OM: Cuisance, un Espoir en quête de relance

La France du football s'apprête enfin à faire la connaissance de Michaël Cuisance. Présenté comme l'un des milieux de terrain les plus prometteurs du pays depuis des années, présent dans toutes les sélections de jeunes depuis les U16, l'intéressé avait quitté Nancy - son club formateur - pour le Borussia Mönchengladbach en 2017, à 17 printemps et avant même d'avoir joué son premier match pro. Trois ans plus tard, c'est en provenance du Bayern que le natif de Strasbourg va débarquer à l'OM, où il va découvrir la Ligue 1. Avec quel niveau? C'est toute la question...
Une expérience mitigée à Gladbach
Pour Cuisance, l'aventure allemande avait débuté sur une très bonne note. Sans être un titulaire indiscutable à Gladbach, le Français avait bénéficié d'un bon temps de jeu en 2017-2018 (24 matchs en Bundesliga, 1.200 minutes environ), suffisant en tout cas pour séduire son coach Dieter Hecking, les observateurs, et les supporters du Borussia, qui l'avaient désigné joueur de la saison. Et puis le rêve a pris fin. Assez soudainement.
"A l'été 2018, il a participé à l'Euro U19 avec la France, rappelle Polo Breitner, spécialiste Bundesliga pour RMC Sport. Ce qui lui a fait manquer la préparation avec le reste de l'effectif de Gladbach. Et des mecs ont alors pris sa place, notamment Florian Neuhaus, qui revenait d’un prêt à Düsseldorf, et qui est aujourd’hui une tête d’affiche de l’équipe. C’est là que ça a commencé à déconner..."
Cuisance s'est plaint de son manque de temps de jeu, et n'a pas forcément eu l'occasion de regagner sa place dans le onze de départ. Ou du moins, il n'a pas su la saisir. Résultat: le Français a vécu une saison noire en 2018-2019, jouant moins de 300 minutes en Bundesliga, et forçant son départ au Bayern (pour 12 millions d'euros) l'été suivant, dans une ambiance délétère.
Impatience et concurrence
Critiqué par les dirigeants de Gladbach, il avait même été taclé par d'ex-coéquipiers au moment de sa signature en Bavière. "On peut dire une chose positive sur Michaël Cuisance: il est extrêmement ambitieux et veut absolument être un titulaire, assumer des responsabilités et aider l'équipe, lâchait alors le milieu Christoph Kramer. Ce sont de bonnes qualités pour un joueur. Cependant, il y a la façon dont on s'y prend pour parvenir à ses fins... Vous ne devriez pas vous entraîner avec des chaussures non attachées pour montrer votre insatisfaction. C’est tout simplement inapproprié."
Hermétique à ces reproches, le Français voulait profiter de son transfert au Bayern pour franchir un cap, et montrer son réel potentiel. Y est-il parvenu? Difficile de répondre. Oui, Cuisance a été intéressant quand il a joué. Le problème étant qu'il n'a pas joué beaucoup. Barré par une terrible concurrence en milieu (Thiago Alcantara, Leon Goretzka, Corentin Tolisso...), l'international U20 a dû se contenter la saison passée de neuf apparitions en Bundesliga, surtout après le déconfinement, pour un but et une passe décisive. Et il a soulevé la Ligue des champions fin août sans avoir joué une seule minute durant la compétition.
"Il est doué, c’est certain, je l’ai vu faire certains matchs au Bayern en s’intégrant parfaitement dans l’équipe, observe Polo Breitner. Tu te dis que dans quelques années ça peut faire quelque chose, ça peut être le remplaçant de Goretzka, mais pas tout de suite. Et le problème est là: Cuisance est un joueur qui veut un peu brûler les étapes. C'est un Espoir, mais il ne se comporte pas comme tel."
Un nouveau partenaire de choix pour Thauvin?
Ce qui n'enlève rien, soyons clairs, aux qualités footballistiques du garçon. "Pour moi c’est un 8, voire un 10, poursuit Polo Breitner. Il a du ballon, une technique au-dessus de la moyenne, et paradoxalement une certaine maturité dans le jeu par rapport à d’autres. Après au Bayern, il devait s’intégrer à une équipe lumineuse. Là, la situation est différente, dans cet environnement marseillais particulier, c’est lui qui va devoir être le boss. Mais il est certain qu'il va apporter une touche technique, je pense que l’association avec Thauvin, par exemple, peut être intéressante."
Si André Villas-Boas poursuit avec son 4-3-3, on imagine Cuisance prendre l'un des deux postes de relayeurs, attribués aujourd'hui à Morgan Sanson d'un côté, et Valentin Rongier de l'autre. Où il pourrait être précieux dans les remontées de balle, et où il pourrait aussi mettre à profit sa belle frappe du gauche.
"Ça peut être une belle pioche, résume Breitner. Mais il faut qu’il progresse, qu’il prenne ses responsabilités, qu’il soit sérieux. Aujourd’hui, si le Bayern accepte de le laisser partir en faisant seulement une petite plus-value, c'est qu'il ne voit pas l'avenir avec lui. Je crois qu'il est très talentueux, mais il faut déconstruire l'idée que c’est le futur prodige du foot français." Et lui donner un peu de temps pour s'exprimer.