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Anigo : « Un lobbying malsain dans les coulisses »

José Anigo

José Anigo - -

Invité de Coach Courbis ce jeudi sur RMC, le directeur sportif de l’OM a défendu son bilan dans le domaine du recrutement marseillais. Actuellement en observation au Cameroun, il regrette surtout que les bons coups réalisés (Nkoulou, Amalfitano, Mandanda…) ne soient pas considérés à leur juste valeur.

José, la qualification pour les 8e de finale de la Ligue des champions change-t-elle les choses pour le mercato ?

Je connais les difficultés financières que nous avons depuis le début de l’année. La qualification permet de réduire le trou que nous avons. Je ne sais pas l’enveloppe qui sera prévue. Au moment où je vous parle, il n’y a pas un mercato exorbitant qui est prévu. C’est vrai qu’il y a des joueurs qui vont partir à la CAN. Ce sera une décision présidentielle. Et ce sera à l’entraîneur de voir ce dont il a besoin.

Didier Deschamps a dit que la priorité était offensive…

Je suis d’accord, mais la priorité est aussi financière. Je sais aussi comment ça se passe à Marseille. J’ai quelques bonnes années de boutique. Prendre quelqu’un, c’est bien. Prendre un bon joueur, c’est autre chose. Si c’est pour prendre quelqu’un et expliquer après que le directeur sportif s’est planté… Je n’ai pas très envie de ça. Et je crois que personne n’en a envie au club.

Le calibre des recrues pourrait-il dépendre des éventuels départs de Lucho et Gignac ?

Bien sûr. Pour le moment, il n’y a pas de départ. Le débat est arrêté net. Si on veut éventuellement avoir la possibilité de s’offrir un joker plutôt intéressant, encore faudrait-il qu’il y en ait un parce que ça ne court pas les rues en janvier. Au mois de janvier, ce sont rarement des bons mercatos.

« C’est fatigant »

Est-il risqué de recruter en janvier ?

Avec Lucho, on sait ce qu’on a. C’est quand même un bon joueur, même si les opinions divergences. Gignac, il est blessé. C’est d’abord une mauvaise nouvelle pour lui. Même si un club avait un regard plus poussé sur lui, je pense que ce serait effectivement plus compliqué. Donc pour le moment, on ne peut pas dire qu’il y a un club qui se manifeste. Ça va durer encore quelques semaines. Si on perd ces deux joueurs, en plus de ceux qui vont à la CAN, combien faut-il prendre de joueurs pour arriver à avoir une équipe qui corresponde à quelque chose ? C’est un mercato très difficile à gérer.

Avez-vous trouvé quelque chose d’intéressant au Cameroun ?

J’ai vu des gamins d’un talent extraordinaire. Mais ce sont des jeunes, ce n’est pas encore pour nous. Ça fait quelques années qu’on se positionne sur le Cameroun. On vient à peu près tous les trois mois. Il y a un centre de formation d’où viennent Nicolas Nkoulou et d’autres. Quand il a fallu aller chercher Nicolas Nkoulou, cette relation qu’on a tissée au Cameroun nous a permis de le faire venir. J’ai des liens avec le directeur de ce centre. On était à la bagarre avec Lyon. Ça a pesé dans la balance. Ça veut dire qu’on ne manque pas tout quand on est directeur sportif. Mais on en parle peu. C’est ce qui me gêne de temps en temps.

Vous êtes vexé quand le recrutement de l’OM est critiqué…

Si vous voulez, on peut parler d’Amalfitano, Valbuena, Nkoulou, Mandanda, Rémy. Quand on a perdu Niang, ça faisait un scandale. On m’a expliqué que Loïc Rémy n’était pas un joueur de classe internationale, qu’il n’avait pas d’expérience. La première année, il a mis 16 buts. Excusez-moi, je me suis peut-être trompé, mais c’est pas mal ! Mon tort, c’est que je laisse beaucoup parler, que je ne réponds pas parce que je n’ai pas envie. Mais ça m’emm… d’entendre des reproches qui ne sont pas justifiés. Je trouve très injuste d’entendre par moments que je suis à la solde des supporters, que c’est moi qui manipule. C’est fatigant. Il y a un lobbying qui est fait dans les coulisses qui est malsain. C’est triste d’entendre des choses injustes qui sont colportées par des gens médisants. Ça fait du mal. Et pas seulement à moi, parce que j’encaisse, mais au club.