
Ligue 1 : l’autre mercato tourne au ralenti

Gaël Danic - -
Le premier arbre, planté en plein Paris, observe la rencontre d’Edinson Cavani avec Zlatan Ibrahimovic. Le deuxième, juché sur la Côte d’Azur, regarde Radamel Falcao se fondre dans l’opulence de Monaco. Derrière ces deux platanes aux branches scintillantes, la forêt de Ligue 1 tente de survivre. Loin des panoramas dorés. A l’heure où le PSG et l’ASM battent des records sur le front des transferts, le reste de l’Hexagone se serre la ceinture. Hormis l’OM, qui s’est offert Dimitri Payet, Giannelli Imbula et Benjamin Mendy, les clubs français sont particulièrement raisonnables ces dernières semaines. « Il y a beaucoup moins de demandes cet été, remarque l’agent Fédéric Guerra, en charge des intérêts de Clément Grenier, Maxime Gonalons ou Florent Balmont. Les clubs se contentent de faire des retouches. Ils n’ont pas la volonté de changer leur équipe. C’est du raccommodage. La bulle dans laquelle nous sommes n’est plus la même. La crise est passée par là. Les pertes annoncées par les clubs français sont de l’ordre de 40% par rapport à il y a cinq ou six ans. »
Des pertes qui obligent les actionnaires à réduire la voilure. Et creusent un peu plus le fossé entre les riches et les autres. « Le mercato est très significatif de la situation économique des clubs, assure l’économiste Pascal Perri. On voit qu’il y a deux championnats. D’un côté, il y a le PSG et Monaco, qui ont à eux deux dépensé déjà plus de 250 millions d’euros. Et de l’autre, des clubs historiques, comme Lille ou Lyon, qui anticipent les difficultés des années à venir. Ces derniers sont dans une stratégie défensive. Ils cherchent à se constituer une épargne de précaution dans la perspective du fair-play financier et de la taxe à 75% sur les très hauts revenus. Parce qu’ils n’ont pas les moyens de faire face à des dépenses supplémentaires. » Résultat, à un mois de la fin du mercato (le 2 septembre), le tableau des transferts est particulièrement léger.
Chalmé : « Le football français n’a plus d’argent »
Lyon, qui attend de dégraisser, n’a recruté que Gaël Danic et Miguel Lopes (en prêt). Lille se contente pour l’instant de Simon Kjaer. Saint-Etienne est légèrement plus actif avec Franck Tabanou, Paul Baysse, Benjamin Corgnet et Ibrahima Sissoko. Pas de quoi révolutionner le paysage de la L1. « La rigidité de la gestion a un réel impact sur le recrutement, résume Guerra. Les clubs cherchent à être efficaces lors du mercato. Il y a aussi l’arrivée des jeunes des centres de formation qui pèsent beaucoup plus. Dans le temps, on bâtissait d’avantage avec des joueurs qu’on achetait. Aujourd’hui, les clubs ont compris que leurs jeunes pouvaient être performants et surtout qu’ils pouvaient rapporter gros en cas de transfert. »
En attendant une éventuelle éclaircie, la cure d’austérité semble partie pour durer. Les joueurs en ont parfaitement conscience. « Il faut être réaliste, le football français n’a plus d’argent, lâche Matthieu Chalmé, le défenseur de Bordeaux. Je vois des joueurs sur le carreau alors qu’il y a cinq ans, ils auraient eu un contrat. Même un joueur de complément, pas gourmand en salaire, a du mal à trouver un club. Tous les clubs font attention et essaient d’équilibrer les comptes. Ils attendent de vendre pour réinvestir un petit peu. Le football est en train de chuter financièrement. On le voit actuellement avec ce mercato qui bouge peu ou pratiquement pas. » Sauf au pied de la Tour Eiffel ou sur les hauteurs du Rocher…
A lire aussi :
>> Mercato : les rumeurs étrangères du 31 juillet
>> Khazri : « J'ai des envies d'ailleurs »