Sir Alex n'a pas pris une ride

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Il a débarqué à Manchester un matin gris de novembre. MU traînait sa peine en fond de classement, sans titre depuis près de vingt ans. Alex Ferguson, gaillard écossais et quasi inconnu en provenance d’Aberdeen, allait tourner cette page noire pour l’écrire en rouge écarlate. Martin Edwards était président du club depuis 1980 lorsqu’il débaucha la future légende d’Old Trafford. « On savait que ça prendrait du temps et on lui en a offert. Il faut parfois être patient », sourit-il avec malice.
Sa patience a été récompensée au-delà de ses rêves les plus insensés. En vingt-cinq ans de travail passionné, Ferguson a fait du club mancunien une machine à gagner titres et argent. Malgré les 36 lignes du palmarès ajoutées sous son règne et la pléiade de stars passée sous ses ordres, Ferguson reste sidéré lorsqu’il jette un oeil dans le rétro. « Quand je regarde la chance que j’ai, d’avoir eu autant de joueurs de qualité, c’est fantastique, s’est-il extasié sur la BBC. Robson, McClair, Ince, Keane, Cantona… Quelle collection ! »
Bryan Robson avait à peine entendu parler de Ferguson à son arrivée à Manchester. « Je ne le connaissais pas trop. On savait juste qu’il avait des succès avec Aberdeen, se rappelle-t-il. Mais quand vous le connaissez, vous savez pourquoi il a tant de succès : le travail acharné, la passion du jeu », résume l’élégant gaucher qui allait être de tous les succès des Red Devils, jusqu’au premier titre de champion d’Angleterre de l’ère Ferguson, en 1993. Il ne s’est pas passé depuis deux saisons sans qu’un nouveau trophée ne soit soulevé.
Un quart de siècle avant de vivre le pire
Jeune, David Beckham était, lui, terrifié à l’idée d’entrer dans son bureau : « Il me faisait peur », glisse-t-il. Lui aussi a appris à le connaître et à l’estimer : « Vingt-cinq ans à la tête d’un club comme Manchester United, tous ces succès, c’est incroyable. J’ai eu de la chance d’avoir participé à ça. » « Ca », c’est bien sûr cette palanquée de trophées (voir ci-dessous). C’est aussi la relation privilégiée qu’il a pu entretenir avec tous ces génies du jeu : « C’est dur de penser que j’ai pu manager ces joueurs pendant aussi longtemps, depuis mes débuts jusqu’à cette nouvelle ère de joueurs. On voit différentes personnalités, différentes cultures. C’est un conte de fée d’être resté ici aussi longtemps. »
Après ce premier quart de siècle, Sir Alex Ferguson ne s’interdit pas d’en entamer un autre, loin de là. « Je continuerai tant que je serai en assez bonne santé pour le faire », a-t-il prévenu. Ils sont nombreux à espérer qu’il reste encore quelques années sur le banc mancunien, toujours animé par la passion du football et la culture de la victoire. Lui qui a fait grimper deux fois son club sur le toit de l’Europe accepte sans doute mal que City lui fasse tant d’ombre cet automne. Humilié 6-1 il y a deux semaines à Old Trafford par son imposant voisin, Ferguson a vécu ce jour-là « le plus mauvais souvenir de [sa] carrière ». Il lui aura quand même fallu attendre un quart de siècle pour vivre ça…