Temps de jeu, adversité, développement: le nouveau Challenge Espoir séduit les formateurs français

Depuis ce week-end, le Challenge Espoirs, lancé par la FFF avec la LFP, a débuté. Il oppose des équipes des centres de formations de douze clubs professionnels, répartis en deux poules de six. Le projet, déjà avancé et imaginé il y a une dizaine d’années, était pendant longtemps resté dans les cartons, notamment pour des raisons d’organisation. Pour résumer, c’est un championnat des réserves.
Depuis l’annonce de son lancement, ce championnat fait l’unanimité auprès des interlocuteurs interrogés par RMC Sport. D’abord car les joueurs concernés, de U18 à U23, évoluent le plus souvent en équipe réserve, en championnat National 3. Des compétitions qui ne comptent que 26 journées.
"J’estime que pour des gamins de 17, 18 à 20 ans, c’est insuffisant. Et s’il y avait la possibilité de faire plus de matchs intéressants, avec une bonne adversité pour leur amener une trentaine de matchs, pour pouvoir faire durer leur formation, j’étais preneur", détaille Bertrand Reuzeau, directeur du centre de formation du Montpellier HSC. "L’idée est aussi de se dire que si ça peut intéresser quelques jeunes du groupe pro qui ne jouent pas beaucoup et qui peuvent s’intégrer de temps en temps, c’est un plus." D’habituels membres de l’équipe U19, par exemple, pourront aussi disputer ce Challenge avec l’équipe de leur club. "Ça concerne nos joueurs formés, peu importe qu’ils soient de jeunes pros ou avec le statut stagiaire", précise Julien Lacour, qui dirige la formation au Toulouse FC.
"Ce n’est pas le même football"
"Cela permet aussi de découvrir les plus jeunes joueurs", ajoute Sébastien Puygrenier, entraîneur de la réserve de l’AJ Auxerre, qui dirigera l’équipe du Challenge Espoirs. D’autant que les équipes ont parfois un calendrier à trou, par exemple lors des week-ends de Coupe de France en première partie de saison. Enchaîner plus pour progresser, c’est aussi ce qui séduit Sébastien Muet, directeur de l’académie de l’AS Monaco: "On ne veut pas que gagner les matchs mais être le plus cohérent possible sur le temps de jeu à proposer aux jeunes joueurs, les rapprocher le plus vite possible des exigences du football professionnel."
Autre point positif soulevé: l’adversité. Car hormis lors de certains matchs de championnat, il n’est pas fréquent pour des équipes de différents centres de formations de se confronter. "Ce n’est pas le même football. En N3 vous avez beaucoup de joueurs d’expérience avec beaucoup de vice sur coups de pied arrêtés, sur les duels. Nos jeunes sont souvent en difficulté, il faut qu’ils apprennent ce genre de contexte. Le football de réserve est un jeu plus structuré, tactique, il y a de la possession avec des phases d’attente. Je dirais que ça se rapproche un peu plus du foot pro dans les attitudes", expose Bertrand Reuzeau.
De bonnes conditions
"En N3, c’est assez athlétique, dense, solide, mature. Là, on va être confronté à un football de jeunes, qui essaient de développer du jeu, ça va être intéressant. Il y a des équipes auxquelles on n’est jamais confrontés", ajoute Sébastien Puygrenier. "C’est différent, c’est un foot de centre de formation, chacun a ses principes de jeu mais techniquement Rennes par exemple a énormément de qualités. Se confronter à ce qui se fait ailleurs… Sur le plan physique, ce sera différent, on va se rapprocher de notre catégorie. En général en championnat c’est beaucoup plus physique, ils sont parfois plus développés
Monaco avait ouvert le bal contre Rennes le 11 octobre, justement, en l’emportant 1-0: "C’est complètement ce qu’on attend: on a eu un match avec intensité, on a rencontré les amis de Rennes on a partagé du temps avant et après… On en est ravi. Il y aura des matchs avec un bon rythme, de jeunes joueurs, ça met une sorte d’atmosphère aux matchs, ce sont des rencontres agréables avec des jeunes aux mêmes objectifs, aux mêmes intentions d’aller vite vers le haut niveau." Concernant les infrastructures, les équipes seront aussi mieux loties puisque les matchs se dérouleront, normalement, sur les pelouses en herbe des centres de formation: "Ça va permettre aux garçons de jouer sur d’excellents terrains ce qui n’est pas toujours le cas dans les championnats nationaux amateurs avec une adversité homogène. C’est un très bon indicateur de la qualité de notre formation par rapport à notre académie", rapporte Julien Lacour, du TFC.
Petit coup de pouce de la FFF
Après la phase de groupe, les deux premiers de chaque poule seront qualifiés pour des demi-finales. Cette compétition est donc bénéfique sur tous les points pour les formateurs. Mais certains clubs, face aux frais (organisation, déplacements) étaient assez réfractaires cet été. Les matchs ne seront d’ailleurs pas accessibles au public ni aux médias, pour limiter les coûts. La Fédération Française de Football a donc décidé de faire un geste pour aider en partie les formations. "La FFF, […] en raison de la situation conjoncturelle de la LFP et en soutien supplée à l’organisation et au financement pour cette première édition du Challenge".
Les poules du Challenge Espoirs
Groupe A: Montpellier HSC, Toulouse FC, Paris SG, Le Havre AC, FC Nantes, AS Saint-Étienne.
Groupe B: SM Caen, AC Ajaccio, Stade Rennais, AS Monaco, Paris FC, AJ Auxerre.