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Pourquoi l’Allemagne a changé

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Autrefois hyper rigoureux et parfois ennuyeux, le football allemand sait être aujourd’hui aussi spectaculaire que performant. Comment est-on arrivé à une telle réussite à deux jours du match amical face aux Bleus ? Décryptage.

C’était à l’aube des années 2000. Deux ans après un Mondial 1998 manqué (élimination en quart de finale contre la Croatie 3-0), l’Allemagne touche le fond à l’Euro 2000, éliminée dès le 1er tour. « Après la génération Matthaüs, le foot allemand était malade », se souvient Valérien Ismaël, ex-défenseur du Bayern Munich et du Werder Brême, et actuel coach de la réserve d’Hanovre.
Douze ans plus tard, la Nationalmannschaft est méconnaissable. Favorite du prochain championnat d’Europe des nations, la sélection germanique a opéré une spectaculaire et efficace mutation. « Les dirigeants se sont dit qu’il fallait faire quelque chose, poursuit Ismaël. Ils sont donc venus en France. Sur notre modèle, ils ont commencé à investir dans les centres de formation. Aujourd’hui, il y en a des fantastiques dans tous les grands clubs ! »
En pariant sur l’avenir, l’Allemagne ne s’est pas trompée. Le travail réalisé au cours des années 2000 a favorisé l’éclosion de joueurs talentueux comme Thomas Müller ou Mesut Ozil. « Nous avons collaboré avec les clubs en les encourageant à beaucoup investir sur les jeunes », confirme Oliver Bierhoff, manager général de la sélection allemande. Il était aussi très important d’avoir de bons entraîneurs pour leur offrir un bon apprentissage. »

Une Allemagne métissée

Mais ce n’est pas tout. La Mannschaft a également tiré profit d’une nouvelle génération bien plus métissée que par le passé. Avec des joueurs d’origine polonaise comme Klose et Podolski, ghanéenne (Boateng), tunisienne (Khedira) ou turque (Ozil), l’équipe de Joachim Löw reflète désormais le nouveau visage de l’Allemagne. Une richesse, assurément. « Notre société a changé, observe Bierhoff. Il y a aujourd’hui beaucoup de joueurs issus de la 3e génération d’immigrés qui s’identifient à la sélection allemande. Et parmi ces joueurs, beaucoup sont créatifs, fantaisistes. Aujourd’hui, notre football est plus technique. » Et plus que jamais tourné vers l’avant.
Fini le jeu ennuyeux des années 90, place à l'attaque. Un changement de mentalité initié par Jürgen Klinsmann à son arrivée à la tête de la sélection allemande en 2004, et prolongé dans les clubs par une nouvelle génération d'entraîneurs. Jürgen Klopp, coach du Borussia Dortmund, en est le plus bel exemple. « En Bundesliga, toutes les équipes veulent gagner, note Valérien Ismaël. De mon point de vue, c’est le championnat le plus attrayant. » Et aussi l’un des plus prolifiques. Une réussite qui s’explique aussi par les retombées du Mondial 2006 organisé en Allemagne. Depuis, l’engouement ne se dément pas. Les stades, flambants neufs et ultra-modernes, sont pleins à craquer, les affluences de Bundesliga sont même les meilleures d'Europe (42 000 spectateurs de moyenne par match). Mercredi soir au Weserstadion, les Bleus seront les témoins privilégiés de cette impressionnante métamorphose.

AB avec JS à Brême