du football professionnel et l’arbitrage. Deux dossiers qui ont été en souffrance ces derniers temps?
Nous, ce dont on est convaincu, c'est qu'il y a des synergies qui doivent être développées entre le foot amateur et le foot pro qui n'existent pas aujourd'hui. Je donne un exemple, il y a un nouvel opérateur dans le foot professionnel pour la diffusion des matchs, c'est l'intérêt de tout le monde que ça réussisse. Ce serait complètement stupide de dire l'inverse. Pourquoi est-ce qu'à aucun moment on ne s'adresse pas aux fans de foot qui sont les licenciés de la Fédération française de football, pour essayer d'implanter cet opérateur pour leur faire des offres particulières à eux parce qu'ils sont fans de foot et engagés dans le football. Pourquoi ce réflexe-là qui paraît d'une évidence absolue, personne ne l'a aujourd'hui? C'est une question qu'on se pose. Il y a plein de clubs pros aujourd'hui qui travaillent très bien avec leur district par exemple pour essayer de remplir leur stade. Et puis effectivement, il y a des relations institutionnelles, il y a des missions importantes et notamment celle de l'arbitrage. Il y a un vrai travail. Aujourd'hui, la question de l'arbitrage, c'est : comment on assure totalement l'indépendance des arbitres tout en garantissant le dialogue avec le football professionnel? Et on aura des propositions à formuler de ce point de vue là, parce que les deux sont extrêmement importants pour que les choses fonctionnent bien.