RMC Sport

L’autre guerre de 100 ans

Arsenal-Tottenham, une affiche teintée de haine

Arsenal-Tottenham, une affiche teintée de haine - -

Le derby du nord de Londres, ce samedi (13h45), oppose deux clubs qui se détestent cordialement depuis un siècle à cause du très vénérable Sir Henry Norris. Chronique d’une haine ordinaire.

Il pourrait être un ancêtre de Chuck Norris, avec les blagues qui vont avec. Sir Henry Norris n'est pas le premier témoin de la rivalité entre Arsenal et Tottenham, cet homme d’affaire londonien influent et caractériel a juste créé cette rivalité. C'était il y a cent ans pile poil. Sir Henry est le propriétaire d'Arsenal, ou plutôt de Woolwich Arsenal, du nom de la banlieue du Sud de Londres où le club est installé.

Comme Chuck, Sir Henry écrase tous ceux qui lui résistent. Dans les affaires comme dans le foot. Or les finances de son club sont au plus bas et il lui faut trouver une solution. Il essaie de faire fusionner son club avec celui de Fulham dont il a été aussi le chairman. En vain. Qu'importe, Sir Henry décide de déménager. S'agrandir pour survivre. Il prospecte un peu partout dans Londres, à la recherche d'un site à la hauteur de sa mégalomanie. C'est au Nord de la ville qu'il trouve son bonheur. A quelques encablures de Tottenham et de son stade de White Hart Lane. Sir Henry Norris n'a pas de voisins, Sir Henry Norris n'a que des ennemis.

Quand Arsenal envoie Tottenham en D2

Les fans des Spurs n'apprécient guère cette intrusion sur leur territoire, mais ils n'ont encore rien vu. 1918, c'est l'armistice dans le monde entier, sauf au Nord de Londres. Les dirigeants du foot anglais veulent redonner de l'intérêt à leur Ligue. Ils décident de faire passer la première division de 20 à 22 clubs. La logique voudrait que les deux derniers du classement, en l'occurrence Tottenham et Chelsea, restent dans l'élite, et que les deux premiers de la deuxième division soient promus. L'ensemble des dirigeants des clubs doivent tout de même voter pour entériner le projet.

Arsenal est alors cinquième de la deuxième division, a priori pas concerné par la réforme. Mais la logique ne s'impose pas à Sir Henry Norris. Il crée sa propre logique et effectue un lobbying effréné auprès des autres clubs. On parle même de corruption, mais rien n'est prouvé. Le vote a lieu. Arsenal est choisi pour monter en première division, Tottenham pour être relégué. There's only one Sir Henry à Arsenal, n'en déplaise à Thierry...

Virginie Phulpin