Roussier (CFoot) : « Notre avis de décès est prononcé »

A l’issue du conseil d’administration de la Ligue de football professionnel (LFP), son président Frédéric Thiriez a annoncé la fermeture de CFoot dès le mois de juin. A la fois fataliste et désabusé, le président de la chaîne se confie à RMC Sport.

Jean-Michel Roussier, CFoot va bientôt fermer ses portes après seulement une saison d’existence… Un enterrement de première classe ?

Je ne sais pas si c’est un enterrement de première classe, mais c’est un fait acquis.

Frédéric Thiriez a indiqué que si la chaîne fermait, c’était à cause de la conjoncture économique. N’est-ce pas un peu léger comme explication ?

Je ne porterai pas de jugement. Dans ce contexte, il faut rester très pragmatique. C’est une fermeture compliquée parce qu’il y a beaucoup de collaborateurs, de gens qui ont participé à cette aventure. La réalité, elle est double. D’abord, nous avons fait un choix d’aller sur la TNT payante. Six mois après, il s’avère que la TNT payant est morte. Notre avis de décès est prononcé, celui de la TNT payante est dans l’air. Sur les six fréquences à venir et les 32 dossiers pour les nouvelles fréquences de TNT, il n’y a que des chaines de TNT gratuite. On avait insisté auprès du CSA pour que les nouvelles offres de TNT accueillent des chaînes de TNT payantes. Des chaines comme TPS Star se sont arrêtées. Paris Première n’a qu’une volonté : passer en gratuit. Est-ce que, dans ce contexte économique, cela valait vraiment le coup de continuer ?

Frédéric Thiriez dit que vous ne pouvez plus vous permettre de perdre entre 15 et 20 millions d’euros…

Le budget de CFoot, qui était de 18 millions d’euros hors droits de retransmission, était un budget provisionné pour les années à venir, pas simplement pour cette année. Le budget de l’exercice qui s’est écoulé sera parfaitement tenu. Il ne dépassera pas cette somme. Il ne s’agit pas de dire que l’on a englouti ou perdu les 18 millions d’euros. Au moment où on lance cette chaîne, on sait que ça va être difficile les trois premières années en matière de distribution. Après, on se dit quand même qu’à moyen terme, on peut faire plus d’abonnés encore. Cependant, le mode de distribution qui est le nôtre et le choix que nous avons fait d’être sur la TNT payante rend totalement caduc tout modèle économique à venir. Inéluctablement, cette chaîne allait couter entre 15 et 20 millions d’euros par an sans possibilité de recettes.

Est-ce le résultat d’une erreur de stratégie ?

Ni l’un, ni l’autre. Il y a un an, c’était judicieux d’aller sur la TNT payante.

Considérez-vous que l’arrivée d’Al-Jazira a tout perturbé ?

Non. Cet acteur est arrivé le 23 juin dernier. Nous avons fait la conférence de presse de CFoot le 28 juin et avons lancé la chaîne le 28 juillet. Si l’arrivée d’Al-Jazira avait justifié de ne pas le faire, on n’aurait pas lancé cette chaîne. Les accords conclus avec Al-Jazira nous permettaient de transmettre six matchs de Ligue 1. On aurait pu avoir une chaîne avec les neuf matchs de L2 plus les six matchs de L1. Après, il était inconcevable avec le volume d’abonnés de couvrir les frais de cette chaîne.

Vous revendiquiez près de 350 000 abonnés…

La chaine continuera jusqu’à la fin de la saison. Les abonnés vont retrouver exactement les mêmes programmes. La seule modification, c’est que le match qui avait lieu le samedi après-midi aura lieu le vendredi soir dans le cadre du multiplex.