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Raï : "Le Brésil doit entrer dans une autre réalité"

Rai dans le studio de RMC pour l'émission Luis Attaque

Rai dans le studio de RMC pour l'émission Luis Attaque - Jérôme Dominé/ABACA

Présent à Paris dans la cadre d’un tournoi pour sa fondation Gol de Letra, ce samedi à Levallois-Perret, Raï en a profité pour passer derrière le micro de Luis Attaque sur RMC ce mercredi. L’ancienne gloire du Parc des Princes évoque le foot brésilien, le match France-Brésil de ce jeudi (21h) et le PSG.

Raï, un France-Brésil possède toujours un parfum particulier…

Il y a des grands classiques. Les matches face à l’Argentine, l’Allemagne, la France ou l’Italie sont toujours des chocs qui attirent l’attention de tout le monde. C’est une ambiance particulière. Il y a toujours eu une tradition du Brésil contre la France, notamment lors des Coupes du monde en 1986 et en 1998. Ce sont des souvenirs difficiles pour nous.

Comment avez-vous vécu le traumatisme de la défaite en Coupe du monde ?

On n’a toujours pas digéré la demi-finale face à l’Allemagne. On a encore besoin de temps. Dunga a bien repris l’équipe nationale, il y a de bons résultats. S’il y a une chose dont le football brésilien a besoin, ce sont des victoires dans des matches comme celui contre la France au Stade de France. Un bon match et un bon résultat feraient repartir toute une génération.

On a l’impression que cette équipe brésilienne tourne aujourd’hui beaucoup autour de sa perle Neymar…

Au Brésil, il y a de très bons défenseurs que vous connaissez bien ici. Mais au milieu et en attaque, on n’en a pas beaucoup. Il y a des joueurs comme Willian et Oscar qui n’étaient pas encore prêts à jouer la Coupe du monde. Le problème, c’est que le niveau a beaucoup baissé au Brésil. Les bons joueurs partent tôt. Des Brésiliens vont apparaître en Allemagne, en Ukraine, au Portugal. Ils sont partis à 15-16 ans et on ne les a pas vus dans le championnat brésilien mais on va les connaître dans deux-trois ans. Les Brésiliens ne connaissent pas certains des nouveaux joueurs appelés par Dunga. C’est un peu particulier.

« Il faut investir dans la formation des techniciens »

Joueur, Dunga était un guerrier du milieu. Va-t-on être déçu avec une équipe resserrée derrière ou va-t-on voir du vrai foot offensif brésilien ?

Je suis sûr qu’on ne va pas être déçu. Ce n’est pas le foot flamboyant qui part toujours vers l’avant. Mais tous les joueurs parlent beaucoup de l’entraînement, où il y a un très bon niveau tactique. Même si les questions défensives l’inquiètent au départ, il a plus de solutions désormais et je crois qu’on va voir un Brésil plus offensif que celui qu’on a vu lorsqu’il était sélectionneur en 2010. Le Dunga entraîneur commence à être différent de ce qu’il était comme joueur. On voit les résultats qu’il a eus depuis sa prise de fonctions. On présente déjà un meilleur football que lors de la Coupe du monde avec Scolari.

Le Brésil semble aussi avoir un problème de formation…

Tous les meilleurs joueurs partent à 15-16 ans. Dans les championnats de jeunes, le niveau est donc très bas. Ils sont obligés de faire un jeu moins technique car les meilleurs sont déjà partis. Un résultat est pour moi symbolique : il y a deux-trois semaines, le Brésil jouait contre le Venezuela en U17. On menait 1-0 mais le Venezuela a gagné 2-1. Il y a 20 ans, un tel résultat était impensable. Il faut que les Brésiliens entrent dans une autre réalité. Il faut aussi que les joueurs aient plus de technique et plus de conscience tactique. Avant, la formation au Brésil, c’était à la plage, dans la rue. Ce n’est plus le cas aujourd’hui et on n’arrive pas au plus haut niveau. Il faut que les Brésiliens comprennent cette réalité. Il faut aussi beaucoup investir dans la formation des techniciens. Des milliers de joueurs sont venus en Europe et ont eu du succès. Mais combien d’entraîneurs ? Ça montre qu’il y a une différence entre la formation des entraîneurs et la qualité des joueurs. On a aussi besoin de travailler sur les entraîneurs.

France-Brésil est surtout mythique vu de France. Mais votre rival numéro 1 reste l’Argentine…

La meilleure preuve de ça, c’est qu’on a perdu notre demi-finale 7-1 mais qu’on supportait quand même l’Allemagne en finale contre les Argentins !

« J’adore Matuidi »

Cette équipe de France vous plaît-elle ?

A la Coupe du monde, on a vu une bonne équipe de France. Elle est jeune et va pouvoir garder la même base pour l’Euro et le Mondial suivant. Je vois la France plutôt pas mal à l’avenir. Pour moi, il y a un joueur qui fait une énorme différence, notamment à Paris, c’est Matuidi. Je l’adore. Il n’arrête pas de courir, il marque, il est présent devant. C’est un joueur qui montre que l’équipe de France a beaucoup de possibilités différentes pour surprendre l’adversaire.

Suivez-vous les résultats du PSG ?

Je suis le club de loin car je suis plutôt au Brésil mais j’étais au match aller contre Chelsea et devant la télé pour le retour. Je continue d’être proche du club. Je connais moins les gens qu’avant mais je reste toujours un vrai supporter du PSG.

Le PSG de cette année est-il meilleur que celui vainqueur de la Coupe des Coupes en 1996 ?

C’est une autre réalité aujourd’hui. Les meilleures équipes sont celles qui ont le plus d’argent et qui peuvent acheter plusieurs joueurs de top niveau. A l’époque, c’était beaucoup plus difficile de voir 15 internationaux dans la même équipe. Il y a une super équipe à Paris en ce moment et il est difficile de faire des comparaisons dans le temps. Mais quand on regarde nos moyens de l’époque, on avait obtenu de très bons résultats. C’est difficile d’arriver en demi-finale de la Ligue des champions, on l’a fait à l’époque, mais si le Paris actuel continue comme ça, ça va venir.

la rédaction avec Luis Attaque