Des ultras de l'Inter et de l'AC Milan jugés dans une affaire d'extorsion au service de la mafia

Le procès de seize supporters des clubs de football de l'Inter Milan et de l'AC Milan, soupçonnés d'extorsions au profit de la mafia calabraise, a débuté mardi à Milan (nord). Les audiences dans cette affaire baptisée en Italie "Doppia Curva", littéralement "double virage" en référence aux tribunes des stades d'où les ultras encouragent leur équipe, se déroulent à huis clos dans une salle bunker adossée à l'imposante prison de San Vittore, dans le centre de Milan.
Arrêtés le 30 septembre à l'issue d'une enquête de plusieurs mois avec infiltration, surveillance vidéo et écoutes téléphoniques, les seize prévenus sont soupçonnés d'avoir mis en place un système d'extorsion dans le stade de San Siro, et autour de l'enceinte mythique, au profit de la mafia calabraise. Les jours de match, selon le parquet de Milan, ils réclamaient des commissions aux vendeurs de produits dérivés, boissons et autres sandwichs et faisaient d'énormes bénéfices grâce à la revente au noir de billets et à la gestion des parkings.
Parmi les seize personnes jugées figure Renato Bosetti, responsable du principal groupe ultra de l'Inter Milan, champion d'Italie en titre et actuel leader de la Serie A. Bosetti a pris le contrôle de la "Curva Nord", le virage Nord de San Siro, où les ultras de l'Inter se rassemblent, à la suite du meurtre d'Antonio Bellocco.
Des dirigeants de groupes d'ultras assassinés
Le 4 septembre 2024, Bellocco, héritier de l'une des plus puissantes familles de la mafia calabraise, la 'Ndrangheta, a succombé à vingt-et-un coups de couteau assénés après une altercation devant une salle de musculation de la banlieue milanaise par Andrea Beretta, l'un des leaders des ultras de l'Inter Milan.
Selon l'enquête, Beretta négociait avec Bellocco une alliance pour stopper les tentatives d'intrusion d'autres groupes criminels, Bellocco s'étant vu dire lors d'une conversation enregistrée par la police : "Faites ce que vous avez à faire, il faut que vos compatriotes (d'autres familles calabraises, NDLR) restent loin".
En octobre 2022 déjà, un responsable ultra était mort brutalement. Ex-chef historique de la "Curva Nord", Vittorio Boiocchi avait été tué par balle devant son domicile, un meurtre dont les auteurs n'ont toujours pas été démasqués. Il se vantait de gagner 80.000 euros par mois, des sommes qui n'apparaissent toutefois pas dans le dossier d'accusation de cette affaire. Le procès se déroule selon la formule du "rito abbreviato", procédure express qui prévoit notamment que les peines soient réduites d'un tiers en cas de condamnation.