Juventus: des résultats économiques en dents de scie

Alors que le FC Barcelone vient tout juste d’annoncer un chiffre d’affaire exceptionnel dépassant le milliard d’euros dès la fin de la saison, c’est au tour de la Juventus Turin de rendre des comptes devant ses actionnaires. Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’économie ne va pas si bien chez la Vieille Dame.

Rare club du haut de tableau européen encore coté en bourse, la Juventus Turin a l’obligation, tout comme l’Olympique Lyonnais, de présenter son budget devant ses actionnaires et d’afficher l’ensemble des résultats économiques. A quelques centaines de kilomètres de Turin, le FC Barcelone a lui aussi ce devoir de transparence. En tant que club détenu par ses très nombreux socios, les dirigeants ont l’obligation d’exposer tout le bilan comptable, des pertes aux gains, année après année.

D’ailleurs, cette saison, il semblerait que les catalans battent un record historique, en atteignant la barre fatidique du milliard d’euros de chiffre d’affaire, plus précisément 1,047 milliard dès juin prochain.

Un chiffre d’affaire en hausse…

Quant à la Juventus, derrière économiquement, ses résultats connaissent aussi d’importantes évolutions. Lors de la dernière Assemblée Générale du vendredi 20 septembre, devant les actionnaires, le président Turinois Andrea Agnelli a annoncé un chiffre d’affaire de 621,5 millions d’euros, en augmentation de 23,1% par rapport à l’exercice précédent.

Plus de 200 millions d’euros de gains sont issus des droits TV, à la fois de la Serie A et de la Ligue des champions. Quant aux recettes commerciales, elles représenteraient plus de 300 millions d’euros de recettes annuelles et elles devraient encore augmenter, dans les prochaines années, avec notamment la renégociation du contrat équipementier à 51 millions d’euros jusqu’en 2027.

…mais des pertes colossales

Si la Vieille Dame peut se féliciter de cette croissance, très importante comparée à d’autres équipes européennes, on peut tout de même avoir une grille de lecture différente. Ses gains sont élevés mais plus faibles que ses dépenses. Le déficit net a explosé en 2019, passant de 19,2 millions d’euros à 39,9 millions, soit une hausse de 107,8%.

Lors de la saison 2016-2017, la Juventus Turin présentait un excédent commercial de 42 millions d’euros. Et depuis maintenant deux ans, ce sont des pertes qui s’accumulent. La dette financière globale se chiffre dorénavant à 463,5 millions d’euros.

L’achat de Cristiano Ronaldo, à l’été 2018, pour 100 millions d’euros a largement pesé sur les finances du club. Les Turinois espéraient un "effet Ronaldo" permettant de booster les revenus commerciaux. Ils ont certes été au rendez-vous mais pas assez suffisant pour compenser le coût du transfert et du salaire, estimé à 31 millions d’euros par an.

Que faire face au fair-play financier?

Toute la question va être de savoir si la Juventus Turin aura suffisamment d’arguments pour faire face au jugement du fair-play financier européen et ne pas risquer une probable sanction.

Le club, lors de l’Assemblée Générale, s’est montré rassurant en annonçant une future augmentation de capital de 300 millions d’euros d’ici la fin de l’année. Celle-ci doit permettre "d'accompagner un plan de développement pour la période 2019-2024 avec notamment le maintien de la compétitivité sportive, l'augmentation des recettes opérationnelles et de la visibilité de la marque Juventus sur les marchés internationaux."

Reste maintenant à voir si cela se traduira dans les faits.

Pierre Rondeau