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Comment les Anglais voient "Thierry Henry le consultant"

Thierry Henry

Thierry Henry - AFP

Après ses deux récentes sorties très sévères à l’encontre de Javier Hernandez et Olivier Giroud, Thierry Henry est au cœur d’une polémique sur son rôle de consultant. Les deux prises de position assez brutales l’ancien Gunner divisent en Angleterre.

En France, les supporters aiment critiquer Christophe Dugarry et ses commentaires souvent acerbes au micro de Canal +. En Angleterre, le nouveau « tacleur » du paysage audiovisuel anglais n’est autre que Thierry Henry. Une position que l’ancienne idole d’Arsenal, consultant sur Sky Sports, n’a pas toujours eue, loin de là.

Une volte-face inattendue

La polémique sur le Thierry Henry consultant n’est pas nouvelle en Angleterre mais a changé d’un extrême à l’autre. Recruté par la chaîne britannique contre cinq millions d'euros par an, l’ex-Gunner a d’abord été considéré comme… trop fade. Dans un édito publié vendredi dernier sur The Guardian, intitulé « Pourquoi Thierry Henry est impopulaire et épouvantable », le journaliste Barney Ronay n’a pas mâché ses mots sur ce premier aspect de la carrière de consultant d’Henry. Extrait : « Souvent, il a été banale ou sans engagement. Dans ses pires moments, il a semblé être présent contre sa volonté, comme un homme ébranlé dans son sommeil, forcé à enfilé un costume brillant serré (…) contraint, pour des raisons qui demeurent obscures, de parler d’une voix basse et monotone. » Jim White l’avait déjà critiqué en janvier dernier sur The Telegraph au sujet de ce manque d’engagement.

D’abord banal, plat, et répétitif, Henry est donc devenu mordant d’un coup. Il a dégoupillé une première fois mercredi dernier au sujet du Mexicain Javier Hernandez, auteur du but de la qualification du Real Madrid pour les demi-finale de Ligue des champions. « C'est selon moi, le but de Ronaldo. Ce que je n'ai pas aimé après le but, c'est qu'on aurait dit qu'il avait gagné la Coupe du monde. Il a eu deux occasions dans le match avant ça. Mais je peux vous dire qu'il peut remercier Ronaldo ce soir », a déclaré Henry, dans un monologue assez violent de cinq minutes totalement inattendu.

Plus donneur d’opinion qu’analyste

« Ce qu’il dit est incompréhensible et gâche toute la beauté du moment, a commenté le lendemain l’éditorialiste du Telegraph Jason Burt. C’était mesquin et acide, même s’il peut argumenter que son objectif était de défendre l’esprit collectif du jeu. Ses propos n’ont aucun intérêt pour ce qu’il est grassement payé à faire : analyser le match et nous permettre de comprendre mieux le jeu. » Outre-Manche, les spectateurs attendent une analyse tactique de la part d’Henry, pas une opinion. Et l’ancien roi des Gunners n’arrive pas à s’y faire. Il faut dire qu’Henry, aussi pointu soit-il sur le football, paraît tout petit aux côtés des deux monstres de l’analyse que sont Jamie Carragher et Gary Neville.

Plus que les mots, c’est le ton qui a choqué : très sec, sévère et… calculé. Le meilleur buteur de l’histoire des Bleus (51 buts) a voulu se détacher de son image de consultant plat et l’a fait trop brutalement. Rappelé à l’ordre, Henry a pourtant enfoncé le clou après le nul entre Chelsea et Arsenal dimanche (0-0), où il a longuement critiqué les Gunners, en adressant un tacle à Olivier Giroud. « Je pense que Giroud se débrouille très bien. Maintenant, est-ce que vous pouvez gagner le championnat avec lui ? Je ne le crois pas » a lâché Henry, qui avait pourtant été invité à parler d’Arsenal et non du cas Giroud. Si la polémique est plus large en France qu’en Angleterre, Henry se trouve tout de même dans la nécessité de s’adapter aux us et coutumes des medias britanniques. Mais le peut-il vraiment ?

N.Gourdol avec P.Auclair