Crevoisier : « La philosophie du foot anglais se perd »

Jacques Crevoisier, pouvez-vous expliquez les maux dont souffre Arsenal cette saison ?
Il faut replacer le problème dans son contexte général. Arsenal et Wenger ont décidé, il y a deux ans, de construire l’Emirates Stadium. Ils savaient donc qu’ils allaient souffrir pendant trois ou quatre ans parce que l’argent mis dans le stade ne pouvait pas être investi dans les transferts. Si vous ajoutez à cela les blessures graves de joueurs clés comme Fabregas, Eduardo, Rosicky, Adebayorou et Walcott, ça explique en partie leurs problèmes. Sans ces blessés, ils pouvaient être concurrentiels. Si Liverpool perd en même temps Gerrard et Torres, ils finissent neuvièmes.
Pourtant les jeunes joueurs formés au club sont loin d’être dépourvus de talent…
Certes, mais les Diaby, Denilson, Bendtner, n’étaient pas programmés pour jouer aussi vite. Ils devaient arriver à maturité dans deux ou trois ans. Les circonstances ont fait qu’il fallait les utiliser plus tôt. L’obsession de Wenger, c’est de les faire progresser pour dominer l’Europe d’ici deux ou trois ans. C’est sa conviction. Il a une vision à long terme, fait un pari sur l’avenir. D’autant qu’Arsenal qui est très sage dans sa gestion, ne subira pas les conséquences de la crise économique qui n’épargnera le football et les grands clubs anglais comme Liverpool ou Chelsea.
« Wenger a fait un pari sur l’avenir »
Le principal souci des Gunners, c’est surtout leur inefficacité. A quoi est-elle due ?
Ce n’est pas forcément un problème purement offensif. Il y a quelque chose de nouveau en Premier League. Le championnat anglais s’italianise. Les « petites » équipes deviennent de plus en plus difficiles à jouer. A l’extérieur, elles évoluent en 4-5-1 quand ce n’est pas 4-6-0. Du coup, c’est très difficile de marquer et on voit de plus en plus de 0-0. La philosophie du foot anglais et ses traditions se perdent. Ce n’est plus un football total, constamment porté vers l’avant. Ca devient un combat où on privilégie d’abord le fait de ne pas encaisser de buts. Pire, les anglais réputés traditionnalistes et conservateurs se mettent à virer à tour de bras leurs managers.