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Riolo: "Platini paye sa proximité avec le système, et après ?"

Daniel Riolo

Daniel Riolo - DR

Retour sur la suspension qui vient de frapper Platini…

"La farce continue. Platini serait donc mort dans la course à la présidence de la FIFA. J’emploie le conditionnel parce qu’après tout, un énième rebondissement n’est pas impossible.

Platini tombe donc. Mais pourquoi ? L’histoire du paiement tardif ? La justice enquête et nous verrons bien. Si de ce côté, il devait être blanchi, quid de cette suspension ? Ça pourrait être drôle.

Globalement, il paye peut-être, aussi, surtout sa proximité avec le système. Il a travaillé pour Blatter, a été un proche, il savait tout. C’est fort probable et difficilement contestable. C’est l’argument massue de ceux qui veulent le voir tomber. Il savait et il n’a rien dit ou rien fait clament les donneurs de leçons de l’exercice politique, les adeptes de la « transparence embrouillée ».

"Le puissant doit tomber"

Oui, c’est un concept étrange. Dans le nouveau régime qu’est la Twittocratie, peu importe qu’on comprenne ou non les enjeux, le débat. L’opinion ne veut qu’une chose : le puissant doit tomber. Sa tête doit rouler dans la boue d’internet. La plupart des journalistes dits d’opinion emboîtent le pas, de peur d’être à leur tour sanctionné par la toile. Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent.

Les Robespierre de salon veulent donc que Platini n’aille pas à la FIFA. Il a voté Qatar 2022 ! Beurk, le Qatar. Oui, c’est un peu comme ces supporters de foot qui crachent sur le PSG parce que Qatar, mais qui ne seraient pas contre si c’était derrière leur équipe que le riche investisseur venait. Il faudrait qu’on aille fouiller dans les affaires de tous les investisseurs du foot pour voir si tout est propre. Et je ne parle pas de la gestion des clubs en général, des transferts, des agents, des commissions. Si Platini tombe, que dire du reste ? Si Platini est coupable, alors dans sa fonction normale de président de club, pas un ne peut continuer à exercer. Mais je m’éloigne. Le Qatar, déjà un boulet pour Platini donc.

"Le plus gros des boulets, c'est Blatter !"

Mais le plus gros des boulets, c’est donc Blatter, le vieil ami. Don Blatter. Selon les vitriers du foot, il fallait le dénoncer et du même coup sombrer puisque TOUS étaient derrière Blatter. Notre président de la FFF, et tous les autres ! Ils doivent tous sauter dans ce cas non ? Que dit l’opinion ? La Twittocratie ? Comment fallait-il combattre Blatter ? Frontalement ? Et donc renoncer à son idée d’un jour réformer la FIFA, forcément.

Et puis quand j’entends que Platini ne s’est pas opposé au boss, je réponds que si, certes tard, très tard, mais il l’a fait ! C’est même pour ça qu’il paye aujourd’hui ! Il eut été bien plus commode pour lui de ne rien dire jusqu’au bout et d’attendre son tour. Il n’a peut-être pas été si fin politique qu’on veut bien le dire.

"La commission d’éthique, cette mascarade !"

La commission d’éthique, cette mascarade, a donc suspendu tout le monde. Comme prévu, Blatter a fait payer amis, ex-amis et ennemis. Il tenait tout, avait verrouillé tous les rouages. Penser que Platini aurait dû dénoncer le système est d’une stupidité sans nom ! C’était impossible. A moins de tout perdre.

Les adeptes de la table rase sont donc aujourd’hui aux anges. La justice triomphe. Enfin celle de l’instant, celle qui s’ordonne dans les médias, le buzz, les réseaux sociaux. Pour l’autre, on attendra. Ceux qui dansent autour du feu savent-ils de quoi demain sera fait ? Non, l’important, c’est la chute, le bruit et la fureur. Le foot loin de la FIFA, de Blatter (un jour il faudra aussi souligner son bilan largement positif), de Platini, ça peut devenir quoi ? Celui des grandes firmes, Coca et Mac Do, ceux qui tiennent l’oseille. Quand ils dirigeront réellement, ils proposeront leur vision du foot. Marketing du jeu, temps mort, réforme des règles, vidéo, chaque mode ou tendance sera consacrée. L’opinion décidera en fonction du vent. On sera en opposition au conservatisme de Blatter ou Platini.

Je pense alors, que là, on aura vraiment droit à une révolution. Pas sûr que ceux qui dansent aujourd’hui sur la tête d’un présumé innocent deviennent fous de ce foot-là. Mais il n’est pas dit que révolution rime toujours avec réflexion…"

Daniel Riolo