Vote secret, pressions, diplomatie... Comment l’UEFA et la Fifa gèrent l'épineux cas d'Israël

L'équipe nationale d'Israël - Iconsport
Au programme des hauts dirigeants du football mondial cette semaine? Un conseil de la Fifa programmé ce jeudi à Zurich. Pour le moment, sur les agendas des membres du comité exécutif de l’UEFA, aucune réunion n’est programmée à l’instant T avec l’instance européenne. Encore moins un vote sur l’avenir d’Israël dans le monde du football. En coulisses, les articles de presse parus ces derniers jours ont toutefois amplifié un mouvement naissant.
"On a tout vu, tout lu, même des papiers sur comment les membres du comité exécutif vont voter. Mais pour l’instant, il n’y a rien", admet un membre de l’UEFA. Si un moment d’échange est organisé, les membres du comité exécutif devraient être prévenus au dernier moment. Pourquoi? L’instance européenne veut être certaine du résultat avant même un potentiel vote, expliquent plusieurs bons connaisseurs de l’instance européenne. Si ce "moment" est convoqué, cela signifiera que l’UEFA sera prête à prendre une décision politique majeure.
Un statu quo jusqu'au 3 décembre?
Selon nos informations, plusieurs fédérations européennes de football poussent l’UEFA à agir rapidement au sujet d’Israël et son avenir au sein du football européen. C’est notamment le cas des fédérations espagnole, turque ou encore norvégienne. Certaines sources mettent aussi en avant un intérêt de la fédération anglaise à faire changer la situation, avec une potentielle sanction d’Israël. "Il y a un mouvement clair", exprime une source au sein de l’instance européenne. La prochaine réunion du comité exécutif de l’UEFA est prévue le 3 décembre. Personne n'ose encore s'aventurer sur le détail des votes.
Pour le moment, le président de l’UEFA Aleksandr Ceferin est muet sur ce sujet ultra-sensible. En août, il s'était montré plutôt prudent. "Je pense que tous les athlètes devraient avoir la possibilité de concourir et que les autres situations devraient être traitées différemment", expliquait-il alors. Le comité exécutif de l’instance européenne – qui regroupe 20 membres dont 16 élus et deux représentants de l’ECA et des Ligues européennes – ne fonctionne que très peu avec ce mode de fonctionnement via un vote, il préfère un fonctionnement avec un "vote informel" ou un échange qui nécessite une majorité simple pour faire adopter une mesure immédiatement. Dans ce cas présent, si 11 membres de l’UEFA se disent favorables à une exclusion d’Israël, alors le pays sera mis à l’écart du football européen.
Le tout pour le tout d'Israël
Depuis plusieurs jours, Israël utilise tous les moyens possibles pour retarder ce moment. "Lorsqu’on parle de l’influence d’un pays dans les institutions du football, c’est à ce moment-là de l’histoire que l’on peut juger si l’influence est forte ou faible", commente un membre de l’instance européenne. Or l’UEFA, qui fonctionne avec des élus dans son comité exécutif, compte depuis cette année un nouveau membre israélien: Moshe Zuares. Ce dernier n’est autre que le président de la Fédération israélienne de football. Un nouveau membre très actif depuis quelques jours auprès des responsables de l’UEFA et de la Fifa pour permettre à son pays, bien aidé par certains proches du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, de continuer d’exister sur la carte du football européen.
Autre élément qui est fortement scruté par certains représentants de l’UEFA, le match d’Israël en octobre à Oslo face à la Norvège. Soit face à une fédération totalement favorable à l’exclusion du pays des compétitions européennes.
Point important, si l’UEFA décide au dernier moment de statuer sur la présence d’Israël dans ses compétitions, cette décision devra être validée par la Fifa. Sur ce point-là, la Fifa est assez claire: l’exclusion d’Israël n’est pas à l’ordre du jour. En coulisses, Gianni Infantino n’a tout simplement pas envie d’aller à l’encontre de Donald Trump, prochain organisateur de la Coupe du monde et pro-Israël.
"C’est simple, la Fifa suit la politique de Trump, il n’y aura aucun écart à ce sujet", ajoute un membre de l’UEFA.
Si Israël était exclu lors d’un potentiel vote, alors le pays (et ses équipes) seraient bannies des compétitions de l’UEFA (de la Ligue des champions à la Ligue Conférence) ainsi que des qualifications à la Coupe du monde 2026 (organisée par l’UEFA au niveau européen). Reste à savoir si la Fifa serait de cet avis. Rien n’est moins sûr et un nouvel axe de tensions Infantino/Ceferin pourrait s'ouvrir.