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City a fait sa MU

Sergio Agüero

Sergio Agüero - -

Manchester City n'a pas fait qu'humilier son grand rival, dimanche dernier à Old Trafford (6-1). En infligeant à United la pire défaite de son histoire à domicile, les Citizens ont provoqué un véritable séisme en Angleterre, où ils font désormais figure de sérieux candidats au titre. Décryptage d'une révolution maîtrisée.

Inventeur du Big Five… et du Big Three
« Il y a quatre ou cinq équipes qui peuvent jouer le titre cette saison. » Cinq, serait-on tenté de souffler à l’oreille de Roberto Mancini. Solide leader de Premier League cette saison (25 points, cinq de plus que MU), Manchester City a complètement bousculé l’habituel paysage de la Premier League en humiliant son rival d’United (6-1), lui infligeant la pire défaite à domicile depuis 56 ans (5-0, février 1955, déjà contre… City). Une performance qui a retenti au-delà des frontières anglaises et qui a confirmé l’émergence d’une cinquième puissance de l’autre côté du Channel. Le Big Four est désormais un Big Five, voire un Big Three -composé de Manchester United, de Chelsea et de City- si l’on tient compte du retrait de Liverpool et d’Arsenal du devant de la scène. « Dépasser United ? Non, le mot est trop fort, juge le défenseur ivoirien Kolo Touré. On essaie de suivre le même chemin qu’a emprunté ces dernières années United. Il faut reconnaître que cette équipe fait partie des meilleurs clubs du monde. Après le Barça, il y a MU… le fait d’avoir fait un gros match contre eux nous donne beaucoup d’espoir pour la suite.»

Enfin le bon casting
Jo. Santa Cruz. Bellamy. Adebayor, Ireland, Wright-Philips… Le temps où Manchester City collectionnait les attaquants et les internationaux est désormais révolu. Celui où les Citizens avaient également les pires difficultés à produire un jeu à la hauteur de leurs ambitions. City, aujourd’hui, c’est 33 buts en 9 journées de Premier League –2,97 buts en moyenne par match –l’assurance d’un spectacle garanti chaque week-end et, pour beaucoup, le jeu le plus séduisant du pays. Une réalité rendue possible par une cure d’amincissement de l’effectif, autant nécessité par les nouvelles réglementations en vigueur en championnat – pas plus de 25 joueurs par club – que par la volonté de Mancini de doubler les postes. « Aujourd’hui, on a un effectif beaucoup plus complet, avec de bons attaquants, un gros milieu de terrain et une défense très solide », témoigne Kolo Touré. Avec Dzeko (6 buts), Agüero (8), Balotelli (3), Milner, Johnson, Silva (2 buts) et Nasri, City peut désormais remiser le 4-3-2-1 défensif à outrance qui lui avait permis d’arracher la Ligue des champions l’an passé. Le club dispose désormais d’un groupe homogène, compétitif, dans lequel la moindre tête récalcitrante (Tevez) est aussitôt sanctionnée.

Construit pour durer
Certes, à City, il y a l’argent, les vedettes et le buzz que tout ce petit monde entretient au quotidien. Mais derrière tout cela, se cache un projet de domination mondiale, souhaité sur le très long terme. Du coup, si l’autre club de Manchester flambe sur le terrain, en dehors, il bâtit et consolide ses arrières. D’abord en signant un contrat pharaonique avec la compagnie aérienne Etihad, qui a déboursé 480 M€ sur dix ans pour associer son nom au stade et au maillot des Citizens. Puis, en prévoyant ensuite la construction d’un vaste et luxueux centre de vie, le Campus, censé réunir autour du Etihad Stadium toutes les composantes du club (locaux, centres d’entraînements, terrains annexes, académies) et dont le coût est estimé à… 300 M€ ! Les riches dirigeants préparent l’avenir… La moyenne d’âge de leur club, inférieure à 25 ans, sa progression constante ces deux dernières saisons (5e en 2009-10, 3e et qualifié pour la C1 en 2010-11) et le succès en FA Cup le 14 mai dernier, qui mettait fin à 35 ans de disette, sont autant de confirmations de la montée en puissance de leurs Skyblues. « On se rapproche des autres grands clubs, poursuit Touré. Mais toutes ces équipes ont gagné beaucoup de trophées. Elles ont l’habitude des grandes compétitions. Il faut qu’on continue comme ça, qu’on essaie de finir premier et d’aller le plus loin possible en Ligue des champions. » L’autre objectif à venir du Cheikh Mansour, membre de la famille royale d’Abou Dhabi et propriétaire du club mancunien.